Ces Entretiens avec un rouge-gorge se lisent d’une seule traite car l’humour, la poésie, l’autodérision, rythment et donnent le ton à cette histoire qui nous fait songer d’emblée à Colette et à son Dialogue des bêtes. Car Jacques Stoll, dans ses occupations hebdomadaires, qui consistent à "fourrager" les composts de sa copropriété, s’est senti "choisi", "Entre tous !" par un rouge-gorge qui l’observait et qu’il prit l’habitude de rencontrer à chaque opération de compostage.
Si le rouge-gorge semble souhaiter qu’il l’accompagne dans son envol pour, sans doute poursuivre leurs entretiens, Jacques Stoll se justifie avec humour "Je ne suis pas capable de suivre son tempo"...
Et quand le rouge-gorge s’absente durant une année, puis resurgit de manière inopinée, il l’implore en vain de lui présenter sa progéniture ! Jacques Stoll et le rouge-gorge reprennent alors "leur face à face", "à l’écart du monde" et si la voix de l’auteur paraît plaire à l’oiseau, elle est bien le seul avantage qu’il en retire car se nourrir des déchets du compost ne l’intéresse pas. Donc "pas d’erreur", il s’agit bien d’une amitié "entre égaux", voire "entre egos". D’ailleurs, le choix du vocable "entretien" n’a pas été convoqué par hasard, composé de deux mots "entre" et tenir", il n’a d’autre signification que de se soutenir mutuellement et c’est bien ce que l’on pressent dans cet écrit où l’homme et l’animal conversent en toute amitié.
Mais chut, ne dévoilons pas la suite de l’histoire car que deviendrait celle-ci sans l’arrivée d’une oiselle ?
Cette magnifique ode à la nature, véritable conte philosophique à apprécier sous le sceau de l’émerveillement, nous offre une belle leçon de vie et d’intelligence, une véritable parenthèse enchantée dans un monde en perte de repères et de valeurs.

Françoise Urban-Menninger