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Le poète - Michael Connelly
lundi 30 juillet 2012 par Ange Philippe

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« Tout a une cause. Parfois, la cause est plus haïssable que la conséquence et pourtant c’est la conséquence qu’on abomine »

Décidément, j’aurais du mal à détester un livre de Michael Connelly. Rythmé, réaliste, édifiant et sensationnel, ce livre a profondément changé les codes du polar. Rarement, on a côtoyé un tel niveau de perfection dans la narration et le chassé-croisé entre l’enquêteur principal, le suspect numéro un et le personnage principal.
Abordons le premier point : la persuasion d’écriture. Le poète est la confirmation des précédents romans de Michael Connelly. Avec Les égouts de Los Angeles, La glace noire et La blonde en béton, on avait déjà eu l’impression qu’il était aussi important de connaître le temps du trajet entre Mulholand Drive et Sunset Boulevard que l’identité du tueur. Chaque détail, chaque plan, chaque séquence est étudié avec une précision tenace. Connelly épate ici d’autant plus que le lieu et le décor de l’intrigue changent radicalement au début du livre. Finie la jungle urbaine de L. A., fini les températures exotiques, faites place aux températures hivernales et polaires du Colorado. Le malin plaisir que prend Connelly a décrire le temple du FBI peut exaspérer mais reconnaissons que la précision des détails du cadre de Quantico a rarement été aussi bien élaborée. Et que dire du souci de la description superbe et « poétique » d’un immeuble du ghetto de Chicago que l’un des flics décrit comme « le seul endroit où il faut prendre l’ascenseur pour monter en enfer ».

Dans ce nouveau décor glacial, Connelly va réchauffer l’atmosphère avec un personnage principal, loin d’être irréprochable mais acharné dans son investigation. Connelly choisit ici un journaliste - un clin d’œil à son métier - qui est responsable d’une tragédie familiale et trimballe lui aussi ses propres démons durant cette enquête. Jack McEvoy n’a rien d’Harry Bosch si ce n’est l’intuition et l’acharnement à défendre ses convictions. C’est un journaliste qui ne se sent jamais à l’aise avec les flics et réciproquement. C’est une description classique, sans doute du déjà-vu. Et pourtant, Connelly va surprendre en nous décrivant un personnage manipulateur qui veut garder l’exclusivité de l’enquête et participer à l’investigation en long et en large. Un tel personnage, bien loin du sens du devoir et de la loyauté de Bosch, est à mi-chemin entre le héros traditionnel et l’antihéros moderne, une sorte de personnage réaliste qui sait joindre l’utile à l’agréable.

La question que se pose le lecteur est celle de l’enquêteur principal, le mandaté par la loi, celui qui a le pouvoir d’arrêter un suspect en lui lisant ses droits Miranda. Bob Backus remplit pleinement ce statut, il semble même endosser ce costume du sauveur avant de revêtir un costume autrement plus lumineux, celui du personnage le plus fascinant du roman sans avoir jamais été le personnage le plus détaillé. A ce sujet, Connelly rappelle à quel point la frontière entre chasseurs est mince. Le chasseur numéro un, le tueur en série est certes dans le fameux côté sombre selon l’éthique mais il est paradoxal de constater à quel point le chasseur numéro deux qui est l’enquêteur flirte avec la psychologie, la manière de penser et les habitudes du chasseur numéro un. A côtoyer les monstres, en devenir un est une norme.

Le scénario de cette histoire s’inscrit davantage dans le style « Connelly », cette façon de conserver le véritable meurtrier dans l’ombre le plus possible, laissant planer le doute que la vérité ne sera jamais sue… Et pourtant, Connelly comme à son habitude, va nous livrer les confessions intimes du tueur d’une façon un peu « hollywoodienne » mais terriblement réaliste et logique quand on suit le cheminement de l’histoire. Soumis à une pression et un stress palpable, le meurtrier va garder son calme avant de craquer à la fin en voulant commettre le meurtre qu’il ne faut pas… Une fin assez classique en somme mais un épilogue surprenant laissant le lecteur baigner dans le même état d’esprit que les autres personnages : la légende d’un meurtrier est née ; il s’appelle le Poète et c’est le chef-d’œuvre de Michael Connelly.



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Messages

  • La critique de mr ange philippe est très belle. Elle me fait ainsi revivre cette histoire de Michael Connelly avec encore plus de fascination. Je ne connaissais pas ce roman policier il y a 2 ans. Ce livre m’a profondémement épanouit, c’ est un roman qui porte son empreinte, nottament avec son suspense étincellant. Surtout, ne passez pas à coté de cette oeuvre de toute splendeur.

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