Mémoires transcrites par Olivier Lebret et publiées aux Editions du Panthéon
mercredi 23 janvier 2013 par Françoise Urban-MenningerPour imprimer
Profondément touchée par le film "Fleur du désert" de Waris Dirie, Aye Diallo se souvient de son enfance et de son adolescence passés dans la magnifique région montagneuse du Gandamia au Mali. C’est Olivier Lebret, le mari d’Aye Diallo qui nous restitue ses dires si précieux qui tiennent tout à la fois d’un travail d’ethnologue et d’une parole inédite, celle d’une femme au passé à nul autre pareil.
Née en 1970 au Nord du Mali, dans une famille de nomades peules, Aye Diallo ne fréquentera pas l’école mais aidera sa famille aux diverses tâches qui permettent de survivre dans la brousse : surveillance du troupeau de vaches et de chèvres, réparation des calebasses, récolte des tiges de mil... La vie est liée à celle du troupeau de vaches, seul bien des nomades peules qui usent de plus de cinquante mots pour désigner les caractéristiques de la peau d’une vache !
Ce petit livre se lit d’un seul tenant tant le témoignage d’Aye Diallo est prenant voire attachant. On la suit enfant, excisée à deux ans, promise à l’adolescence à différents maris, mariée enfin à un médecin noir qui lui ouvrira les portes d’un monde jusque-là inconnu...
Mais avec Aye Diallo, nous aurons connu la grande sécheresse de 1985, affronté une tempête de sable, assisté sa mère qui accouche seule dans la brousse, observé le passage du Paris-Dakar... Autant de récits vivants, authentiques à lire d’urgence pour mieux comprendre la vie au Mali, appréhender l’âme d’un peuple et d’un pays qui nous est aujourd’hui si proche...
Aye Diallo, mariée à dix-huit ans, a quitté son premier mari, elle est arrivée en France en 2000 avec Olivier Lebret qu’elle a épousé en 2002.
Aujourd’hui elle vit à Strasbourg où j’ai pu la rencontrer et mesurer l’immense chemin parcouru par cette jeune femme intelligente, belle et courageuse dont on attend déjà qu’elle donne une suite à ce premier ouvrage qui nous renvoie à l’essentiel dans notre univers où le gaspillage et la surconsommation sont de mise.
Françoise Urban-Menninger
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