lundi 4 novembre 2013 par Jean-François Ponge
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Éditions des Deux Terres, 2012, 377 pp. (traduction d’Anne Rabinovitch)
Dans « L’arbre de l’oubli », la mère d’Alexandra Fuller (« Bobo ») évoque « L’horrible livre ». Le voici, cet horrible livre, horrible sans doute aux yeux de celle qui y est décrite comme une mère alcoolique, dépressive et en même temps hyper-autoritaire, raciste, et plus encore. La poésie de « L’arbre de l’oubli », le regard apitoyé de l’auteure sur ses années d’enfance, de transbordement incessant à travers pays et climats à la recherche d’un paradis impossible, est ici absente. Mais le témoignage, brut, sans effets d’écriture, du moins en apparence, nous laisse le souffle coupé. Règlement de comptes ? Voire... Alexandra Fuller se contente de décrire par le menu ses sentiments à l’égard de ses proches, cette mère omniprésente et autour de qui tout gravite, ce père, souvent absent à tous les sens du terme, cette sœur aînée (« Vanessa », « Van »), douée pour les arts, coquette et méprisante à l’égard de sa cadette qu’elle traite de garçon manqué.
Et pourtant, quel attachement pour les siens, et pour tous ceux qui vivent dans cette famille de blancs un peu frappés ! Une vie comme tant d’autres, mais dans un contexte hors du commun : une Afrique en guerre, guerre d’indépendance de la Rhodésie blanche de Ian Smith, guerre d’indépendance du Mozambique voisin, dictature en Zambie, pour trouver enfin un peu de paix dans la misère du Malawi. Il faut déménager sans cesse et sans cesse et tenter de "se refaire" au gré des remous de cette Afrique tant aimée et tant détestée à la fois. Un récit empreint d’une profonde sincérité, écrit comme une suite de scènes tirées d’un journal intime. Un beau, très beau témoignage...
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