mardi 24 décembre 2013 par Jean-François Ponge
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Actes Sud (collection Lettres africaines), 2012, 274 pp., traduction d’Élise Argaud
Chinongwa Mahrewa est née dans un village où se sont installés les « indigènes », chassés des meilleures terres par les colons européens lors du « Grand Déplacement », qui aboutit à la création de la Rhodésie du Sud (aujourd’hui Zimbabwe). Ses parents, arrivés sur le tard, ont dû se contenter des terres les plus pauvres du village, sur lesquelles ils parviennent tout juste à vivre. Leur fille plus âgée, Muraswa, a déjà été vendue en échange de quoi survivre quelque temps. Lorsque meurt l’oncle maternel Taguta (le « Gros »), qui les a protégés sa vie durant, Chinongwa, qui n’a que neuf ans, sait que cela va bientôt être son tour. Son destin est déjà gravé, et un long chemin de croix s’ouvre dorénavant devant elle, un chemin qu’elle va devoir suivre longtemps, très longtemps, avant de se libérer du poids de traditions ancestrales. Un superbe portait de femme (inspiré de la vie de la grand-mère de l’auteure), écrit dans une langue savoureuse, à mi-chemin entre conte et journal intime. L’étrangeté du récit tient en grande partie au fait que nous sommes plongés dans une culture qui n’a pas connu le contact avec les « blancs », les seules personnes parties travailler chez les colons, de l’autre côté du fleuve, n’étant jamais revenues au village. L’auteure ne juge pas, il ne s’agit en aucun cas d’un pamphlet féministe, elle témoigne, simplement. Au lecteur d’en tirer profit, ou non...
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