dimanche 22 décembre 2013 par Jean-François Ponge
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Éditions des Syrtes, 2010, 495 pp., traduction de Marily Le Nir
Une plongée dans la Roumanie de l’après Ceausescu, ses nouveaux riches, ses nouveaux pauvres, sa pègre, ses enfants des rues en attente d’exil. Un pays en perdition, comme il en existe tant d’autres aujourd’hui. Florina Illis nous entraîne dans une épopée tragi-comique, à la suite d’une troupe de collégiens en partance vers une classe de mer, quelque part au bord de la Mer Noire. Le train spécial qui les emmène avec leurs professeurs va être pris d’assaut par les enfants eux-mêmes, habilement conseillés par Calman, un enfant des rues qui a réussi à se joindre au convoi. La promenade tourne à la farce, puis à la tragédie lorsque surviennent des morts pas toujours accidentelles. Le désarroi est tel dans l’administration ferroviaire et supra-ferroviaire que tout le trafic vers Bucarest est stoppé, puis de proche en proche le fonctionnement du pays tout entier dès lors que la panique s’empare des rouages de l’état à la faveur des allégations mensongères des médias sur une prétendue « croisade des enfants ». De nombreux personnages s’agitent autour du « train des enfants », vont les rejoindre, s’en échapper, s’en emparer au fil de ces 500 pages d’une écriture dense et raffinée.
Le parti pris de l’auteure, réincarnation tardive du « Nouveau Roman », de passer d’une phrase à l’autre sans ponctuation, d’enchaîner chaque paragraphe sur le dernier mot du précédent, peut sembler totalement artificiel. Il a cependant le mérite de plonger le lecteur dans un monde étrangement décalé, et de toujours porter l’attention vers ce qui va se passer : à chaque paragraphe achevé, à chaque page tournée, on se demande comment tout cela va finir. Polar ? Essai socio-politique ? Poème lyrique à la Cervantès ? Un peu tout cela mais à coup sûr... un chef-d’œuvre !
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