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Dora Bruder - Patrick Modiano
dimanche 26 janvier 2014 par Jean-Paul Vialard

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 Source : Nuagesetvent.

 

Dora Bruder - Résumé :

 

  Patrick Modiano, ayant retrouvé un avis de recherche dans un vieux numéro de Paris-Soir de 1941, décide d'enquêter sur la jeune Dora Bruder, née en 1926 à l'hôpital Rothschild dans le 12e arrondissement de Paris et domiciliée au 41, boulevard Ornano, qui a disparu à l'âge de 15 ans à la suite de fugues répétées puis d'arrestations par la police française. Cherchant à retracer le plus d'éléments possibles de la vie de cette jeune fille — à laquelle Modiano s'identifie de plus en plus intimement —, l'auteur analyse toutes les données retrouvées (souvent sous forme d'extraits de documents officiels de la période 1941-1942), entrecoupées de passages de sa propre existence et de celle de son père, mises en relation avec celle de Dora.

Dora Bruder et son pèrejuif d'origine autrichienne, furent à quelques mois d'intervalle arrêtés, emprisonnés à la caserne des Tourelles du boulevard Mortier, puis internés au Camp de Drancy avant d'être déportés à Auschwitz le 18 septembre 1942, date du convoi qui les emporta vers les camps de la mort.

                                                                                           Source : Wikipédia.

 

 

 

Quatrième de couverture :

 

  "J'ignorerai toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les longs mois d'hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s'est échappée à nouveau. C'est là son secret. Un pauvre et précieux secret que les bourreaux, les ordonnances, les autorités dites d'occupation, le Dépôt, les casernes, les camps, l'Histoire, le temps  - tout ce qui vous souille et vous détruit - n'auront pas pu lui voler."

 

   Commentaires :

 

  Ainsi se termine cette œuvre, sur un secret, comme un livre d'Histoire refermerait ses pages sur une période  si trouble qu'elle n'autoriserait autre chose que cette non divulgation des apories qu'elle abrite en son sein. Le secret. On n'en ressort pas indemnes, pas plus qu'on n'atteint une quelconque liberté à l'issue des romans de Modiano. Ou bien, cette liberté est conditionnelle : il nous faut comprendre l'incompréhensible. Inconcevable oxymore qui outrepasse la figure de rhétorique pour gagner celle de l'Histoire. Figure si proche de la néantisation que nous sommes pris d'un vertige. Lisant, avançant avec ces ombres à la consistance de brume, nous sommes irrémédiablement confrontés à un lieu sans espace, à un temps sans temporalité. "Inquiétante étrangeté" qui se saisit de nous et nous projette dans la meurtrière d'un irrationnel, d'une folie habitant l'homme depuis la nuit des temps. Folie ayant pour noms : guerresgénocidesdéportationsshoahétoile jauneDrancyAuschwitz. Et la liste serait encore longue de ces "barbaries à visage humain" qui s'annoncent épisodiquement à l'horizon du monde. Comme une maladie qui progresserait à bas bruit, comme l'immonde qui ne se terrerait qu'à mieux ressurgir afin de lancer contre les Vivants la morsure de ses dents muriatiques.

  Mais comment parler de ceci qui nous atterre sans tomber dans une irréversible haine ou bien s'apitoyer sur le sort de ceux qui furent les victimes des grands déchaînements ? Comment ? Et, pourtant, il faut témoigner, ne serait-ce qu'en vertu d'une dette mémorielle. Cette dette dont Modiano est atteint jusqu'en son tréfonds, dont il s'acquitte avec talent, souci de la vérité, pudeur infinie. Cette littérature est belle qui dit, dans la sobriété, l'exactitude, l'humanité, la douleur infinie des hommes, leur lutte contre ce qui ne peut être proféré qu'à demi-mots, en de subtiles touches, en esquisses. Ou bien selon la note objective de l'archive, du compte-rendu administratif, de la fiche de police, de l'ordonnance officielle. Modiano sait parfaitement jouer de ces deux registres, comme le musicien joue la fugue, le thème musical passant d'une voix à l'autre. Cette fugue qui traverse la narration et la structure, la tient en suspens, comme une polarité à laquelle faire s'arrimer le récit : conjonctions des fugues. Celle de Modiano lors de sa jeunesse. Celles, à répétition de Dora, avant la dernière, la définitive qui moissonnera sa jeune existence. Toute l'économie du livre girera infiniment autour de cette fugue, contrepoint à tout ce qui s'y joue dans l'ordre du tragique, de l'irréversible, comme la main gantée de fer d'un destin qui broie et condamne tous ceux, toutes celles qui traversent les dédales de l'Histoire en un temps et un lieu donnés. Car la fugue n'est pas seulement sertie d'événementiel, elle est aussi le fondement d'un lieu symbolique lourd de significations. Fugue de soi, de l'autre, du monde toujours piégé alors qu'on avance avec toute l'innocence adolescente vers les mâchoires qui, toujours, se referment. Et leur morsure est souvent définitive ou bien laisse dans l'âme des survivants de vives blessures. Toute leur vie de recherche obsessionnelle - d'une vérité, d'une origine, d'une cause, d'une explication -,  sera la mise en acte d'une telle dramaturgie .

  Donc deux voix. Nous essaierons d'interpréter la première, celle qui essaie de dire dans le retrait, la distance, l'effacement, une réalité fuyante en elle-même (les événements sont si loin) ; une réalité difficile à cerner en raison de sa nature trouble, équivoque, ambiguë. C'est davantage l'aspect formel de l'écriture que nous retiendrons que le contenu que cette écriture est censée dévoiler. C'est donc une esthétique que nous nous appliquerons à rendre visible en tâchant d'en faire émerger les essentielles nervures. La musicalité, d'abord, laquelle peut se thématiser selon trois modes : la fuguele silencele vide. Ces trois éléments se mêleront tout au long de la narration, créant une manière de paysage en demi-teintes, une lumière grise, rasante, si près du sol qu'elle en paraît être une émanation, une brume, une clarté floconneuse, une aube empreinte de doute, cette si belle temporalité disant le passage d'un état à un autre, d'un temps à un autre, d'un état d'âme à un autre sans que l'on puisse dire l'instant qui a précédé le basculement, celui qui l'a suivi, alors que le destin faisait avancer son historialité et que son destinataire n'en pouvait être conscient.

  C'est toujours, chez Modiano, cette écriture du basculement, si exacte, empreinte d'une poésie évocatrice des choses, juste avant qu'une trop vive clarté ne les éclaire qui fonde sa singularité. Modiano, on ne peut le confondre avec un autre écrivain. C'est là la marque du talent, du don, que de trouver un chemin de crête par lequel dire le monde à la manière d'une origine, d'un surgissement de source fraîche, pure. Assurément, ici, nous sommes conviés à découvrir les ornières de l'homme, mais dans le juste regard qui, seul, en autorise la mise au plein jour.

  Ici est une écriture de funambule, une écriture qui fait glisser ses chaussons enduits de talc sur la corde d'acier tendue au-dessus de l'abîme. A progresser, il faut une extrême retenue, il faut libérer les mots avec précision, souci de la vérité, comme l'on se saisit de la perche qui vous retient de la mortelle chute. Avancer tient de l'art de la dentellière qui entoure les vides d'un fil arachnéen, d'une résille diaphane. Sans doute n'y a-t-il que cette parution du texte à l'aune d'une fragile architecture qui soit à même d'en assurer le difficile équilibre. La progression de Modiano n'est autre que sa propre avancée, sa constellation biographique trouvant toujours un écho dans le destin de ses protagonistes dont il recherche l'origine, comme il recherche obsessionnellement, la sienne propre. Écho se réverbérant continûment sur les parois du texte. Écho de sa fugue jouant avec celles, à répétitions, de Dora. Écho de ses années de pensionnat se reflétant dans les internements des Bruder, des Sterman, des Rotsztein, des Strohlitz. Écho de son anonymat à lui, cet adolescent malaimé, ignoré, sans attaches bien déterminées, réfléchi par le statut dissimulé de son PèreJuif non déclaré aux Autorités. Écho, enfin, avec ces écrivains qui sont comme les témoins, les sémaphores éclairant "du plus loin de l'oubli", cette période trouble.

 

  Friedo Lampe : "Lui, ce qui l'intéressait, c'était de décrire le crépuscule qui tombe sur le port de Brême, la lumière blanc et lilas des lampes à arc (…) et tous ces gens qui se cherchent dans la nuit…"

  Félix Hartlaub qui observe dans "Notes et impressions" : " (…) le Ministère des Affaires étrangères abandonné, avec ses centaines de bureaux déserts et poussiéreux, au moment où les services allemands s'y installent, les lustres qui sont restés allumés et toutes les pendules qui sonnent sans arrêt dans le silence".

  Roger Gilbert-Lecomte : "… Il a traîné ses dernières années à Paris, sous l'Occupation…En juillet 1942, son amie Ruth Kronenberg s'est fait arrêter en zone libre au moment où elle revenait de la plage de Collioure."

 

  Magnifique témoignage par-dessus le temps, l'espace du lien profond que tout langage vrai - la littérature -, entretient entre les hommes. Dialogue des textes, des idées, des vécus au-dessus des peurs, des errances, de l'absurde. Comme si la littérature, à sa manière, était ce lien invisible, mais profond, cette manière d'aube grise inaperçue tissant sa toile à contre-jour du ciel afin que quelque chose pût paraître et témoigner, un jour, de ce que fut la barbarie, mais aussi son contrepoison, cet art contre lequel se déchaîna avec tant de haine et de véhémence la stupidité du fascisme. "La stupidité du fascisme", cette tautologie ne trouvant de justification qu'à l'intérieur de ses frontières étroites, bornées, nihilistes. Alors, cette furie, ou bien il faut lui crever les yeux, empaler dans son monstrueux œil de Cyclope le pieu ardent  d'Ulysse et de ses compagnons  ou bien la prendre à revers avec toute la subtilité dont une écriture est capable. C'est cette dernière voie dont Modiano se fait le défenseur. Écriture de la trace et de l'empreinte, écriture de la fuite et de la finitude, écriture de la conscience ouverte aux beautés du monde qui demeurent après que les rapaces ont plongé leurs becs délétères dans la précieuse chair de l'Existant.

 

  Esthétique de la fuguedu  silencedu  vide. Comme ces passerelles de lianes frêles disent l'impétuosité du courant qui les frôle et menace constamment de les détruire. La grâce tutoyant l'abîme. Modiano a l'art consommé de suggérer plutôt que de démontrer, la finesse de l'intuition plutôt que les habiletés de la dialectique. Écoutons-le parler dans cette prose si subtile qu'elle nous laisse en suspens avant, peut-être, de nous faire basculer dans cet oubli, cette amnésie dont il est atteint, autant que ses personnages le sont. Peut-être une manière de croire en l'homme au seuil d'une écriture toujours possible bien qu'en quête d'elle-même :

 

  "Janvier 1965. La nuit tombait vers six heures sur le carrefour du boulevard Ornano et de la rue Championnet. Je n'étais rien, je me confondais avec ce crépuscule, ces rues."

  "…les perspectives se brouillent pour moi, les hivers se mêlent l'un à l'autre."

  "…et ces impressions fugitives que j'ai gardées : une nuit de printemps où l'on entendait des éclats de voix sous les arbres du square Clignancourt, et l'hiver, de nouveau…"

  "Peut-être, sans que j'en éprouve encore une claire conscience, étais-je sur la trace de Dora Bruder et de ses parents. Ils étaient là, déjà, en filigrane."

  "J'étais pris de cette panique et de ce vertige que l'on ressent dans les mauvais rêves…"

  "Les traces de Dora Bruder et de ses parents, cet hiver de 1926, se perdent dans la banlieue nord-est, au bord du canal de l'Ourq."

  "Ce sont des personnes qui laissent peu de traces derrière elles. Presque des anonymes. (…) Et cette précision topographique contraste avec ce que l'on ignorera pour toujours de leur vie - ce blanc, ce bloc d'inconnu et de silence."

 "On se dit qu'au moins les lieux gardent une légère empreinte des personnes qui les ont habités. Empreinte : marque en creux ou en relief. Pour Ernest et Cécile Bruder, pour Dora, je dirai : en creux. J'ai ressenti une impression d'absence et de vide, chaque fois que je me suis trouvé dans un endroit où ils avaient vécu."

  " … ce quartier de la Chapelle m'apparaît aujourd'hui tout en lignes de fuite…"

  "Et, tout au fond, la masse brumeuse des immeubles."

  " … j'avais ressenti le vide que l'on éprouve devant ce qui a été détruit, rasé net."

  "14 décembre 1941 - Suite de fugue."

  "Je n'ai aucune photo de ce pensionnat disparu."

  "La station était déserte à cette heure là et les rames ne venaient qu'à de longs intervalles."

  " Puis en rang, en silence, jusqu'au dortoir."

  " … j'avais l'impression de marcher sur les traces de quelqu'un."

  "  … cinquante-cinq ans auront passé depuis la fugue de Dora."

  " … et l'on se demande s'il fait vraiment jour et si l'on ne traverse pas un état intermédiaire, une sorte d'éclipse morne, qui se prolonge jusqu'à la fin de l'après-midi."

  " … d'autres soirs la ville d'hier m'apparaît en reflets furtifs derrière celle d'aujourd'hui."

  " Et soudain, on éprouve une sensation de vertige, comme si Cosette et Jean Valjean (…) basculaient dans le vide."

  " Et la nuit, l'inconnu, l'oubli, le néant tout autour."

  " Il me semblait que je ne parviendrais jamais à retrouver la moindre trace de Dora Bruder."

  " … pour capter, inconsciemment, un vague reflet de la réalité."

  " … du 8 jusqu'au 14 décembre - le dimanche de la fugue de Dora."

  "Qu'est-ce qui nous décide à faire une fugue ? Je me souviens de la mienne le 18 janvier 1960…"

  " … vous éprouvez un sentiment de vacance et d'éternité - le sentiment illusoire que le cours du temps est suspendu …"

  "Je crois qu'elle demeurera toujours anonyme, elle et les autres ombres arrêtées cette nuit-là."

  " … nous avons suivi notre chemin, côte à côte, en silence."

  " Nous n'avons pas échangé un seul mot pendant tout le trajet…"

  " … et a-t-elle erré pendant toute la soirée, à travers le quartier jusqu'à l'heure du couvre-feu."

  "J'ignore si elle entendait tout, dans le silence des nuits de black-out…"

  "Vous n'avez pas seulement tranché les liens avec le monde, mais aussi avec le temps."

  " … comme si l'hiver de cette année-là séparait les gens les uns des autres, brouillait et effaçait leurs itinéraires, au point de jeter un doute sur leur existence."

  "Mon silence ne signifiera jamais que cela va mal."

  "Il me semblait que je devais le faire un dimanche où la ville est déserte, à marée basse."

  "Le boulevard était désert, ce dimanche-là, et perdu dans un silence si profond que j'entendais le bruissement des platanes."

  "Je me suis dit que plus personne ne se souvenait de rien. Derrière le mur s'étendait un no man's land, une zone de vide et d'oubli."

  "Et pourtant, sous cette couche épaisse d'amnésie, on sentait bien quelque chose, de temps en temps, un écho lointain, étouffé …"

  "… je me souviens d'avoir éprouvé cette même sensation de vide…"

  "Depuis, le Paris où j'ai tenté de retrouver sa trace est demeuré aussi désert et silencieux que ce jour-là. Je marche à travers les rues vides."

 

  Et, si le vide, l'absence des choses, leur immense vacuité planent sur le récit comme l'aile immense d'un prédateur, c'est également dans le choix des tonalités, dans un chromatisme étroit limité au Blanc (le vide); au Noir (l'Absurde), au Gris (la médiation entre ces deux équivalents "in-signifiants", afin que surgisse la trame d'une possible signifiance, fût-elle voilée, brumeuse), c'est donc dans les couleurs qu'il s'agit de trouver une symbolique existentielle, une empreinte à poser sur le flux et le reflux du monde :

 

  "Un champ de neige au bord duquel attendent une roulotte et un cheval noir. "

  "… tout était noir dans ce pensionnat : les murs, les classes, l'infirmerie - sauf les coiffes blanches des sœurs."

  " Il suffisait de rester entre ces murs noirs du pensionnat et de se confondre avec eux…"

  "Et là j'ai pénétré dans une salle déserte dont les fenêtres en surplomb laissaient passer un jour grisâtre."

 " … de demeurer oublié, à l'ombre de ces murs noirs, eux-mêmes noyés dans le couvre-feu."

 " La nuit tombe tôt et cela vaut mieux : elle efface la grisaille et la monotonie de ces jours de pluie …"

  " Ce dernier mois de l'année fut la période la plus noire, la plus étouffante que Paris ait connue …"

  " … un jour de froid et de grisaille qui vous rend encore plus vive la solitude …"

  "… puis en passant au-dessus des voies ferrées, comme si j'avais pénétré dans la zone la plus obscure de Paris."

  "Un voile semblait recouvrir toutes les images, accentuait les contrastes et parfois les effaçait, dans une blancheur boréale."

  "Jusqu'à ce jour, je n'ai trouvé aucun indice, aucun témoin qui aurait pu m'éclairer sur ses quatre mois d'absence qui restent pour nous un blanc dans sa vie."

  "Les façades étaient rectilignes, les fenêtres carrées, le béton de la couleur de l'amnésie."

  "… les infinies nuances de gris qui n'existent qu'à Paris."

  "On a (…) bouleversé le paysage de cette banlieue nord-est pour la rendre, comme l'ancien îlot 16, aussi neutre et grise que possible."

  Modiano commentant une photographie sur laquelle figure Bruda et ses parents, le jour de leur mariage :

  "Elle est enveloppée dans un grand voile blanc…"

  "… et porte un nœud papillon blanc."

  "… elle porte une robe et des socquettes blanches."

  "… dont on dirait que ce sont des fleurs blanches."

  "Elle a posé sa main gauche sur le rebord d'un grand cube blanc ornementé de barres noires (…) et ce cube blanc doit être là pour le décor.

  "Elles portent toutes les deux une robe noire et un col blanc."

  "… d'abord Dora et sa mère, toutes deux en chemisier blanc…"

 

    C'est sans doute sur ce sentiment d'un paysage à la Turner, enveloppé de ses brumes équivoques qu'il convient d'aborder l'œuvre de Patrick Modiano, ce voyageur immobile toujours à contre-courant de l'Histoire afin qu'une histoire puisse advenir !

 





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