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Une sculpture monumentale à Villa Janna.
vendredi 10 octobre 2014 par Abdelali Najah

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Villa Janna est un lieu d’exception entièrement construit en terre crue, dans le respect de l’environnement et des traditions marocaines. A 20 minutes de la médina de Marrakech, un décor de rêves avec tous les équipements nécessaires à l’organisation des stages, des formations, des séminaires, des réceptions, des mariages et des expositions. L’originalité de ce lieu paradisiaque, alliant le confort de la modernité à l’harmonie des espaces naturels, enchantera tous les amoureux de l’architecture en terre crue. Une sculpture monumentale en terre crue est actuellement en projet sur le site. La conception du projet final est prévue en octobre 2014.
Afin de découvrir ce lieu exceptionnel, l’artiste Pascal François a eu l’amabilité de nous accorder une interview exclusive sur son projet artistique.

Une sculpture monumentale à Villa Janna : la conception du projet final est prévue en octobre 2014.

Pouvez-vous nous parler de la genèse de votre projet de sculpture monumentale à Villa Janna dans la palmeraie de Marrakech ?

P.F : J’ai découvert Villa Janna par un concours de circonstances. Tout d’abord une rencontre avec l’écrivain Patrick Lowie, durant la dernière biennale d’art contemporain de Marrakech. J’étais alors à la recherche d’un lieu pour envisager une résidence de travail pictural, conjointement avec une auteur(e), Aurélia Maillard Despont, pour un projet d’exposition prévu en Suisse en 2015. Patrick venait juste de créer les Maisons Internationales de la Poésie et du Livre (MIPL). C’est lui qui ensuite m’a fait découvrir la Villa Janna, située dans la palmeraie de Marrakech,dont il assure à présent la programmation culturelle pour l’amphithéâtre nommé « Amphiterre ».
J’ai été marqué par cet endroit, entièrement construit en terre crue, dont l’architecture est une réussite à plus d’un titre. C’est donc naturellement qu’a germé l’idée de proposer à Denis Coquard, son créateur, d’y édifier une sculpture monumentale réalisée dans le même matériau. Cette possibilité m’ouvrait de nouvelles perspectives en termes d’expression de la forme. Après quelques rencontres et discussions, nous avons décidé de nous lancer dans cette aventure.

Voulez-vous nous décrire votre projet ?

P.F : Villa Janna, qui signifie Paradis en langue arabe, est un endroit magnifique, arboré, où la présence de l’eau dans cet espace de 2,5 hectares se ressent comme un défi à la sécheresse de son environnement. Mes travaux récents m’avaient amenés en 2014 à séjourner plusieurs fois à Safi, lieu où l’océan Atlantique est pour moi une source d’inspiration. La sculpture « aCross Mohammed », emblématique de ma dernière exposition, à l’abbaye Saint-André (France), est un assemblage structuré à partir d’une vertèbre de baleine. Naturellement et dans la continuité de cette histoire, j’ai envisagé de réaliser cette sculpture monumentale en percevant une animalité surgie des eaux. Catherine Van Der Meulen, directrice à Villa Janna, souhaitait quant à elle que nous puissions orienter ce travail vers le monde de l’enfance. L’histoire s’orientait alors comme un conte pour enfant. En résumé, l’histoire est celle d’une baleine croisant au large de la baie de Safi et qui, après avoir englouti un navire dont elle tire ses ailes à partir des voiles, s’envole au-dessus des flots et part en quête d’un paradis qu’elle sait, sans l’avoir jamais vu, se trouver à Marrakech. Elle se pose enfin dans un jardin d’oliviers à Villa Janna et pond des œufs, des incubateurs de poètes. En dehors de sa portée symbolique et poétique, ce projet est ambitieux par sa réalisation technique et par ses dimensions (6 mètres sur 8). Le binôme architecte – sculpteur est la base essentielle pour la réalisation d’un projet de ce type.

Pour ce faire, vous avez travaillé avec Ahmed Laghrissi, céramiste et maître-potier à Safi, des premières maquettes dans son atelier durant une résidence de travail…

P.F : En effet, je nourrissais le désir de réaliser des sculptures en terre cuite depuis quelques mois, les envisageant comme une suite logique à mes sculptures en pierre. J’étais allé pour cela à Safi où j’ai fait la connaissance d’Ahmed Laghrissi. Plus qu’un céramiste, c’est un véritable artiste dont la sensibilité, l’accueil et l’atelier m’ont définitivement séduit. Dans le cadre du projet Villa Janna, il est nécessaire de réaliser des maquettes afin d’envisager et de visualiser une monumentalité. C’était pour moi l’occasion de commencer à prendre mes repères dans l’atelier d’Ahmed, sur la colline des potiers. Un point de départ pour une collaboration technique et artistique. La maquette définitive de cette « baleine de paradis » sera réalisée au 1/10e dans cet atelier et ensuite exposée en octobre à Villa Janna.

Vous concevez votre projet comme une jonction d’une série de recherches plastiques et littéraires à savoir croquis, dessins, terres cuites, photographies, iconographies et textes. Voulez-vous nous en dire davantage ?

P.F : Comme je vous le disais, l’idée de la baleine était déjà amorcée dans ma dernière exposition « Chroniques d’une bataille aux frontières » (Juin-Juillet 2014) au travers du visuel de l’affiche et dans le texte accompagnant la sculpture « aCross Mohammed ». Le lien avec Safi, son port de pêche, son chantier naval, son histoire et son état actuel. Il y eut aussi la récente lecture d’une nouvelle de Dino Buzzati « Le K », dont le « Désert des tartares » avait influencé l’orientation de mes « Chroniques ». Tout ceci s’est entremêlé de terre cuite, de dessins et de textes pour découvrir enfin une forme épurée qui sera, je l’espère, en adéquation avec le lieu d’édification de la sculpture. De nombreuses prises de vue de l’emplacement retenu, entre amphithéâtre, douar et piscine ont permis d’envisager les meilleurs proportions ainsi que l’orientation géographique de la forme. Ce laboratoire d’idées, l’avant-projet, sera exposé prochainement à Villa Janna en attendant la conception du projet final, prévu en octobre 2014.

Pourquoi avez-vous choisi la terre crue pour votre projet sculptural ?

P.F : Pour plusieurs raisons. La plus évidente est que j’ai tout de suite pressenti qu’il fallait une symbiose avec le bâti orchestré par Denis Coquard, donc de la terre crue. Et puis, j’avais envie de sortir du matériau pierre, que je travaille depuis vingt ans sous différentes formes. Me confronter à une autre matière naturelle. La terre a une portée symbolique forte, elle véhicule à la fois un sentiment de fécondité et d’impermanence. L’idée que la sculpture sorte de terre, concrètement, puisque la matière nécessaire proviens du site, me séduis vraiment.

Pourquoi une monumentalité en terre crue ?

P.F : Tout simplement parce que c’est un défi et un désir en même temps. Cette sculpture sera la première du genre. Une sculpture monumentale en terre crue mais aussi un espace habitable conçu comme un rêve d’enfant. C’est également une manière d’orienter le regard du public sur le travail de réhabilitation mené par Denis Coquard de cette pratique ancestrale, fondamentale et plus que jamais d’actualité, qu’est la construction en terre crue.

Vous pouvez suivre ce projet au travers d’un blog dédié , ou par le site de l’artiste,

Toutes les informations sur Villa Janna sur le site villajanna.com et sur les activités des Maisons Internationales de la Poésie et du Livre sur mipl.net

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