vendredi 20 mars 2015 par Jean-Paul Gavard-Perret
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coll. essais, Editions Traversées, 15 euros, 2015.
Le « je » de l’écrivain est comme l’ombre portée de ce qu’il a lu et qu’il lit, des auteurs qui le poursuivent tandis qu’il s’étire à la surface du langage sous un éclairage de soleil rasant d’auteurs qui sont pour lui « la source solaire proprement dite » mais qui n’apparaît jamais. Bref les auteurs font l’écrivain. Leurs voix les confrontent à leur propre histoire, racines, systèmes, responsabilités jusque « dans les aliénations que nous infligeons à l’autre tellement différent qu’on ne cherche qu’à le détruire, l’assimiler, le forcer à adopter nos convictions, nos principes ». Telle est la magie des écritures qui percutent un auteur et se répercutent « masquées » dans son écriture. Elles restent des présences ambiguës qui permettent de déduire du passé le présent et de suppléer les silences. Une théorie de l’écriture germe insidieusement mais sans laïus - comme l’amour dans le noir. Paul Mathieu en déplie les draps qui ont fait son « lit » plus que ses ratures et qui lui ont apporté une certaine sagesse, une certaine folie. De telles traces s’effacent, reviennent et se chevauchent dans le désir de vaincre un énoncé par un autre. L’auteur glisse son « je » par un autre en « effet de carpe » : la créateur en ouvrant la bouche prend soin de ne laisser rien entendre. Mais ce rien monte à la surface et les bulles crèvent. L’auteur s’en oxygène mais il rappelle qu’il existe en lui d’autres qui tirent les rideaux, les ficelles.
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