Paru aux Editions Orizons dans la collection Littératures dirigée par Daniel Cohen
lundi 23 mars 2015 par Françoise Urban-MenningerPour imprimer
Dans cet ouvrage qui se lit comme un récit, Gérard Laplace nous invite à suivre les pérégrinations d’un géographe, François qui, en compagnie de Roland, son ami linguiste et botaniste, ou de Fred, un ami artiste, nous font arpenter le monde hors des sentiers battus "A la façon des Insulaires" toujours en quête d’îles inconnues, parfois même imaginaires.
Quand François chemine sur la voie romaine avec Roland, le linguiste passionné de botanique, on remonte avec eux le cours de l’histoire par la découverte de plantes anciennes et oubliées dont les noms latins renvoient à l’archéologie verbale qu’ils explorent tout en marchant.
L’association de la voie romaine et de la linguistique diachronique parsème ces pérégrinations de véritables trouvailles littéraires qui font tout le charme et l’intérêt de cet ouvrage à nul autre pareil.
Car nul doute que la quête initiée par François, Roland ou Fred est celle de l’écriture ! Et lorsque Roland déclare que "Dans le folklore breton, les voies romaines conduisaient au paradis...", on imagine bien que le paradis est le chemin, celui des mots qui nous font et nous défont.
Dès lors, nous déambulons avec bonheur et goûtons avec plaisir aux nombreuses digressions qui font toute la richesse de ce roman.
Ainsi le mot "Malicroix" devient-il le prétexte à évoquer l’Ancien et le Nouveau Testament, quant aux plantes telles la luzule, la cirse ou le gaillet dont on apprend qu’il est la fraise du lait, elles déclinent à l’infini leurs intitulés empreints de poésie.
Nous nous promenons avec Gérard Laplace sur une voie royale où le savoir et la saveur renouent avec leur vraie racine ! L’aventure est dans les mots qui nous mènent au coeur de notre entité. Et quand François s’installe dans la maison d’un ingénieur située dans l’Attrait (au nom combien évocateur !), c’est cette entité qui lui fait songer à "La topologie de l’être façon Heidegger ou Merleau Ponty : Etre, c’est être situé".
Le véritable sujet du roman de Gérard Laplace est dans la matière même dont il use pour avancer sur son chemin d’écriture qui se confond, bien évidemment, avec celui de la vie. Le livre de Claude Duneton cité par François Au plaisir des mots pourrait figurer en sous-titre de ce roman singulier qui nous fait entrer de plain-pied sur un terrain d’aventures où les géocaches nous livrent sous les mots des trésors insoupçonnés.
Françoise Urban-Menninger
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