jeudi 7 mai 2015 par Abdelali Najah
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REGARDS CROISES : Exposition d’art contemporain à El Jadida
Abdelali Najah
Sous l’égide de la Direction Régionale du Ministère de la Culture de Doukkala-Abda, une exposition artistique est organisée à la galerie Chaïbia Talal de la Cité portugaise à El Jadida du 2 au 31 mai 2015. Le vernissage de l’exposition a eu lieu le samedi 02 mai courant.
Cette exposition artistique intitulée « Regards croisés », réunit cinq artistes marocains majeurs en l’occurrence Ahmed EL AMINE, Abdelkarim El AZHAR, Salah BENJAKAN, Najeb ZOUBIR et Abderrahman RAHOULE. C’est une pléiade de plasticiens, réunie autour d’un thème assez large : l’expression artistique plastique dans sa diversité. Ils sont issus d’horizons géographiques différents à savoir Marrakech, Azemmour, Salé et Casablanca; mais aussi de générations, de sensibilités, de styles et de médiums multiples.
Salah Benjkan
La peinture onirique de Salah Benjkan est une invitation solennelle à explorer les ténèbres d’une culture populaire à savoir les nocturnes mythiques de la place Jemâa el Fna au cœur de l’impériale Médina de Marrakech.
Une femme tatouée sur le front rapprochant ainsi les sourcils en les allongeant, et donnant au regard une profondeur du visage. Un autre tatouage sombre se prolonge du menton au cou dissimulant les rides d’une mémoire rangée avec soin dans l’oubliette, et se continue jusqu’au nombril suggérant des voluptés cachées et refoulées. Des Gnaoua qui préparent une lila et des haddarates une hadhra, des rites nocturnes animés par les prêtresses d’Aïcha afin de pourchasser la malédiction .De l’autre côté, les chorfa célèbrent au grand jour la fantasia et la Dbiha. Dans cet océan de créations picturales, on peine à se repérer. On se laisse perdre, guidé par nos sens en éveil, par un parfum d’ambre carbonisé, par le reflet du cuivre martelé ou de la laine tissée, par le cliquetis des outils, une senteur de cuir tanné, ou encore la densité de la foule.
Abdelkarim El AZHAR
Des collographies qui demeurent esquissées et des couleurs qui vibrent aux tons des deux amoureux légendaires que furent Moulay Bouchaïb et Lalla Aïcha El Bahria. Cette dernière venue d’Irak chercher son coup de cœur à Azemmour, elle apprit, à sa grande surprise, qu’il était mort. Les larmes qui n’avaient pu tarir les yeux de Lalla Aïcha El Bahria, avaient réussi à remplir le fleuve d’Oum Rabii.
La légende veut qu’un déluge se déclencha subitement, et cette femme amoureuse fut emportée par ses propres larmes. Morte, elle fut enterrée au delta d’Oum Rabii. Le marabout, qui fut construit en hommage à cette personnalité mythique, est aujourd’hui un lieu de pèlerinage pour les jeunes filles, désireuses de mariage, venant, des quatre coins du Royaume, invoquer la « baraka » de cette « femme sainte ».
Abderrahman RAHOULE
Une médina sinistrée et dévastée où les maisons sont renfermées, repliées et abandonnées après une bataille dure et acharnée. Les murailles ocre empêchaient son écoulement dans le seuil d'un vaste océan. La peinture rigoureuse et labyrinthique d'André nous enseigne que la lumière est derrière nous et pour la saisir, notre regard doit s'accoutumer à un monde clos, ascendant et symétrique. Comme dans un rêve angélique, la médina s'ouvre peu à peu à l'œil ensommeillé. Des maisons qui valsent et des fenêtres qui dialoguent. Les murs rayonnent de couleurs qui rajeunissent. Des vaguelettes frôlent les giroflées des murailles. Un joyeux « en-vie » s'envole et un gai silence fraye les sentiers battus et sans issus. Nietzsche disait dans « La naissance de la tragédie » que l'art doit surtout et avant tout embellir la vie, nous rendre donc supportables et, si possible, agréables aux autres : cette tâche sous les yeux, il nous modère et nous tient en bride, crée des formes de civilité, lie des êtres sans éducation à des lois de convenance, de propreté, de courtoisie, leur apprend à parler et se taire au bon moment.
Ahmed EL AMINE
« Entre figuratif primaire et transfiguration du réel, les toiles d’Ahmed El Amine sont lumineuses, mêlant couleurs froides et vives. Son approche de la peinture gravite d’une manière insensible autour du graphisme qui l’a initié à la rigueur et à la force du trait, une constance dans son œuvre qui n’en constitue pas pour autant l’élément principal. Ce trait a même tendance à se diluer, laissant toute la place à des formes géométriques et à des grands aplats de couleurs qui s’articulent pour suggérer des personnages, des situations. Les traits des visages de même que la morphologie des corps sont asexués pour en souligner l’universalité, autant de figures éternelles où la sensibilité de l’imagination du spectateur s’expriment avec liberté car Ahmed El Amine revendique le rôle actif de ce dernier dans son œuvre. »
Najeb ZOUBIR
« Dans la peinture de Zoubir il y a un avant et un après. Avant que le peintre ne transporte ses toiles et pinceaux dans l’atelier, il peignait des tableaux légers, aériens, caractérisés par une forte nostalgie de l’enfance de l’art. Après l’emménagement dans l’atelier, il a océanisé sa palette, faisant un bleu autour duquel tourbillonne et s’exacerbe sa peinture.
Zoubir a gardé de son ancienne façon de peindre des taches vives, de l’orange, du jaune, comme pour se remémorer la féerie qui caractérisait ses vieux tableaux ou dynamiser par des notes gaies les foyers océaniques. »
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