Recueil de textes courts paru chez Arfuyen
samedi 26 septembre 2015 par Françoise Urban-MenningerPour imprimer
D’emblée, Jean-Claude Walter donne le ton à son recueil en l’ouvrant sur une citation de Virginia Woolf :"Peut-être que dans un texte court, la seule chose de valeur qu’on puisse offrir, c’est soi-même". Et c’est au plus nu de l’âme que l’auteur nous entraîne, dans une "quête de mots" où armé d’un "stylet", nous allons avec lui affronter "le Néant" et cela "jusqu’au silence".
L’offensive lancée, nous voilà emportés "en cet élan primordial" où l’écrivain et le lecteur finissent par se rencontrer pour le meilleur mais peut-être aussi pour le pire de l’écriture. Et Jean-Claude Walter de nous remémorer la phrase de Tchekhov "Le chemin de l’écrivain est de bout en bout semé d’épines, de clous et d’orties, c’est pourquoi tout homme sensé, doit par tous les moyens, se garder d’écrire".
Et pourtant l’écriture de Jean-Claude Walter, si elle est semée de doutes et d’interrogations, est également émaillée d’images belles, intemporelles qui ont le plus souvent partie liée avec les émotions premières de l’enfance. Thannen y revient avec "son sapin de Noël "et "l’envolée vers la forêt".. Dans la même veine Dauendorf recèle son pesant d’images tournées vers l’azur où Jean-Claude Walter nous conte "le vol sinueux d’une libellule", "les orvets enlacés dans l’ornière"...Autant de parenthèses sereines et ensoleillées qui sont des fragments d’éternité arrachés au temps qui passe. Car la mort n’est jamais loin...Elle guette l’auteur à chaque ligne ! Mais Jean-Claude Walter possède l’art de nous la présenter avec humour comme dans le texte où l’aïeule refuse d’aller en maison de retraite et s’écrie "Jamais de la vie ! Plutôt mourir" et l’Ange gardien de susurrer par la voix de l’auteur "Justement, c’est fait pour ça".
Les figures tutélaires de la mère, du père, de l’épouse, celles des écrivains qui traversent la vie et l’écriture de Jean-Claude Walter, n’ont de cesse de l’accompagner dans la construction de ce "mur de mots" qu’il s’efforce d’ériger dans le même temps qu’il se dérobe.
Cette quête où l’encre et le sang pactisent, l’auteur en dénonce parfois "l’errance", voire "l’inanité d’un tel effort". Et cependant, n’est-ce pas le rôle de l’écrivain que de "contrer le Néant...". Que reste-t-il de l’écriture après la mort d’un auteur ? Peut-être bien, cette relation unique avec le lecteur passé ou à venir qui partage sur la page ce sentiment intime du tragique de l’existence. C’est sans doute aussi, et paradoxalement, une revendication du désir de vivre comme nous le suggère Georges Perros cité par Jean-Claude Walter :"Ecrire, s’y tenir, c’est refuser, non pas de vivre, au contraire, c’est le vouloir de tout son coeur...".
Françoise Urban-Menninger
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