mercredi 12 octobre 2016 par Jean-François Ponge
Pour imprimer
Actes Sud (collection Babel Noir), 2007, 631 pp.
Accident ou meurtre ? Un individu, "bien connu des services de police", est retrouvé défenestré au pied d’une résidence étudiante de Saint-Jean-du-Désert, un quartier du douzième arrondissement de Marseille. Comme de bien entendu, tout le monde se tait et n’a rien vu. On est dans les mois qui ont précédé Mai 68 et, au sein de la communauté estudiantine, les flics, en uniforme ou pas, sont très mal vus en cette période pré-insurrectionnelle. L’enquête va donc être particulièrement difficile pour l’inspecteur Paco Martinez, "pied-noir" installé depuis cinq ans à Marseille après ses exploits algérois ("Alger la Noire"), et son compère Tigran Khoupiguian ("Khoupi"), digne rejeton d’une famille arménienne ayant fui (à temps) le génocide ottoman. L’ambiance est chaude, gauchistes et anarchistes de mouvances diverses s’agitent en vue de la préparation du "grand soir" tant attendu, tandis que le SAC (Service d’Action Civique, officine parallèle au service du pouvoir gaulliste) prépare en secret sa controffensive. D’autres meurtres vont suivre, compliquant encore un peu plus l’enquête, qui s’enlise dans les témoignages sibyllins, lorsqu’ils ne sont pas carrément bidons, des organisations auxquelles appartiennent les divers protagonistes. Il y a aussi des femmes (Irène, l’éternelle fiancée de Paco, Eva, une jeune trotskyste dont va tomber follement amoureux Khoupi), dont le sort va être lié malgré elles aux progrès et aux échecs de l’enquête. Dans ce polar noir, très noir, et très épais (plus de 600 pages), Maurice Attia a mis tout son talent littéraire et sa connaissance de la psychologie au service d’un beau portrait de la Marseille des années 60, aux résonances tout actuelles.
toute reproduction ne peut se faire sans l'autorisation de l'auteur de la Note ET lien avec Exigence: Littérature