jeudi 15 décembre 2016 par Jean-François Ponge
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Librairie Générale Française (collection Le Livre de Poche), 2007, 568 pp., traduction d’Isabelle Reinharez
De 1918 à 1954, la brillante saga de Louise Erdrich déroule sous nos yeux le destin de Fidelis et Delphine, deux êtres souffrant dans leur chair et dans leur âme, ballottés par l’histoire, qui vont trouver dans l’amour, au bout d’un long périple, le moyen de soigner leurs blessures. La force de ce livre, qui aurait pu n’être qu’un de ces multiples mélodrames vite lus et tout aussi vite oubliés, est de nous faire ressentir, par la magie de l’écriture, les sentiments qu’expriment, souvent maladroitement, les personnages. Par petites touches, et au fil des événements qui vont les relier entre eux, on pénètre au plus profond de leur caractère jusqu’à vivre, le temps de la lecture et bien après, leur quête d’un bonheur sans cesse repoussé. L’art de la romancière est de mêler au sein d’un même ouvrage une fine analyse psychologique, un constat social sur une face cachée de l’Amérique de la première moitié du vingtième siècle, et un extraordinaire roman d’aventures, frôlant parfois le roman policier sans jamais faire passer l’action au premier plan. Des images fortes, parfois inattendues, au caractère poétique assez bien rendu par la traduction, agrémentent et renforcent la narration, faisant de "La chorale des maîtres bouchers" une œuvre majeure de la littérature américaine contemporaine.
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