dimanche 8 janvier 2012 par Jean-François Ponge
Pour imprimer
Points, 2006, 158 pp., traduction de Dominique Dubuy et Claude Riehl
Blessé au cours de la Grande Guerre (14-18), Andreas Pum va voir sa vie basculer après avoir été amputé d’une jambe et pourvu d’une décoration. Il se croit dorénavant à l’abri du besoin et attend avec impatience sa prothèse, qui... ne viendra jamais ! La révolution est là, qui va mettre à bas un empire finissant et voir s’envoler toutes les promesses faites antérieurement. Pourvu cependant d’une licence officielle de joueur d’orgue de Barbarie, il se transporte de cour en cour avec sa jambe de bois et amasse piécettes et billets, au nez et à la barbe des concierges qu’il nargue avec toute la fierté d’un héros de la nation. Un beau jour, après une altercation avec un passager d’un tramway qui refuse de lui faire de la place, cette vie bien réglée va se dégrader : arrestation, insulte à agent de la force publique, peine de prison, perte de la licence, tout va aller de mal en pis, jusqu’à transformer notre invalide de guerre, jusque là respectueux de l’ordre et des institutions, en un révolté qui va lentement basculer vers la folie. En forme de parabole tragi-comique dans la veine d’un Franz Kafka, le roman de Joseph Roth démonte rouage après rouage toute l’absurdité des rapports humains, dès lors que les apparences l’emportent sur la réalité. D’un pessimisme revendiqué, « La rébellion » se lit pourtant d’une traite, tant on s’attache dès la première page au destin prémonitoire de cet « indigné ».
toute reproduction ne peut se faire sans l'autorisation de l'auteur de la Note ET lien avec Exigence: Littérature