Paris Fayard 2 008

Pourquoi rendre compte de ce livre ? Il est incroyablement sentencieux. Bien que ce soit un roman policier il n’y a presque pas d’action, toute l’histoire se déroulant rive gauche entre le bd st Germain et le Panthéon. On va de restaurant en restaurant. Le côté moralisateur de l’ancien président du Conseil constitutionnel est encore aggravé par sa manie d’inclure des précisions historiques après chaque pas effectué dans Paris, alors que ces références sont en général assez connues des autres parisiens et ne peuvent qu’épater ceux qui n’y sont pas nés.

Vous avez compris il y a de nombreux passages que vous pouvez sauter parce qu’ils ne sont constitués que d’un affrontement moral entre une ministre qui vient d’être nommée et un ancien professeur de Lettres qu’elle a choisi comme chef de cabinet. Entre eux il n’est question que de morale, sur ce qu’on doit faire dans tel et tel cas, notamment lorsqu’il s’agit de la relation d’un ministre avec des parlementaires ou des partis politiques. Jean Louis Debré un homme de droite, un aristocrate dans une République, conseille à son ministre de s’entourer d’hommes de gauche, voir d’extrême gauche pour rendre un peu de justice sociale à un système économique qui ne peut être que libéral.

L’auteur a une haute idée de la corruption et c’est là que son livre conserve son actualité. Pourquoi en rendre compte ? Parce que dans son intrigue, il s’agit d’un réseau russe capable de s’acheter des complicités grâce aux faiblesses de la démocratie. Or contrairement à ce que prétend M. Follorou un journaliste du journal Le Monde spécialisé dans l’espionnage la Russie pour pénétrer en France n’a besoin ni du FSB masqué sous la fonction diplomatique, ni de moyens techniques sophistiqués et cryptés issus du « web » par lequel elle diffuserait des « fakes news ».

Jean Louis Debré s’appuie sur une vieille affaire qui s’est appelée « Angola gate », qui a conduit à la condamnation du fils de l’ancien Président François Mitterrand pour complicité dans un trafic d’armes. Or le commerce se fait par l’intermédiaire d’une agence d’import-export grassement rétribuée sous forme de commissions occultes sur des marchés publics souscrits auprès d’un état africain. Vous n’avez qu’à substituer à l’Afrique, les marchés publics de l’État français et vous pouvez développer de 1980 jusqu’à nos jours, comment on peut être russe pour en profiter, tout en faisant un peu d’espionnage au passage. Ajoutons que la Russie depuis 1917 a de très nombreux nationaux établis en Europe occidentale par anticommunisme et sur lesquels Staline ne s’était pas gêné pour exercer des pressions souvent mortelles.

De nos jours on parle de Tchétchènes qui seraient 22 000 en France. Ils font partie d’une nouvelle vague d’immigration commencée dès les années 2000 à laquelle se sont ajoutés de très nombreux citoyens originaires de l’Europe de l’est qui circulent librement dans la CEE et qui ont l’habitude parce qu’ils sont serbes tchèques, bulgares ou autre d’obéir à Moscou.

Nous recommandons donc ce livre pour mieux comprendre l’extrême complexité de ce qu’on aurait pu appeler une 5° colonne au moment où la Russie en 2022 a attaqué sans aucun préavis son ancienne république ukrainienne.