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Liquide - Philippe Annocque
jeudi 22 mai 2014 par penvins

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Alors que Suzanne s’apprête à le quitter, il revient sur la rupture avec Al-ex-andrine et c’est comme si la leçon n’avait pas été retenue, pire la voilà cachée sous le tapis, avec l’approbation de celle qui ne rêve que de se conformer au petit confort familial. Avec Alexandrine, certes, le confort matériel comptait pour beaucoup, même si son besoin d’argent était inconscient :

Si l’argent sans doute a vraiment compté pour elle, si très certainement il a été une réelle motivation ; c’est à son insu, c’est à son corps défendant.
Elle en aurait sûrement pleuré de s’en rendre compte
.

mais l’argent ne suffira pas, il y aura quelque chose qui fera que lentement le lien se sera défait quelque chose qui appartient à cet état liquide, titre du roman bien entendu, mais aussi petite musique récurrente, chaque séquence se terminant par son évocation, sang, pus, océan, sueur, plâtre et confiture en voie de solidification, pluie, larmes, fleuve, salive, thé… petite musique qui sert de lien avec la séquence suivante soulignant cette sensation de fuite au sens que le plombier donne à ce terme et l’on se souvient que le thème était déjà présent dans Rien avec le siphon de l’évier.

Il y a chez cet homme une incapacité à retenir qu’illustre cette fascination pour la mécanique des fluides à l’oeuvre tout aussi bien dans le mouvement de brindilles à la surface du fleuve et dans le tourbillon créé par le vidage d’un évier.

L’impuissance était manifeste dans Rien, elle était première, ici elle devient la conséquence de cet état liquide, le personnage central abandonnant petit à petit tout appétit érotique pour se conformer au souhait de la femme-mère.

Au fond, contrairement à ce que laisse entendre l’auteur ou certains de ses lecteurs, ce qui arrive au héros, cette séparation qui cette fois est subie - mais l’est-elle tant que ça ? – est provoquée non pas tant par l’acceptation molle du rôle de mari et père que par son refus latent.

Ton père m’inquiète, tu as vu comme il a pris de la distance ? On dirait qu’il ne s’intéresse même plus à ses petites-filles.

Ce dont son père a été capable, lui le fils qui n’a su que de reprendre son entreprise et encore ne pourra-t-il éviter sa liquidation en est incapable :

Devenir un homme au sens où Papa en était un ; cela sans doute n’a pas pu se faire.

On peut, bien entendu, lire ce livre comme une satire du conformisme, cet abandon au fil du courant, on peut aussi s’interroger sur la permanence de cette incapacité à agir qui caractérisait déjà le héros de Rien, mais il y a dans le départ de Suzanne qui par ailleurs se plaint d’avoir vécu une histoire d’amour sans personne en face d’elle une chance donnée au personnage de ce roman d’explorer d’autres univers. N’est-ce pas ce que fait l’auteur avec ce style si personnel ?

Liquide sans doute, mais dans un monde qui ne l’est pas moins…



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