dimanche 12 février 2006 par Daniel Gerardin
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Cest fantastique, toute la marche est là
« un pied près de mon cur ! »
Nombreux sont les livres ou les écrits faisant lapologie de la marche, nouvel art de vivre et exercice physique indispensable pour bon nombre dentre nous.
Louvrage américain de Rebecca Solnit « Marcher fait penser » (Ed. Actes Sud 2002) a ravivé mon intérêt pour ce sport par le lien que lauteur fait entre la pensée et la marche :
« La marche provient de lAfrique, de lévolution, dune nécessité et dune quête. Mettre un pied devant lautre est dabord une histoire de rythme qui favorise le mouvement de la pensée. Depuis lAntiquité jusquà nos jours, la promenade marche de pair avec la littérature ».
Lhomme est debout parce quil a des pieds et se dresse ; Leroi Gourhan a expliqué comment le fait dêtre debout pour l«homo erectus » avait libéré chez lui les facultés de pensée, dabstraction et dimagination.
Pour les philosophes, la marche tient plus dune hygiène mentale que dun exercice physique. Les élèves dAristote sappelaient des péripatéticiens, cest à dire « ceux qui se promènent ». Les surréalistes arpentaient les rues avec le désir décrire en marchant, selon les vux de Rimbaud, « lhomme aux semelles de vent ».
Lun des plus fervents marcheurs reste Jean-Jacques Rousseau, gagné par langoisse sil ne respirait pas le grand air de Montmorency ou des prairies parisiennes ; incapable dagir contre sa volonté, il « se mettait en mouvement pour mieux se retrouver » ; grâce à son don de capter la nature développé par ses compétences de botaniste, « il flâne tout en rêvant éveillé, avec lart dapprécier la parure de la terre et les plaisirs minuscules de la vie ».
Beaucoup dautres écrivains ou philosophes, tels Nietzsche et Kierkegaard, jugeaient la marche indispensable à leur bien être, car elle apaisait leur tension mentale et était souvent la source de leur inspiration : « Je nécris pas quavec la main ; mon pied veut toujours être aussi de la partie » (Nietzsche, Le gai savoir).
Péguy était un grand marcheur ; ses poèmes ont un souffle particulier, un rythme paysan et des images qui évoquent linfluence de la marche.
La marche est, à bien des égards, une réaction contre la vitesse et laliénation de notre société actuelle. Lhomme qui marche, outre quil nest pas pressé, est un être ouvert à toute sollicitation des sens, à toute pensée qui pourrait surgir :
« La marche, cest prouver son existence, savourer la grâce dêtre au monde ; cest sinterroger sur soi, sur son rapport à la nature et aux autres ».
En définitive, « lart de se promener » revêt des formes multiples : exercice dhygiène de vie, randonnées sportives, flâneries solitaires Dans tous les cas cest une école de sagesse et de méditation irremplaçable.
Comme lécrit Yves Paccalet dans « Le bonheur en marchant » : Jignore si ma vie a un sens ; mais ma marche a un but : mettre un pied devant lautre ; et recommencer jusquà ce que joie sensuive ».
D.GERARDIN
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