jeudi 1er mars 2007 par Meleze
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jeudi 1er mars 2007
LE ROMAN DE LA CIA
Ce livre du père de Jonathan Littell est
indispensable à la compréhension du succès des "Bienveillantes". Il
date de 2002 pour son édition new-yorkaise et a été traduit en français l'année
suivante par les éditions Buchet-Chastel. Toujours est-il que le succès de
Jonathan a entraîné la publication en livre de poche de Robert et
que, dès que j'ai eu ce livre de poche entre les mains j'ai présumé que les
"Bienveillantes" n'auraient jamais eu le succès escompté si Robert
Littell n'avait fourni des informations spéciales et inédites de la CIA à
son fils. J'ai recherché au fur et a mesure de ma lecture des
informations qui seraient capables de bouleverser l'analyse historique de
la 2° guerre mondiale. Mais ce n'a pas été le cas. Si "les
Bienveillantes" contiennent de l'inédit, je pense après en avoir
fini que c'est seulement, à petites doses, sur la question de savoir pourquoi
l'Allemagne et les USA sont entrés en guerre l'un contre l'autre en 1942 alors
que 1 an 1/2 plus tard, novembre ou décembre 1943 commence à se faire jour
l'hypothèse d'un front commun des USA et de l'Allemagne contre l'URSS.
Où sont ces petites doses? Dans le personnage de Thomas qui
est le second héros du livre. En effet et contrairement à l'unanimité de la
critique le prix Goncourt 2006 n'est pas composé que d'un seul personnage
Maximilien Aue, même central. Tout au long de la guerre comme dans l'oeuvre la
plus célèbre d'Allemagne, celle de Goethe où Faust est en compagnie du diable,
Thomas accompagne Aue, le protège et disparaît au bon moment c'est
à dire au moment où il aurait failli passer du coté américain. Car Thomas
obéit à un modèle, et ce modèle est très bien décrit dans le roman de la CIA.
Il s'agit du personnage de l'officier de renseignement Gehlen qui va rester
dans l'histoire pour avoir sauvegarder et fait passer à l'ouest toutes
les informations que les nazis avaient rassemblées sur les soviets. Je pense
que Thomas le mentor de Aue présent tout au long du roman contient dans son
personnage quelque chose du retournement de Gehlen officier de renseignement
possédant des fichiers considérables sur le Komintern qui va permettre aux
Allemands et aux Américains de se réconcilier en moins d'un an. Tout cela est
très bien expliqué dans Robert Littell. Le succès du fils est
conditionné par le travail du père. Les 700 pages de Jonathan doivent beaucoup
sur ce point aux 900 de Robert. C'est rare de lire 1600 pages avec autant
d'intérêt quoique il y aurait toujours à s'étonner de telle ou telle partie des
intrigues de ces livres.
Mais cette introduction faite venons en à tout ce qu'il y a dire sur le livre
de Robert Littell. Car ce livre d'espionnage contient 5 séries de faits
si importants pour l'histoire contemporaine qu'on comprend mal le silence radio
qui lui a été imposé tandis que le fils allait directement au prix Goncourt,
-mais c'est vrai qu'il écrit directement en français et qu'il a pour modèle
Céline qui lui n'a jamais pu décrocher ce prix.
Venons en à ces séries de faits qui devraient retenir tout votre attention et
qui sont:
- la
série du contre espionnage.
C'est à dire une liste de personnes politique qui travaillent pour le
compte de l'URSS mais qui réussissent à force de dissimulation, de génie,
de précaution à s'élever dans la hiérarchie de l'agence américaine. C'est
bien sûr l’histoire la plus connue du grand public, celle de la chasse
puis de l'arrestation de Philby chef du contre espionnage du MI5
britannique qui va fournir à l'URSS les plans de la bombe atomique et dont
l'action après l'arrestation est relayée par deux personnes qui vont
prendre sa succession, Burgess puis un autre personnage que Littell
appelle Kritsky et qui lui ne va être découvert que dans les années 1970
ce qui fait voir l'affaire de Cuba sous un autre jour.
- La
série des interventions décisives d’Israël. En effet d'après Littell c'est par
3 fois grâce à un contact avec le Mossad et seulement grâce à lui que
l'agence américaine peut mettre le pied sur le sol russe et organiser ses contre attaques comme en Hongrie. L'aide libre et
non hiérarchique que s'apportent les deux nations explique selon
Littell l'invraisemblable pénétration des intérêts sionistes outre
atlantique.
- La
série des hommes d'états occidentaux qui ont travaillé pour Moscou. C'est la première fois que je vois
une telle liste: Hughes Gaitskell, Harold Wilson, Olof Palme, Willy Brandt
et le canadien Lester Pearson. Et il y manque encore peut-être Charles
Hernu l'ancien ministre de Mitterand.
- Le
moment historique ou le KGB se trouve à la tête de 60 milliards de
dollars. On entre
dans les années 1980. Le désenchantement est général du côté russe. Tous
ces succès militaires sur le front de l'espionnage sont inutiles et on en
vient à une stratégie d'investissement. Robert Littell fait ainsi une
hypothèse historique tout à fait différente de celle qui prévalait en
France a l'époque, à travers le livre de Mme. Carrère
d'Encausse l'"Empire
éclaté" pour lequel elle est entrée à l'academie francaise,- bien que
l'empire n'ait pas encore eclaté et que la structure du KGB à l'origine de
ce trésor de guerre soit toujours bien en place.
- L'intervention des services secrets américains dans le putsch contre Eltsine et Gorbatchev. Nous sommes maintenant en 1991. L'heure de la revanche a sans doute sonné. C'est Washington qui a peut-être depuis des agents qui occupent des postes stratégiques.
Conclusion :
À travers la CIA Robert Littell entreprend en fait une thèse sur les causes de
la Perestroïka.
Meleze
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Messages
1. La Compagnie, le grand roman de la CIA, 4 mars 2007, 22:42, par jean
Bonjour,moi je crois en deux mots et sans vouloir vous vexés que vous n’avez rien compris au livre de littel "les bienveillantes " vous avez lu ça au premier degré ,il faut voir dans ce livre , que les étres humains sont capables du pire !!!!! et nous faisons parties de ces gens ,car nous sommes humains ! voilà le message qu’il fallait voir entre les lignes de ce roman .
Bien à vous ne m’en veuillez pas je donne mon avis et bonne lecture .
1. La Compagnie, le grand roman de la CIA, 7 mars 2007, 01:02
Oui, mais cela ne veut pas dire que la précédente "interprétation" est fausse
MA