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Les Vestiges de Janvier de Jeanne Bresciani
dimanche 6 février 2005 par Agathe

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Les Vestiges de Janvier

« Avril est un mois cruel » C’est en avril 2000 que l’écrivain Giambattista Bellingeri se souvient de ses amis disparus : Charles Janvier, qui est mort l’an passé, et Nina, qui, autrefois, a aimé Charles. Giambattista a utilisé le patronyme de son ami pour signer ses œuvres. « L’amitié a des émois cruels », comme l’éprouve le narrateur : à travers l’évocation de leur mémoire commune, tout le passé de Giambattista va resurgir.

A travers le récit de ses errances dans Rome où il vit désormais, l’écrivain se souvient de l’époque où Charles fut à la fois son élève et son ami, au lycée Henri IV en 1960 ; en même temps, apparaissent des réminiscences lointaines du temps où la famille de Giambattista dut s’exiler d’Italie : les figures de sa mère et de sa sœur, mêlées à une lumière d’orage venue des souvenirs de Charles. En contrepoint, les carnets de ce dernier, relus par le narrateur, retracent une vie marquée par l’incomplétude : un mariage manqué, une « obsession paternelle » insatisfaisante, une carrière morne.
L’apparition de Nina, que Giambattista invite à la villa Médicis avec Charles en 1986, et dont il a également conservé les lettres, lance le récit dans une direction nouvelle : l’enfance et la jeunesse de l’héroïne sont à la fois racontées par les lettres de Nina elle-même et à la troisième personne, comme si elles prenaient naissance des intuitions du narrateur. En contrepoint encore, les longues promenades nostalgiques de Giambattista dans la Rome d’aujourd’hui, l’histoire tragique de la sœur « folle », l’amitié avec Tony , un autre proche de Giambattista, allument d’autres reflets, jusqu’au « coup de théâtre » de la fin, qui transforme la vision du lecteur.

Jeanne Bresciani nous fait entendre une polyphonie où les soupirs et les voix se répondent avec mélancolie, avec une douceur et une sorte de violence retenue ; et cette musique savante est sans cesse traversée par une déchirante nostalgie, par la conscience du manque, de la perte et de la fragilité de la transmission de « l’esprit du feu ».



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