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Faut-il être plus sévère avec nos enfants ?, Edwige ANTIER Aldo NAOURI

Editions Mordicus, 2008

lundi 24 novembre 2008 par Alice Granger

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Le contraste est total entre les deux célèbres pédiatres, Edwige Antier, parlant à la radio dans le sillage de Françoise Dolto, et Aldo Naouri, auteur de nombreux livres au succès retentissant témoignant de l’invention d’une pratique incomparable ! Comme la dualité entre la mère oblative au temps envahi par l’enfant et le père forcément fouettard (au sens symbolique bien sûr, puisque Aldo Naouri est contre la fessée, les manifestations physiques de l’autorité, qui doit se mettre en acte par une parole ferme et sans état d’âme) !

Pour Edwige Antier, l’enfant doit être le roi de zéro à trois ans sinon il devient un tyran, l’enfant a un droit absolu, il doit être protégé donc son premier droit c’est que sa mère doit être soutenue, l’entourage parental de cet enfant doit être d’une disponibilité totale, l’enfant a déjà subi la frustration d’avoir été expulsé hors de l’utérus et sa mère a subi une sorte d’explosion de son ventre, alors il ne faut pas en rajouter, bref il n’est à première vue pas question de la loi de l’interdit de l’inceste avant trois ans bien au contraire ! Pour Aldo Naouri, cette loi de l’interdit de l’inceste doit s’imprimer tout de suite, la frustration en étant le symbole majeur comme l’impossibilité de jouir pleinement de la mère ; cette frustration visant le symbolique et non pas le réel ; le petit enfant de moins de trois ans qui n’a pas été frustré par la mise en acte de la loi de l’interdit de l’inceste aura des difficultés plus tard, à l’adolescence et à l’âge adulte ; la frustration est un moteur ; Aldo Naouri a constaté tout au long de son expérience de pédiatre que 95% des enfants qui posent des problèmes ont un défaut d’éducation. En somme, j’ajoute dans ma lecture dans le sillage de l’œuvre de Naouri (qui nous offre à une échelle infiniment plus fine matière à réflexion sur la question du renouvellement de la communauté humaine par les enfants) que dehors où il s’agit de vivre une vie de qualité, en être humain de qualité, dès le début l’enfant doit être confronté à la hauteur oxymorique de l’être de qualité incarné par le père comme tiers, comme quelque chose dont se nourrir, dont s’incorporer et s’inspirer, dont profiter comme d’une autre nourriture, perspective ouverte d’un style de vie infiniment autre et supérieure à la vie au sein de maman, laquelle en vérité n’est plus pourvue de cet intérieur enveloppant, puisqu’elle a non seulement perdu son placenta, mais que, psychiquement, elle est fille, elle est sexuée, elle est castrée de l’organe de toute-puissance que, pour le temps anormal de la grossesse, elle avait (placenta comme par hasard d’origine paternelle, comme le souligne Aldo Naouri, donc le père intervient jusque dans la tolérance par le corps de la mère du corps antigénique de l’enfant embryonnaire puis fœtal, mettant un tiers capable de suspendre un processus toxique).

Qui dit loi d’interdit de l’inceste dit position du père séparateur, certifiant que le cordon ombilical est coupé et que le placenta s’est décomposé, a disparu, au profit d’une communauté humaine infiniment heureuse de sa perpétuation par cet être-là singulier qui arrive, et par celui-là, et par celui-là, à l’infini. Les deux pédiatres ont une position radicalement différente à ce propos. Edwige Antier écrit : « Le bonheur d’un bébé, c’est d’être au sein de sa mère avec papa qui entoure tout. » C’est une assertion arbitraire ! Ce même bébé est peut-être, en même temps, infiniment attiré par une présence tierce, autre, dérangeante sans doute, qui lui ouvre une autre perspective, qui littéralement l’éveille, découvrant que ce n’est pas maman qui est la source unique de cet éveil. Comment peut-on être si sûr de ce qui fait le bonheur de l’enfant ? Le sens qui s’éveille à la naissance, qui n’était pas sollicité dans la vie intra-utérine, est celui de la vision, et, ouvrant les yeux, le bébé est stimulé par la lumière, ce qu’il découvre par la vision, et qui ne dépend plus totalement de maman, il peut s’aventurer par ce sens nouveau tout seul, cela ne vient pas par le corps de maman, même si au début c’est très prématuré, très immature. Même maman, c’est lui, le bébé, qui la voit, ce n’est plus elle qui a la toute-puissance placentaire de s’offrir en s’imposant. D’ailleurs, une mère non biologique peut tout à fait être à cette place d’accueil du petit prématuré sur la terre du dehors, ceci non pas en son nom propre mais en place de la communauté humaine ! Il n’y a pas qu’elle, la mère, qui est heureuse de cette naissance, plus encore il y a la communauté humaine, et toute la société va s’organiser, par exemple par l’école de Jules Ferry comme emblème, pour sa formation.

Antier cite Winnicott : « Le rôle du père, dit-il, c’est d’empêcher quiconque de s’immiscer entre la mère et son bébé. » C’est clair, ce bébé pourtant né doit se sentir au sein de sa mère, le père étant là pour entourer le tout c’est-à-dire pour réassurer une sorte de placenta disparu métastasé dehors, pour mettre en acte la dénégation de cette disparition et du changement radical de milieu avec la naissance, vivre dehors étant tout à fait autre chose que le sein de sa mère, ce milieu du dehors n’étant pas forcément le mal, l’hostilité radicale au bébé hormis pour ce préjugé, tout de même, qui érige ce « sein » comme incarnant le bien total. La communauté humaine, l’espèce humaine tout entière, a un intérêt vital pour sa continuation, et en ce sens, chaque nouvel être humain qui naît est sacré, unique, singulier, et doit être accueilli ! En ce sens, chaque membre singulier de cette communauté humaine a le devoir sacré de l’accueil de l’être vulnérable en sa prématurité, ainsi que de manifester de la joie face à cette victoire de la vie sur la mort. La mère, et surtout son sein, peuvent-ils se substituer à la joie de la communauté humaine de voir en la naissance d’un nouvel être humain son renouvellement ? Cette mère ne devrait-elle pas se positionner tout de suite après la naissance face au nouveau-né comme un maillon de cette communauté humaine, joyeuse au nom de cette communauté et non pas pour elle-même. Elle-même, elle a, une fois le temps de la gestation achevé, confié l’enfant né à cette communauté humaine dont elle est un membre singulier et… sexué. En ce sens, la qualité première d’une mère qui a pris la responsabilité de faire un enfant n’est-elle pas d’avoir foi en cette communauté humaine parmi laquelle l’enfant aura à vivre, une fois sorti du ventre matriciel ? Si elle croit que pendant trois ans, dehors c’est le mal qui agresse son petit, et que ce n’est qu’en son sein qu’il sera protégé de tout surtout si papa entoure tout, alors en même temps que sa protection elle va inculquer à l’enfant la peur de ce qui est à l’extérieur, et bien sûr sa puissante image de mère. Tout ceci n’est pas du tout anodin comme discours. La mère est une bulle pour son enfant, et le père doit la protéger. Rien d’un : bienvenu dehors ! si la bulle signifie que dehors c’est le mal absolu ! Edwige Antier a tout intérêt à mettre en relief la fragilité, la vulnérabilité du petit enfant, ses angoisses, ses cauchemars, il faut le consoler, le satisfaire, c’est le roi avec la disponibilité totale tout autour, le don de soi.

Pour Aldo Naouri, le père est une métaphore, et c’est la mère qui l’introduit par son discours auprès du bébé. Il écrit que le meilleur moyen d’être père de son enfant est d’être apprécié par la mère de cet enfant, autrement dit d’être son amant. L’enfant ne peut donc jouir pleinement de sa mère, il ne peut revenir au sein d’elle, puisque sa mère elle-même lui dit que c’est le père qu’elle veut, c’est lui qui jouit d’elle et lui fait ainsi plaisir. Loi d’interdit de l’inceste. La sexualité des parents est d’emblée présente, en terme d’inscription de la loi de l’interdit de l’inceste, donc en terme de frustration symbolique pour l’enfant, dans le discours et la pratique d’Aldo Naouri. Ce n’est absolument pas le cas chez Edwige Antier ! Patriarcat d’un côté, et matriarcat de l’autre ! Verticalité d’un côté et horizontalité de l’autre ! Un pédiatre qui, lorsqu’un enfant lui est amené en consultation, s’occupe de ses parents, et une pédiatre qui s’intéresse, elle, à l’enfant. Pour Aldo Naouri, c’est dans une société d’abondance au sein de laquelle on aurait donc droit à tout sans effort (comme par hasard c’est ce qui caractérise le temps de la gestation) que s’enracine la faillite de l’éducation. Pour lui, il est au contraire fondamental de dire à l’enfant qu’il peut tout avoir, mais à condition de faire ce qu’il faut pour. Il ne peut jouir totalement et librement de la mère étendue à la société d’abondance, car cette mère, c’est le père qu’elle préfère, c’est lui seul qui jouit d’elle, en abondance. La sexualité des parents, qui lorsqu’elle est mise en acte arrache aux enfants la jouissance de la mère, donc imprime des limites, un interdit fondamental, frustre les enfants, mais en même temps leur désigne dans le futur la possibilité de retrouver cette abondance : ce qui reste dans le texte de Naouri dans l’ambiguïté, c’est donc la chose incestueuse dont il est interdit de jouir, elle semble exister puisque le père en jouit, lui seul peut pénétrer en son sein, impossible de voir sans doute, la scène est invisible, mais l’enfant pourrait l’imaginer, y croire, objet impossible du désir, barré. En somme, par-delà leurs divergences radicales, Aldo Naouri et Edwige Antier semble d’accord sur le fait que la femme est une… mère dont jouir. Ensuite, ils ne sont plus d’accord : le père prend la mère pour lui, au nez et à la barbe de ses enfants, la mère signifie son accord total à ses enfants pour être la femme de son mari, alors se constitue pour ces enfants une représentation de leur désir, une métaphore les transférant vers leur vie, avec, toujours, la figure centrale de la femme-mère dont jouir, les filles en le devenant, les garçons en gagnant la possibilité sexuelle d’y pénétrer, d’en jouir.

Il ne faut pas, dit Aldo Naouri, abandonner l’enfant dans un scénario faux. Il s’agit, sans état d’âme, de lui faire entendre le bon scénario. De lui faire entendre que sa toute-puissance est infondée. L’autorité consiste à lui montrer les parapets. Dans n’importe quel pays, n’importe quelle culture, n’importe quelle langue, écrit Aldo Naouri, un enfant finit par se persuader que sa mère, vue de manière erronée comme toute-puissance, peut le tuer, alors il va ériger contre elle sa toute-puissance à lui. Or, le scénario est faux, la mère n’est pas pourvue de toute-puissance. J’ajoute, sur cette lancée d’Aldo Naouri, qu’elle est au contraire « castrée » de sa toute-puissance du temps de la gestation, elle a perdu l’organe en creux en lequel le fœtus ne manquait de rien, elle est sexuée, c’est une fille, et c’est le dehors qui est désormais « pourvu », à condition de s’organiser pour en jouir, et ce n’est pas comme jouir du sein creux de maman. Ainsi, les mères ne sont pas en autarcie avec leur bébé, et ne sombrent pas dans le gouffre de la maternité. La mère redevient sexuée, c’est-à-dire fille, c’est-à-dire non pourvue, elle a perdu l’enveloppe matricielle qui la rendait toute-puissante au temps de la gestation, et elle fait le choix de cet homme qu’est le père car celui-ci apporte la bonne nouvelle d’une vie dehors, la vie c’est dehors, sur la terre, avec des autres déjà là, déjà organisés, et qui sont, un à un, émerveillés par chaque être humain naissant renouvelant l’espèce humaine. Cet homme, le père, lorsqu’il retrouve cette fille non pourvue qu’est sa femme, ce qu’il aime, c’est la vie dehors que signifie et offre la « castration » des femmes. Rien d’un retour possible au sein de l’enveloppe matricielle jamais perdue. Le père, c’est une métaphore, dit Aldo Naouri, parce qu’il déplace absolument et sans retour possible en arrière l’intérieur où vivre une vie de qualité : le nouvel intérieur c’est le dehors terrestre à l’infini en acte où la vision découvre les choses (la vision est le seul sens qui n’était pas encore développé au temps fœtal), où ce n’est plus le corps maternel qui est l’origine de tout, mais où il y a les autres déjà là avec leur expérience, les paroles, les désirs, les lois, les devoirs, l’organisation, la création.

Les lisant l’un et l’autre, j’ai l’impression que ces deux positions en apparence contradictoires s’expliquent par une question d’échelle de lecture, d’écoute, de pratique. Edwige Antier me semble se situer à un niveau plus général : elle parle, à son insu, au nom de la communauté humaine, dont le renouvellement est vital. Alors, c’est vrai en absolu qu’il s’agit d’accueillir le nouvel être humain comme si, à chaque fois, c’était le miracle de la continuité humaine, la victoire de la vie sur la mort, la réparation de l’angoisse de mort, et la possibilité d’une transmission par laquelle l’ancien brille comme un magnifique coucher de soleil pour le nouveau avide d’y prendre de la graine. C’est vrai que ce nouvel être, en tant que prématuré, doit être protégé, que la terre et ses habitants doivent se disposer à l’accueil du nouveau membre. Mais à l’horizontalité de la communauté humaine en constant renouvellement et rajeunissement répond la verticalité de l’expérience. C’est la verticalité de l’expérience qui nourrit, qui éclaire, qui suscite, qui fait s’incliner d’humilité devant cette hauteur, ensuite prendre de la graine se poursuit en invention, en création bien sûr. Il ne s’agit pas de vivre au sein de la mère, mais au sein de la communauté humaine, ce qui est radicalement différent. Cette femme qui fut mère toute-puissante par son organe en creux au temps de la grossesse (la mère n’est pas propriétaire de l’organe en creux placentaire d’origine paternelle, la grossesse est un temps qui aura une fin), en préférant cet homme qu’est le père, et qui, lui, la voit sexuée, c’est-à-dire en manque de l’organe de puissance, en même temps offre à son enfant la vie ailleurs qu’en elle, elle lui désigne la vie avec les autres, jamais elle ne s’érige en grande Autre protégeant de ces autres pourvoyeurs de mal. Cette femme sexuée, au sexe non pourvu de fille, au contraire de s’approprier la toute-puissance, a foi et confiance en la vie au sein de la communauté humaine sur terre, elle voit la bouteille à moitié pleine.

Edwige Antier, à l’échelle où elle se situe, ne distingue pas entre la mère et la communauté humaine désireuse de se perpétuer. Alors, tout se passe comme si elle se trompait, comme si elle disait mère au lieu de communauté humaine dont la mère est la première représentante, d’où l’attribution d’une toute-puissance à cette mère entourée par le père, et l’illusion qu’elle serait pourvue par-delà l’accouchement de son placenta métastasé partout et garanti par le père. Le moment de séparation, de frustration dirait Aldo Naouri, où le placenta se décolle, se décompose, n’est jamais signifié. La mère est toujours pourvue du super-organe. Jamais elle n’apparaît sexuée, c’est-à-dire avec un sexe de fille, un sexe sans rien, un sexe qui signifie qu’il est impossible de rentrer en elle, d’y régresser, de n’y manquer de rien. C’est à l’extérieur, sur terre, avec les autres, en apprenant à leur contact, que rien ne manquera à condition d’avoir admis manquer de tout par cette séparation originaire. Vivre au sein de la communauté humaine est radicalement différent de vivre au sein de la mère qui serait assuré dehors par un père entourant cette mère.

Aldo Naouri se situe à une échelle infiniment plus petite, plus fine, plus structurante, plus proche du principe de réalité et de la vérité, admettant la frustration originaire qu’il s’agit de certifier par l’éducation tout au long de l’élevage de l’enfant, certification qui passe par le discours de la mère sur le père séparateur, par l’inscription de la loi d’interdit de l’inceste. Cest pour cela qu’en le lisant, on n’a jamais cette impression de généralité, de lieux communs, qu’on a parfois avec Edwige Antier, qui assène les choses comme des diktats et comme si l’inconscient et la sexualité, ainsi que la différence sexuelle, n’existaient pas, ni la complexité de chaque histoire familiale dont l’enfant hérite comme d’un sac de nœuds d’où réussir à s’abstraire. Dans le discours d’Edwige Antier, ce qu’il faut faire pour le bien de l’enfant apparaît en fin de compte assez simpliste : il ne doit manquer de rien. Aldo Naouri rétorque : l’enfant doit manquer de la possibilité de jouir pleinement de sa mère s’il veut ensuite réussir à ne manquer de rien d’essentiel en tant qu’être humain de qualité.

Cependant, à l’échelle utilisée par Aldo Naouri, nous n’arrivons pas encore à discerner si la mère au sens fort, plein, du terme, c’est-à-dire celle du temps de la grossesse, celle de la situation incestueuse qu’on devrait peut-être plutôt dire situation gestationnelle, celle qui a en son sein un organe en creux permettant au fœtus de ne manquer de rien afin qu’au bout de neuf mois il puisse naître, changer radicalement et définitivement de milieu, si cette mère donc existe encore ensuite. La notion d’interdit de l’inceste ferait croire que oui, qu’il y a de la mère en laquelle ce serait possible de rester en ne manquant de rien, qu’elle pourrait, oui, car elle l’aurait encore, cet organe en creux, mais, dommage, ce n’est que le père qui peut en jouir, elle, elle préfère que ce soit pour le père, elle jouit d’offrir ça au père, à cet homme adulte, il faut devenir un homme adulte pour y avoir accès. Or, à aucun moment, l’échelle n’est suffisamment précise pour voir que cette femme d’après la naissance de l’enfant n’est plus pourvue de l’organe en creux, n’est plus pourvue de la toute-puissance de garder en son sein, et que, si elle prend soin de l’enfant nouveau-né, c’est dans une autre logique, c’est du point de vue de l’intérêt de la communauté humaine de laquelle elle se prévaut. A cette échelle où on discernerait qu’elle est redevenue fille, celle qui n’a rien, même la notion d’interdit de l’inceste n’a plus de sens, puisqu’il n’y a plus de mère incestueuse, c’est-à-dire de mère en gestation. Il suffit qu’elle s’admette non pourvue de cet organe-là, de ces enveloppes placentaires qui ne faisaient manquer de rien. Ensuite, en tant que membre de la communauté humaine le plus proche de l’être nouveau-né, bien évidemment elle se dispose à faire ce qu’il faut, mais jamais dans la logique du rien ne manque, puisqu’il s’agit de faire un être de qualité, qui doit donc d’abord s’apercevoir qu’il est advenu dans une autre logique, que tout autour ça ne met pas à disposition au doigt et à l’œil, que la sensation de frustration sera la base pour développer l’usage des sens, la vie sociale, le langage, l’intelligence, l’impossible permettant le développement d’une ingéniosité rendant possible autre chose. Aldo Naouri évoque cette hyperactivité si fréquente aujourd’hui, comme une sorte de défaut de langage, d’accès au symbolique.

Faut-il être plus sévère avec nos enfants ?, telle est la question posée à ces deux pédiatres. Edwige Antier, elle, répond non, à l’échelle où elle se situe, et Aldo Naouri préfère le terme de frustration, qui opère à un niveau symbolique. La question, en effet, n’est pas celle de la sévérité. C’est plutôt celle de l’existence, oui ou non, d’un lieu auquel l’enfant pourrait croire qu’il est encore relié par cordon ombilical, un lieu de non manque. Incarné par une mère qui se ferait toute sein pour lui. N’a-t-elle donc pas, réellement et symboliquement, évacué ça aussi hors d’elle, ça décomposé, perdu ? La métaphore paternelle, est-ce ça ?

Alice Granger Guitard



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