jeudi 12 novembre 2009 par penvins
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On hésite, trop habitué à Beigbeder pour ne pas se méfier, supercherie, marketing, l’affaire de la censure des pages concernant le procureur Jean-Claude Marin ( ben voyons un petit coup de scandale ça ne peut pas faire de mal ) le flot d’éloges qui court dans la presse… et puis après l’avoir lu on se dit qu’au fond ce roman – cette auto-fiction – correspond bien à ce que l’on s’imagine de l’auteur, que ce portrait d’une enfance protégée, qui n’a pour seules références que des produits de modes – culturelles – disques, films - ou consumériste – voitures, habillement - produits qui pour l’essentiel n’appartiennent plus au monde d’aujourd’hui et dont l’importance est toute relative ne peut être que celui de Beigbeder. Un Beigbeder qui ne comprend pas qu’un représentant de la loi puisse lui infliger une injonction thérapeutique pour le faire sortir du piège de la drogue. Assurément le narrateur se comporte comme un enfant gâté.
Le livre que l’on attendait de Beigbeder, lit-on ici ou là, un tournant dans son œuvre, j’ai même lu : « un chef d’œuvre », « une leçon de vérité », sans doute faut-il relativiser, il est vrai que ce roman est une réussite qui tranche avec ce que l’on a lu jusqu’à présent de l’auteur, mais de là à parler de chef d’œuvre ! Le problème c’est que Beigbeder n’a pas grand chose à exprimer sinon la vacuité du monde dans lequel il a vécu son enfance et plus encore la superficialité du monde dans lequel il vit et nous vivons, mais cela reste important et la façon dont il le fait en racontant son histoire depuis le dépôt où il est incarcéré pour usage de stupéfiant en dit bien plus qu’un long discours sur les raisons de son apparente futilité et de son refuge du côté des paradis artificiels.
Ce qui reste agaçant c’est que malgré tout ce roman qui raconte l’histoire d’une garde à vue prolongée est un règlement de compte et en dépit de ce qu’avoue l’auteur : J’ai pleinement conscience que cette aventure est ridicule et que je suis juste un enfant gâté que l’on a privé de son confort pour le punir de ses excès de gosse de riche attardé. il semble, sinon n’avoir pas compris, en tout cas ne pas admettre qu’il agit en enfant gâté désobéissant pour le plaisir de désobéir, simplement parce qu’il a vingt ans d’obéissance à effacer.
Si le texte est une réussite, les arguments défendus pas Beigbeder restent puérils comme le sont tous les raisonnements avancés pour justifier ce rejet de la loi. Qu’y aurait-il de commun entre ces grands-parents qui, désobéissant à Vichy, accueillent des juifs sous leur toit et un gosse de riche qui se drogue ostensiblement sur la voie publique ? Comment peut-on s’indigner que ceux qui se défoncent dans la rue finissent la nuit en taule alors que notre système de santé drogue les cancéreux en toute légalité. Mais : L’histoire n’est qu’un prétexte, un canevas ; l’important c’est l’homme qu’on sent derrière et de ce point de vue toute la détresse de Beigbeder, son immaturité - absence d’enfance, de fondation, de sous-sol - absence de pères – opposition non à une autorité mais au frère considéré comme une sorte de jumeau – tout cela révèle l’homme et en même temps le place dans son époque, une époque et une France amnésique - remarque sur laquelle l’auteur n’insiste pas mais qui revient plusieurs fois comme pour mieux souligner le projet de se recréer une enfance, un passé.
Autre métaphore de la France, et des années du devoir d’oubli comme les appelle Beigbeder, ce livre raconte principalement les années qui pour l’auteur furent celles du non-dit sur la séparation (le divorce) de ses parents. En affrontant cette enfance volée Beigbeder explique sans doute pourquoi il n’a jamais grandi, en même temps il nous rappelle que l’on ne peut grandir sans s’expliquer sur son passé.
Un roman à la fois léger et grave, qui posent beaucoup plus de questions qu’il n’y paraît.
- C’est l’histoire d’une Emma Bovary des seventies, qui a reproduit lors de son divorce le silence de la génération précédente sur les malheurs des deux guerres.
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