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Mémoires d’Hadrien - Marguerite Yourcenar
vendredi 8 janvier 2010 par Tarrou

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Hadrien a été empereur à Rome de 117 à 138 après J.-C. Il est établi que Yourcenar s’efforça de ne faire dire à son personnage que ce qu’il aurait dit, ou aurait pu dire.
Si, parfois, des paroles ou des pensées nous paraissent de notre époque c’est, en partie, parce que les questions qu’Hadrien abordent sont évidentes et font partie intégrante des hommes de tous les temps et même de l’Histoire.

L’Empereur est vieux et malade, dans sa " Villa Hadriana " un peu à l’extérieur de Rome (ses vestiges existent toujours et valent le détour). Il passe sa vie en revue mais avec un certain recul, sans passion. Il médite sur le corps humain, la maladie, mais aussi l’amour et dit : " Il n’est pas indispensable que le buveur abdique sa raison, mais l’amant qui garde la sienne, n’obéit pas jusqu’au bout à son dieu. " Le jugement de l’histoire sera fait par ses actes. Cela ne lui plaît pas beaucoup, mais il reconnaît que c’est le seul moyen de juger un homme parmi les autres " puisque c’est peut-être l’impossibilité à s’exprimer et à se modifier par l’action qui constitue la différence entre l’état de mort et de vivant. ".

Il parle de ses parents, des Grecs, qu’il aime tant. Pour lui, il est évident que l’incessant accroissement de l’empire est une forme de cancer qui finira par le tuer (à comparer avec les idées d’Hélène Carrère d’Encausse sur l’Union Soviétique).

A la mort de Trajan, il accédera enfin au pouvoir. Son but est de tenter de reculer la fin de l’empire romain, qu’il sent cependant comme inévitable.

De l’esclavage il dit : " Je doute que toute philosophie du monde parvienne à supprimer l’esclavage : on en changera tout au plus le nom. Je suis capable d’imaginer des servitudes pires que les nôtres, parce que plus insidieuses : soit qu’on réussisse à transformer les hommes en machine stupides et satisfaites, soit qu’on développe chez eux un goût du travail aussi forcené que la passion de la guerre chez les races barbares. A cette servitude de l’esprit, ou de l’imagination humaine, je préfère encore notre esclavage de fait ".

Il verra le développement de la religion chrétienne, qu’il n’aime pas. La croissance de cette religion reviendrait pour lui à mener le monde à la décadence à cause de sa volonté d’égalité entre les hommes.

Une dernière citation : " Plus l’Etat se développe, enserrant les hommes de ses mailles exactes et glacées, plus la confiance humaine aspire à placer à l’autre bout de cette chaîne immense l’image adorée d’un homme protecteur. ". Nous voici un peu revenu à la pensée de Dostoïevski, Camus et Rimbaud, mais par un autre biais.

Ce livre est une réflexion sur l’homme, l’amour, l’art, la mort, la politique et l’Histoire. L’intelligence d’Hadrien et de Yourcenar affleure tout au long des pages. Laissez-vous aussi porter par cette écriture qui vous donnera un plaisir aussi sensuel et savoureux qu’un morceau de chocolat que vous laisseriez fondre, lentement, entre la langue et le palais.



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