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Petit pays - Gaël Faye
vendredi 9 mars 2018 par Meleze

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Prix Goncourt des lycéens
Grasset Paris 2016

Nous voudrions remercier l’auteur pour la fraîcheur avec laquelle il aborde la notion de génocide. C’est paradoxal d’associer ainsi deux notions opposées.

C’est ce paradoxe qui nous intéresse parce qu’il nous semble que la défense des génocides ou l’intérêt de la société tout entière pour ces événements est devenu avec le temps très conservateur. La Shoah a maintenant 70 ans. On ne sait plus en parler que dans des termes convenus. C’est vrai y compris du couple Karsfeld qui illustre le phénomène par la publication de ses mémoires.

Il y a une incapacité à s’intéresser à nouveau à d’autres horreurs dont on a le regret de dire aux juifs qu’elles sont parfois pires que ce qu’ils ont vécu.

Pour prendre conscience du drame des Hutus et des Tutsis auquel Faye s’intéresse, il faut une autre approche un autre vocabulaire que celui qui a été utilisé pour stigmatiser la barbarie nazie.

Au niveau de l’enfant, grâce au truchement de la nostalgie du pays natal il décrit une rue, une ville, une famille qui vivait courageusement avant que tout commence à heurter puis à se fendre et enfin que les fractures produisent des crimes. Des communautés africaines qui ont été agrégées artificiellement découvrent une haine et une violence qui les avaient épargnées.

Le lecteur ne sera pas surpris de l’évolution du récit puisqu’il est clairement annoncé que la mère du héros est Tutsie. Il n’empêche que ce que cette femme doit affronter après le massacre de ses proches est pire que ce que les victimes ont elles-mêmes subi. Au moins elles ont la chance d’être mortes.

On nous a tellement fatigués, avec les traumatismes des anciens combattants du Vietnam, ou avec le « traumatisme de la 2°génération » qu’on a renforcé le conservatisme de ceux qui défendent le souvenir de la Shoah au lieu de permettre à la jeunesse de s’engager corps et âme pour la dénonciation de nouvelles exactions.

L’auteur aborde encore une autre question qui celle du mimétisme du groupe qui dans le livre va obliger le héros à commettre un crime à son corps défendant. Et c’est neuf de démontrer que les génocidaires ont une capacité d’entraînement qui n’est pas seulement due à la propagande, aux médias.

C’est une chasse en meute. Or nous donnons une éducation, une formation qui tend plus à renforcer la meute qu’elle ne permet d’agir pour le compte de ceux qui sont massacrés.

Mélèze



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