Pour une lecture alternative de l’histoire coloniale franco-algérienne
samedi 11 juillet 2020 par Rodrigue Marcel Ateufack DongmoPour imprimer
Résumé
« L’histoire du lion ne sera jamais connue tant qu’elle sera racontée par le chasseur ». Ce proverbe africain sous-entend que l’histoire est faite de distorsions et de zones d’ombres. A ce propos, le quotidien El Watan relève que Carnets d’Orient de Jacques Ferrandez invite les Algériens à affronter leur passé « avec ses parts d’ombres ». En effet, Carnets d’Orient est roman graphique qui campe en deux cycles l’histoire coloniale franco-algérienne en donnant vie à plusieurs générations de personnages qui sont soit attestées par l’histoire, soit purement fictives, mais aussi en convoquant des archives (journaux, photos, témoignages de personnes ressources) et des évènements qui se rapportent à cette histoire. Cette communication se propose de montrer comment cette œuvre est une reconstitution poétique de la réalité historique et examine les mécanismes par lesquels elle suggère une lecture alternative de l’histoire coloniale algérienne. Suivant une perspective d’analyse postcoloniale qui recourt à la psychanalyse littéraire et à une méthode qui se veut à la fois imagologique et transmédiale, Carnet d’Orient se dévoile comme un engagement contre une certaine perception de l’Orient, contre une lecture manichéiste de l’histoire coloniale algérienne et, finalement, comme une invitation à une fraternité postcoloniale franco-algérienne. Carnets d’Orient se lit également comme une archive du discours colonial et comme un questionnement sur cette archive — notamment à travers sa poétique transmédiale —, ce qui en fait à la fois un processus de remémoration et un palimpseste mémoriel.
Introduction
Il est communément admis que
le futur se prépare au présent. Cette évidence souligne inversement
l’importance du passé dans la compréhension et la gestion des phénomènes
actuels. Mais « l’histoire est toujours écrite par le vainqueur », au
prix très souvent de beaucoup de distorsions. Un proverbe africain le relève en
ces termes : «
L'histoire du lion ne sera jamais connue tant qu'elle sera racontée par le
chasseur. » L’histoire coloniale
n’échappe pas à ce prince. Dans le cas précis de la colonisation française en
Algérie, le quotidien algérien El Watan observe à ce propos que Carnets d’Orient « nous invite à
nous méfier de l’histoire officielle (…) [et] à affronter notre passé avec ses
parts d’ombre ». En effet, Carnets
d’Orient est une œuvre de Jacques Ferrandez qui campe en deux cycles (C1/C2)
l’histoire coloniale franco-algérienne en donnant vie à plusieurs générations
de personnages qui sont soit attestées par l’histoire, soit purement fictives.
A travers l’art, l’auteur fait donc découvrir l’histoire coloniale algérienne.
En cela, Jacques Ferrandez n’invente rien car l’art a toujours eu le privilège
de se nourrir des réalités historiques dont elle est à la fois le dépassement
et la transformation, ce qui lui confère d’ailleurs une réputation d’archive
historique validée par de nombreuses études mémorielles menées sur un corpus
littéraire. Ce qui semble original par contre, à s’en tenir à El Watan, c’est que
Carnet d’Orient offre une lecture nouvelle de l’histoire coloniale franco-algérienne,
d’où le point nodal de cette étude : En quoi Carnets d’Orient constitue-t-il une lecture alternative à la
lisibilité convenue de la colonisation algérienne? L’établissement du caractère
historique de cette œuvre s’impose comme préalable à la réponse à cette question.
Aussi nous proposons-nous dans les lignes qui suivent de montrer dans un
premier temps que Carnets d’orient est
une reconstitution poétique de la réalité historique franco-algérienne. Dans un
second temps, nous allons voir les mécanismes par lesquels cette œuvre suggère
une lecture alternative de la version répandue de cette réalité historique. Dans
une perspective théorique postcoloniale qui recourt à la psychanalyse littéraire
et suivant une méthode qui se veut à la fois imagologique[1]
et transmédiale[2], Carnet d’Orient se
dévoile en effet comme un engament contre une certaine perception de l’orient
qu’un certain orientalisme[3]
contribua largement à développer et à propager, contre une lecture manichéiste
de l’histoire coloniale franco-algérienne et, finalement, comme une invitation
à une fraternité postcoloniale entre l’Algérie et la France.
I. La reconstitution poétique du passé colonial franco-algérien.
Nous sommes en 1836 et la France occupe l’Algérie depuis 6 ans. C’est en ce
moment précis de l’histoire coloniale franco-algérienne que débute le 1er
cycle de Carnets d’Orient. La
première scène du récit présente un peintre français du nom de Joseph Constant
débarquant pour la première fois en Algérie et reçu par Mario, un autre peintre
français qui se confond allègrement aux indigènes dont il a épousé les us et
coutumes au fil des années passées en Algérie : « Mario ! Mario
Puzzo, mon ami !! Te voilà plus Arabe que les Arabes ! » (10),
s’exclame Joseph Constant à sa descente du bateau. Dès lors, le décor est
planté et la suite du récit, on s’en doute bien, va balader le lecteur dans les
méandres d’une histoire coloniale franco-algérienne tantôt sur fond de guerre
et de terreur, tantôt sur fond de détente et de joie, mais toujours fascinante
tant les évènements sociopolitiques savamment
panachés avec des histoires d’amour sont pleins de rebondissements et
d’enseignements sur un passé qui, aujourd’hui encore, hante les relations
franco-algériennes. A travers sa diégèse franco-algérienne et coloniale, Carnets d’Orient se laisse en effet découvrir
au fil des pages comme un roman historique et graphique.
1. Un roman historique
La diégèse[4]
de Carnets d’Orient est
franco-algérienne et coloniale. Elle renferme une multitude d’indices spatiaux
et temporels qui lui confèrent une logique artistique de l’ordre du réalisme
fondé sur l’exigence de la vraisemblance. En effet, Jacques Ferrandez situe
explicitement son récit dans un cadre spatial Franco-algérien, en recourant à
des toponymes qui relèvent principalement de deux isotopies : d’une part
l’isotopie de l’espace Français avec des toponymes comme France, Paris, Loire,
Nice, Sedan, Monmartre, Belleville, Bordeaux, Marseille ; d’autre part
l’isotopie de l’espace algérien constitué par les toponymes tels que Alger,
Mascara, Constantine, Orléansville, Bône, Oran, etc. Même le personnage de
Djemilah fait tout de suite penser à une cité antique algérienne du nom de Djemila. D’autres toponymes traversent
certes le récit à l’instar de l’Indochine, du Diên Biên Phu, etc., mais
toujours comme espace secondaire ou comme simple élément du discours et jamais
comme espace du déroulement de l’intrigue, ce qui fait des macro-espaces que
sont la France et l’Algérie les deux véritables cadres spatiaux du récit. Comme
on peut le voir à travers les toponymes susmentionnés, il existe un consensus homotopique[5]
entre ces espaces fictionnels de Carnets
d’Orient et leurs univers de référence franco-algérien. Ce consensus homotopique s’accorde bien
avec les données temporelles du récit pour renforcer l’effet du réel car l’intrigue
couvre une période historique de l’Algérie qui s’étend de Mai 1836 à avril 1962
et qui correspond à la période de la présence française en Algérie. Rappelons
qu’historiquement la France occupa l’Algérie de de 1930 à 1962 avec, à partir
de 1954[6],
le début d’une révolution qui débouchera sur l’indépendance de l’Algérie 8 ans
plus tard. En effet, le réalisme[7]
de Carnets d’Orient est renforcé par
des culturèmes[8] et
des paysages qui réfèrent aux univers culturels français et algérien, mais
surtout par des faits et des personnages historiques franco-algériens évoqués
ou mis en scène. Entre autres grands évènements historiques de l’Algérie et de
la France qui s’enchainent dans le récit, nous avons l’expédition militaire de
Constantine en 1937, la guerre franco-prussienne de 1870 à 1871, la révolte
Kabyle de 1871, le séisme algérien de 1954, le putsch d’Alger du 13 mai 1958,
l’offre de « la paix des braves » au FLN par le général de Gaulle en
octobre 1958, l’indépendance de l’Algérie en juillet 1962... Au rang des
personnages attestés par l’histoire, nous avons l’Emir Abd el-Kader (chef
militaire et religieux algérien, Abdelkader ibn
Muhieddine de son vrai nom, 1808-1883),
le général Bugeaud (officier français, 1784-1849),
Youssouf (officier français, Joseph Vantini de son vrai nom, 1808-1866), Etienne Dinet (peintre
orientaliste français), Momo (poète et philosophe algérien, Mohamed Brahimi de son vrai nom, 1918-1997), le
général Damnémont (officier français,
1783 -1837), Mario (peintre français, Marius
Marie Joseph Pérouse de son vrai nom,
1880-1958), Joseph Constant (peintre français, Jean-Joseph Benjamin-Constant de son vrai nom, 1845-1902)…
A travers ces deux composantes essentielles de sa diégèse que sont l’espace
fanco-algérien et le temps colonial, Carnets
d’Orient invite donc son lectorat, de façon implicite mais fort évidente, à
ne pas le ranger dans le seul domaine de la fiction tel que le prescrirait son identité
artistique, mais à prendre en compte ce côté réaliste que lui confère une
dimension historique. De façon plus explicite, il y a une note paratextuelle à
l’orée de chaque chapitre qui relève d’un témoignage de personnes ressources
sur la véracité des évènements du récit. A la fin des chapitres, notamment dans
le second cycle, nous avons même les références bibliographiques des ouvrages
historiques qui ont nourris la fiction, précédées de la mention suivante :
« Ce récit, bien qu’imaginaire, est librement inspiré de faits tels qu’ils
ont été relatés par les acteurs et les témoins de la guerre d’Algérie, ainsi
que par le travail des historiens ».
2. Un roman graphique
Carnet d’Orient est un
roman graphique. Dans son acception commune, « un roman graphique
est un type de récit en images au format en général plus dense et au contenu en
général plus complexe que la bande dessinée » (Cöme Martin 2018 :1).
De l’avis d’un certain nombre de critiques, le roman graphique a révolutionné
la bande-dessinée autrefois relégué dans la para littérature. Cécile et ali (2014) expliquent :
La bande-dessinée
a longtemps souffert de sa mauvaise réputation : décrite comme violente et
destinée aux analphabètes, elle a parfois été censurée. En effet, elle est,
depuis sa création par Rodolphe Töpffer au XIXème siècle, considérée comme
inférieure [par rapport à] la littérature que l’on pourrait [qualifier de] plus
conventionnelle. Mais depuis les années 70, la bande dessinée s’est affirmée
dans le monde de la culture, se rendant ainsi légitime en tant que
style/catégorie littéraire. Cela grâce à un nouveau genre : le roman graphique.
Le roman graphique a donc révolutionné la bande dessinée.
Si nous nous en tenons à ces critiques, le
roman graphique doit son caractère révolutionnaire à son sérieux, un sérieux
qui lui vaut de transcender l’univers de la jeunesse auquel la BD se limite
généralement pour gagner en intérêt auprès d’un publique adulte. Ces deux
paramètres, « sérieux » et « publique adulte », on les
retrouve dans cette autre définition du roman graphique selon Wikipédia:
« Un roman graphique désigne généralement une bande dessinée longue,
plutôt sérieuse et ambitieuse, destinée à un lectorat adulte ». Il va sans
dire que le choix générique de Carnet
d’Orient est fait à dessein car dans le fond, il traite de sujets on ne
peut plus sérieux, d’autant plus sérieux qu’ils ont trait à une période de
l’histoire du peuple algérien dont le caractère particulièrement douloureux
affecte encore les Algériens. Toutefois, s’il se revendique une forte qualité
documentaire en abordant les questions coloniales qui restent d’une grande
actualité par leurs effets postcoloniaux, Carnet
d’Orient se veut avant tout un roman, c’est-à-dire le produit d’un
processus de création artistique.
Pascale
Argod[9]
dit du roman graphique qu’il s’agit d’un genre « au carrefour des
influences artistiques, des arts graphiques aux arts plastiques (…) ».
Cette définition fait de l’intermédialité et plus spécifiquement de l’interartialité[10]
une caractéristique fondamentale du roman graphique. « Si nous entendons
par "intermédialité" qu'il y a des relations médiatiques
variables entre les médias et que leur fonction naît entre autres de
l'évolution historique de ces relations, cela implique que la conception de
"monades" ou de sortes de médias "isolés" est irrecevable
(...)[11] »,
explique Jurgen Ernst Müller, l’auteur du concept d’intermédialité. A la suite de Müller, Michel
Fournier qualifie d’intermédiatique « ces références qui font appel soit à
un autre média, soit à des produits d'autres médias, en tant que leur
provenance devient significative[12]
». C’est dans la même perspective que Germain Lacasse désigne par « "sphère
intermédiatique" l'espace symbolique constitué par les médias dans leur
rapport avec les communautés[13]
». Entre autres techniques intermédiales, nous avons le graphisme, c’est-à-dire
l’utilisation de divers « éléments graphiques (dessins, caractères
typographiques, photos, couleurs, etc.) pour élaborer un objet [culturel ou] de
communication[14] ».
Au vu de
son univers multimédiatique, Carnet
d’Orient apparait comme une sphère intermédiatique dont le procédé de
création intermédial est fondé sur la technique du graphisme. Ce procédé
consiste en la conjugaison de plusieurs supports médiatiques de type graphique
dont les interactions aboutissent à l’élaboration d’un média à part entière, d’un
objet d’art qui a pour projet médiatique la diffusion esthétique d’une période
douloureuse de l’histoire franco-algérienne. Les principaux médias mis à
contribution sont : le dessin, la calligraphie, la peinture, la
photographie, la presse écrite. Il s’agit d’une sphère intermédiatique qui fait
la part belle à l’image et au visuel. Si la plupart de ces médias ont la spécificité
commune d’être des arts, il reste que chacun est doté d’une notoriété et d’un
dispositif technique propre par lequel il génère une sensation et un effet de
sens différents, sans quoi d’ailleurs leur combinaison serait sans intérêt. En
effet,
Si le médium
semble simplement transmettre un message selon le schéma du télégraphe devenu
un moment classique dans les théories de la communication : émetteur-message-récepteur,
il s’agit en fait de rappeler qu’il faut aussi prendre en compte l’opacité
propre à chaque médium et, surtout, les configurations spécifiques de sens et
les jeux de pouvoir particuliers qu’il implique. […] la communication n’est jamais
transparente : elle est toujours déjà impliquée dans des
“ matérialités“, c’est-à-dire au sein de dispositifs techniques (qu’ils
soient sensibles, idéologiques, institutionnels, etc.) qui conditionnent à la
fois sa production et sa réception : “on ne peut faire l’économie de la
technologie impliquée dans tout médium : elle joue, au contraire, un rôle
important dans les manières d’appréhender et de construire du sens, même si
elle doit disparaître sous ce qu’elle permet de transmettre. Ainsi, dans le processus
de transmission des contenus, la techné est indissociable du logos; […] elle en
est même une des conditions essentielles.[15]
Les
différents arts de Carnets d’Orient
coexistent donc dans un rapport de complémentarité qui suppose la mise à contribution
de la spécificité artistique/médiatique de chacun. La particularité de ce
procédé de création c’est de faire d’un ensemble d’arts distincts des
composantes indissociables d’une structure artistique unique. Il en résulte un
objet d’art (ou de communication) qui ne doit son identité et sa signifiance
qu’à l’interaction de ces différentes composantes, à l’instar d’une symphonie
qui est le produit d’une harmonisation des différentes sonorités d’un orchestre
musical : ce n’est ni à l’une ni à l’autre de ses composantes artistiques
que Carnet d’orient doit son « être
poétique » et sa signifiance. Il est le produit de l’interaction de toutes
ces composantes à la fois, en tant que chacune d’elle est dotée d’une
médiativité[16] : le dessin visualise les personnages et leur
environnement dans une perspective qui rappelle l’idée de création et suscite
la sensibilité poétique du récepteur de l’œuvre. La nature poétique et plutôt
vraisemblable[17] du dessin est aussitôt renforcée
par la photographie dont la notoriété[18]
rappelle plus l’idée du réel : les multiples photos des faits historiques
ainsi que les coupures de journaux qui se rapportent à ces faits, insérées le
long du récit, produisent à la réception un sentiment du réel ou du vrai. La
photographie capte l’objet avec une fidélité que la subjectivité du peintre et
du dessinateur ne permet pas d’atteindre. Comme le dessin, la peinture est un
art qui tend à reproduire le réel dans une démarche artistique qui autorise à
l’artiste des libertés par rapport à l’objet représenté. Elle a cependant une
particularité c’est qu’elle va au-delà du dessin (un peintre c‘est d’abord un
dessinateur) pour rechercher plus d’effet à la réception. Dans le cas d’espèce,
la peinture ne constitue pas à proprement parlé un matériau d’élaboration du
récit, mais l’évocation des peintres célèbres participe à la construction du
sens de l’oeuvre. Alors que les autres arts entretiennent avec la sphère intermédiatique
de Carnets d’Orient une relation intermédiale
qui est une relation de coprésence, la peinture se situe en effet à d’autres
niveaux relationnels que sont la dérivation et la critique[19]
(nous y reviendrons). L’écriture est ce par quoi les arts précédemment évoqués
tissent leur cohésion d’ensemble, ce par quoi ils construisent la synergie
nécessaire à leur projet médiatique commun : l’écriture renforce et
canalise l’expressivité ainsi que les effets de sens que ces arts renferment ou
suscitent à travers leurs notoriétés et leurs technés[20]
respectives. Son côté calligraphique[21]
est un marqueur esthétique qui s’harmonise à la sphère artistique de Carnets d’Orient pour rappeler son
identité artistique.
En
mobilisant la notoriété, la techné et la médiativité de chacun des six arts
majeurs qui le composent, Carnet
d’Orient trouve un équilibre certain entre le domaine du réel et celui de
la fiction. Cette situation à cheval entre le réel et la fiction lui permet de
générer un sentiment de vraisemblance autant qu’elle lui confère une double identité
d’œuvre d’art et de document d’histoire, ce qui en dernier ressort le situe
dans la catégorie générique de roman historique. Ce choix générique et ses
mécanismes précédemment décrits permet à Jacques Ferrandez de désamorcer les
passions que suscitent encore la guerre d’Algérie, ou tout au moins
d’aborder les sujets qui s’y rapportent avec un conditionnement poétique qui
impose le beau au tragique des évènements rapportés et qui en atténue les
douleurs.
II. Pour une lecture alternative du passé colonial franco-algérien
Carnet d’Orient « nous invite à nous méfier de l’histoire officielle
(…) [et] à affronter notre passé avec ses parts d’ombre[22] ».
Cette observation du quotidien algérien El Watan fait écho aux objectifs des
études postcoloniales qui se proposent d’étudier le fait colonial. En effet, le
discours colonial dont il a très souvent été démontré qu’il reposait sur des
stéréotypes et des préjugés, sur la
distorsion et la falsification de la réalité historique du colonisé, a survécu[23]
à l’érosion du temps et des contre-discours et tend encore à s’imposer à l’ère
post-coloniale comme un discours d’évidence, avec tout ce que cela comporte
comme conséquences relationnelles désastreuses entre des peuples qui ont un passé
colonial commun. Dans un tel contexte, les études postcoloniales se proposent entre
autres de produire « une lecture alternative de notre
modernité» (A. Mbembe 2010 :1), en suscitant un regard nouveau sur le fait
colonial de manière à affranchir les imaginaires post-coloniaux des pesanteurs
que génère le passé colonial. Les études postcoloniales ont une visée
anthropologique consistant à favoriser le développement d’un contexte
post-colonial où la cohabitation serait de moins en moins infesté (ou corrompu)
par l’expérience coloniale[24].
Mais cet idéal de fraternité entre des peuples qui ont connu l’expérience
traumatisante[25] de la colonisation ne
saurait se bâtir sur des contre-vérités et souligne comme préalable la
nécessité de rétablir les faits historiques déformés par le discours colonial.
Aussi le postcolonialisme se propose-t-il de déconstruire la prose coloniale.
C’est dans cette perspective de recherche que les travaux d’Edward Saïd[26],
par exemple, relèvent que l’Orientalisme
est l’expression d’un fantasme occidental sur l’Orient[27].
Nous allons voir à présent que Carnet
d’Orient, par un certain nombre de procédés narratifs, nous suggère lui
aussi une lecture alternative du discours orientaliste sur l’Algérie. Nous
reconstituerons l’imaginaire français de l’Algérie tel que Carnet d’Orient nous donne à découvrir tout en montrant comment,
dans une démarche à rebours, le récit dément cet imaginaire en suggérant une
autre lecture du fait colonial. Nous verrons que la lecture alternative du
passé colonial franco-algérien suggérée par Carnets
d’Orient s’attaque aussi à la posture de simple victime que certains ont
tendance à s’assigner, ce par quoi l’auteur s’insurge contre toute perception
manichéiste de l’histoire coloniale franco-algérienne et indique par la même
occasion la nécessité d’une remise en cause de part et d’autre.
1. L’imaginaire français de l’Algérie : entre préjugés et stéréotypes
Dans son ouvrage Les
concepts fondamentaux de la psychologie sociale, Gustave-Nicolas Fischer (1996 :113) parle du préjugé et
du stéréotype en ces termes :
Le préjugé peut être défini comme une
attitude comportant une dimension évaluative, souvent négative, à l’égard de
types de personnes ou de groupes, en raison de leur appartenance sociale. C’est
une disposition acquise dont le but est d’établir une différenciation sociale.
D’une façon sommaire, on peut dire que le préjugé est une discrimination
mentale qui peut aboutir sur une discrimination comportementale. On peut donc
distinguer deux composantes essentielles : l’une cognitive et l’autre
comportementale. Le préjugé présente les caractéristiques de toute
attitude ; en tant que tel, il est le fruit d’une combinaison entre une
croyance et une valeur.
Le stéréotype (…)
est une manière de penser par clichés, qui désigne les catégories descriptives
simplifiées basés sur des croyances et par lesquelles nous qualifions d’autres
personnes ou d’autres groupes sociaux. (…) Ce concept désigne aujourd’hui de
manière large l’ensemble des catégories dans lesquelles nous plaçons les autres.
Selon
Fischer (Ibid.112), préjugés et stéréotypes seraient
« les deux composantes d’un même processus de catégorisation qui consiste
à découper [la société] en catégories distinctes ». C’est dire qu’ils ne
favorisent pas le contact et les échanges entre les groupes sociaux. C’est
ce que souligne Laurence Flecheux[28]
qui les présente comme « des filtres qui bloquent les relations
interpersonnelles » et traduisent l’imaginaire social de l’espace à partir
duquel ils sont articulés[29].
Habitudes de jugement non confirmées par des preuves, chaque société les fournit
à ses membres par le biais de la famille, du milieu social, de l’école, des
médias. Le phénomène est d’autant plus accentué dans des sociétés coloniales
que la machine coloniale repose sur une logique bipolaire. Cette bipolarité de
l’Algérie française raisonne dans cette mise en garde qu’un officier colonial
adresse à un administrateur colonial qui se prend d’amitié pour les colonisés :
« (…) Il faut les tenir à leur place,
sinon ils ne nous seront jamais soumis » (C1 :163). En effet, l’univers
diégétique de Carnet d’Orient
renferme de nombreuses données relevant de la catégorisation négative des Algériens.
Lors du centenaire de l’Algérie française, une presse coloniale explique :
« Au lendemain de la conquête, nous avons trouvé d’un bout à l’autre de l’Algérie,
l’ignorance, la misère et l’anarchie dans un pays où les tribus étaient
périodiquement décimées par les épidémies, les famines et les luttes
intestines » (C1 :224). L’idéologie du colonisateur civilisé et du colonisé
sauvage est ici activée, ce qui fait respectivement de la colonisation et
du colonisateur une providence et un bienfaiteur[30]
pour le colonisé. Cette idéologie est déclinée tout au long du récit de Carnet d’Orient sous diverses formes qui
trouvent leurs démentis dans le même récit.
L’officier Courteuil de l’armée
française déclare : « On
sait (c’est prouvé) que les Arabes sont inéducables…Leur développement mental
s’arrête à la puberté…Et puis, même si on leur apprenait à lire en français, on
ne pourrait pas leur apprendre à penser en français » (C1 : 162). Le
présent de l’indicatif employé ici à une valeur de vérité général tandis que
l’expression "on sait" a valeur d’autorité. Ces deux choix
grammatical et stylistique confèrent à l’idée exprimée un caractère d’évidence,
de vérité établie, non contestable, admise par tous. Le projet colonial
officiel tente ainsi de se légitime. Mais dans le même temps, il révèle sa
supercherie : la phrase du commandant Courteuil laisse entendre que les
Algériens ont un problème d’éducation, ce qui rejoint l’isotopie sémantique du
sous-homme : ignorance, irrationalité, barbarie, incapacité, sauvagerie,
anarchie… par laquelle le discours colonial tente de légitimer le projet
colonial consistant à leur apporter la civilisation. Mais l’idée selon laquelle les Algériens sont
« inéducables » et que « leur développement mental s’arrête à la
puberté », en étant véhiculé par le même énoncé, neutralise l’objectif
recherché par son énonciateur et lui confère un non-sens. Dès lors, les intentions
affichées de l’entreprise coloniale se voient teintées de doutes, un doute qui
est renforcé par cette autre phrase prononcée par le même officier :
« Il faut être convaincu autant qu’eux que nous leur sommes
supérieurs…c’est une question de survie (…)» (C1 :163). Le voile est
définitivement levé lorsque cet officier poursuit sa mise en garde en ces
termes : « Vous voulez les instruire et en faire nos égaux, mais un jour
ils voudront être les maîtres » (C : 163). En effet, l’éduction
constitue « l'un des principaux moyens permettant d’éliminer les
stéréotypes, notamment par le développement de l’esprit critique et de la
morale[31] ».
En cela, les inquiétudes de cet officier de voir des Algériens instruits
montrent bien que le projet colonial n’est pas celui qu’il prétend être, qu’il
n’est aucunement porté par une quelconque volonté d’apporter la
"lumière" au colonisé[32].
On observe à ce propos que l’idéologie coloniale se dément également à travers
un système éducatif qui entretient et renforce les stéréotypes : les
petits algériens sont confrontés à un traitement discriminant tandis que les
fils de colons ont droit à des traitements de faveur. (193-197).
Le réel projet colonial se
révèle donc essentiellement impérialiste, aux antipodes même des thèses
officielles. Pour le colon, l’Algérie n’est en fait qu’une orange dont il faut
se gaver au maximum du jus[33].
Cette idée que le colon français a de l’Algérie est d’autant plus vraisemblable
que le personnage de Courteuil qui l’exprime implicitement est tout à la fois
un colon et un haut gradé de l’armée coloniale, deux qualités qui confèrent un
réel crédit à ses propos. Cette révélation du commandant Courteuil est
confirmée plus loin par toute la bourgeoisie coloniale lors d’un dîner :
« Je voudrais vous dire ici au nom de tous les congressistes la joie que
nous avons eue d’avoir découvert l’Algérie. Et nous sommes loin d’en avoir
épuisé tous les charmes ! » (C1 : 236). Cette déclaration est de
Casimir, un des colons les plus prospères et les plus respectés d’Algérie, au
moment où il invite ses coreligionnaires à trinquer pour cette poule aux œufs
d’or qu’est l’Algérie.
On le voit, le procédé narratif
de Carnet d’Orient a quelque chose
d’hypnotique[34]
car il consiste à faire mentir le discours colonial officiel par ses propres
acteurs à travers des aveux souvent inconscients.
Les poncifs de l’Arabe voleur, violent et
vindicatif sont légions dans l’imaginaire français de l’Algérie. Ils
s’illustrent notamment dans ces propos
de Charvin (un officier français) à l’adresse du Capitaine Brousseaud qui vient
de trancher un litige de vol de mouton entre deux Algériens : « Ils sont chicaniers, querelleurs, plaideurs et vindicatifs,
ils passent leur temps à se voler entre eux ou à se tirer des coups de fusil (…) »
(C1 : 103). Dans une réplique qui semble corroborer à demi-mots les propos
de Charvin, Brausseaud déclare : « Ils ont beaucoup de défauts,
Charvin, mais ils ont une qualité que nous n’avons pas : ils sont ici chez
eux » (C1 : 103). Par rapport aux colons, les colonisés n’auraient ainsi
pour seule et unique qualité que le fait d’être chez eux.
Comment donc comprendre que
des gens subordonnés et asservis sur leurs propres terres soient affublés de
qualificatifs de violent et de voleur par leurs propres bourreaux ? Il y a
lieu en effet de se demander qui du colon français et du colonisé algérien
mérite le mieux les qualificatifs de voleur et de violent. En effet, l’une des
caractéristiques majeures du discours colonial consiste, dans une démarche qui
relève vraisemblablement de la projection[35],
à retourner contre le colonisé des reproches qui pourraient légitiment être
formulés contre le colon, l’intérêt étant d’évacuer de la conscience de ce
dernier tout sentiment de culpabilité nuisible à son projet colonial: si le
colonisateur s’empresse de qualifier le colonisé de barbare, c’est pour dissiper
sa propre barbarie qui lui saute aux yeux de façon insupportable. C’est donc
dans une logique relevant de la distorsion et de la projection que les
Algériens se voient catégorisés comme des gens violents, voleurs et vindicatifs
par ceux là-même qui justement leur ont volé leurs terres en usant d’une
violence d’autant plus destructrice qu’elle est à la fois physique et
psychologique. Le récit de Carnet
d’Orient compte évidemment de nombreux cas de violence et de coup de vol
orchestrés par des Algériens, le plus souvent contre le colonisateur. Mais il
s’agit de comportements qui trouvent leur explication dans un contexte colonial
qui contraint bon nombre d’Algériens à recourir à des larcins et à la violence
pour subsister. Dans sa logique "distorsionnaire", le discours
colonial recourt donc également à l’essentialisation, un processus discursif
qui consiste à fixer durablement sur le colonisé des comportements pourtant
transitoires, contextuels. Cette tendance à la distorsion qui caractérise le discours
colonial est une fois de plus subtilement soulignée par le récit à travers
le dévoilement des pensées profondes d’un colon devenu un riche propriétaire
terrien grâce à l’expropriation des Algériens: « On a fusillé leurs
Chefs, a rasé leurs villages, et on leur a pris leurs terres…Croyez-vous qu’à
ce compte on puisse avoir une paix durable » (C1 : 136).
2. L’Algérie ou le paradis français manqué
Entre autres conséquences liées à la catégorisation
sociale par le moyen des préjugés et stéréotypes, il y a l’accentuation du
sentiment de différence entre des personnes appartenant à des groupes distincts
et, inversement, la minimisation du sentiment de différence entre les membres
d’un même groupe de manière à entretenir une atmosphère sociale où règne une
commune représentation de l’étranger. Immuables et impassibles à tout démenti,
les stéréotypes et les préjugés[36] négatifs ont un effet dévastateur sur le groupe contre
lequel ils s’articulent s’ils arrivent à s’imposer dans son imaginaire[37],
comme ce fut le cas dans beaucoup de pays colonisés[38].
En effet, comme l’explique Laurence Flecheux (1999), « Stéréotypes
et préjugés s’inscrivent dans une tendance spontanée de l’esprit humain à la
schématisation qui constitue une tentative pour maîtriser son environnement ».
Ils sont donc essentiels à la perpétuation de l’ordre colonial. Ils répondent
aux besoins du système colonial non seulement d’entretenir la cohésion et l’assurance
au sein de son propre groupe mais aussi de garder le contrôle sur le groupe
colonisé. Toutefois, ce système de représentation de l’autre par catégorisation
produit un effet de miroir car il
consiste moins, pour le groupe qui le produit, à représenter
l’autre qu’à se représenter soi-même à
travers l’autre. Plus exactement il consiste en l’auto-valorisation (à travers
des auto-stéréotypes[39]) par la dévalorisation de l’autre. À ce propos, Laurence
Flecheux (1999) déclare:
Les stéréotypes ont une
double fonction identitaire et cognitive. Ils concourent à la production de
frontières entre ce qui est "nous" et ce qui est "hors
nous". La définition de soi est fondée sur la construction d’une
différence. Attribuer à autrui un modèle de conduite divergent, voire contraire
à celui qu’on partage, permet de se définir en référence à lui : être, c’est
être autre. La dévalorisation de l’autre est presque toujours corrélative de la
valorisation de son propre groupe.
Cette autoréférentialité de la catégorisation négative d’un groupe
humain par un autre permet d’aller aux fondements de la véhémence du discours
colonial en Algérie. Il faut dire que l’Algérie des années 1800 est un cadre de
vie rêvé pour bon nombre de Français : « Regarde tous ces émigrants
qui arrivent par bateaux entiers. Bientôt ce pays (l’Algérie) se couvrira de
fermes et de villes européennes » (C1 : 69), observe Mario. « Il y a
des milliers de gens qui sont venus dans ce pays magnifique, le plus souvent
poussés par la misère, pour construire une nouvelle société, associant les
Arabes à leur réussite » (C1 : 260), ajoute Paul. Cette version des faits
est attestée par Louis Gardel[40] dans
la préface de Le Cimetière des princesses
lorsqu’il explique que « pour la plupart des pieds-noirs, l’Algérie était
un paradis terrestre, bien terrestre, où il suffisait de vivre devant soi, sans
se poser de question, pour être heureux» (C1 :286). Faite par des pieds-noirs
eux-mêmes, une telle révélation est elle-même révélatrice du degré de
frustrations et de la mélancolie qui animaient le colon français face à la
résistance du colonisé algérien. Ces sentiments de mélancolie et de frustration
transparaissent dans cette affirmation de Joseph
Constant pour qui la peinture de l’Algérie, depuis son retour en France, semble
être devenue un exutoire: « L’Orient est une femme qui tantôt s’offre, tantôt
se refuse. L’Orient est une femme que nous voulons prendre et posséder en
allant jusqu’au viol. L’Orient est une femme qui nous échappera toujours » (C1 :
72).
Si nous nous
situons dans une perspective psychanalytique, les qualificatifs dévalorisants
dont le colon français affuble le colonisé algérien rendent compte d’un certain
inconfort psychique du premier, un inconfort consécutif à une rencontre
amoureuse impossible entre les Français et le territoire algérien.
L’impossibilité de conquérir l’Algérie et ses merveilles fait de l’Algérien,
obstacle de cette conquête, un objet de défoulement[41].
On a affaire ici à un cas de défoulement qui s’illustre aussi bien par les
représentations sociales[42]
— telles que nous l’avons vu plus haut — que par les représentations
artistiques de l’Algérie. On le sait depuis Freud, l’art est un dérivatif pour
les artistes, « le dernier refuge contre la laideur du monde » (C 2:
225). Freud clamait à ce propos que « les
artistes se servent de leurs œuvres pour projeter dans le monde extérieur des
fantasmes inassouvis[43] ».
« Depuis
mon expérience en l’Algérie, explique Joseph Constant, je n’ai cessé de
chercher à peindre les mystères et les beautés de l’Orient » (C1 :72). Après son expérience
douloureuse de l’Algérie, ce peintre français tente en réalité de faire passer dans
la peinture des tensions générées par ses pulsions et désirs irréalisés et
irréalisables. Et lorsqu’il déclare : « Je vais essayer de me
remettre à peindre. Il faut que je réapprenne les raisons qui m’ont fait aimer
ce pays. C’est ça que je dois mettre sur la toile » (C1 : 69), il
laisse ainsi entendre la grande difficulté qui est sienne, intérieurement
blessé qu’il est, à empêcher que ses sentiments négatifs envahissent ses
représentations de l’Algérie. Son amour passionnel et avorté pour la belle Algérienne Djemilah apparait au
final comme une expression symbolique de cet amour inassouvi que la France
coloniale éprouva pour l’Algérie.
Restons dans une perspective psychanalytique. Le choix
d’un personnage peintre dont le nom, Joseph Constant, est identique à celui
d’un peintre orientaliste —
Jean-Joseph Constant — n’est pas fortuit non plus. Il s’agit
vraisemblablement d’un prétexte pour produire un contre-récit du récit
orientaliste, un contre-récit qui confère une autorité du récit fictionnel sur
le récit historique répandu par l’orientalisme. A cet effet, le fait pour
l’héroïne de Le Cimetière des
princesses de refaire l’itinéraire du personnage de Joseph Constant plus
d’un siècle et demi après le passage de ce dernier en Algérie laisse apparaitre
une volonté manifeste de réinterroger, symboliquement, la perception
orientaliste de l’Algérie[44].
Il convient de souligner que Jean-Joseph
Benjamin-Constant est connu comme un disciple d’Eugène Delacroix qui,
lui, est réputé comme le « chef de file d’un orientalisme romantique »
(Gaëlle Pengloan 2013). Lorsque Ferrandez amène
son personnage Sauveur à confondre les Carnets
de Joseph Constant à ceux de Delacroix (« On dirait tout à fait
les carnets de Delacroix » C1 :301) avant de se raviser, sa démarche vise à confondre ou à rapprocher ces deux grandes
figures de l’Orientalisme dans l’esprit de son lecteur. En effet,
Dans la
lignée d’un Eugène Delacroix qu’il admire, ce brillant coloriste [Joseph
Constant] se rapproche de l’orientalisme d’Henri Regnault, Mariano Fortuny,
Georges Clairin ou Jean-Paul Laurens. S’emparant des stéréotypes d’un Orient
colonial en suspens, Benjamin-Constant associe des odalisques nonchalantes à
des Maures farouches dans le cadre de compositions gigantesques, précisément
architecturées. Sa peinture d’histoire, d’inspiration byzantine ou biblique,
complète sa veine orientaliste. Ses tableaux saisissants mettent en valeur des
qualités chromatiques qu’il exprime avec une palette brillante[45].
Sur les traces de son maître Delacroix, Joseph Constant
appartenait donc à une école de pensée artistique dont on sait qu’elle était
axée sur l’exploration du moi profond de l’artiste, faisant de la
représentation du réel presque un simple prétexte pour mieux explorer les
profondeur de son âme, pour mieux exprimer ses tourments et sa mélancolie[46].
A ce propos d’ailleurs, Charles Baudelaire explique que « le romantisme n'est précisément ni dans le choix des
sujets ni dans la vérité exacte, mais dans la manière de sentir. Ils l'ont
cherché en dehors, proclame-t-il, et
c'est en dedans qu'il était seulement possible de le trouver» (Baudelaire, cité par Terrier 1989 :
93). Parlant précisément du romantisme chez Delacroix il ajoute : C'est
«l'intimité du sujet», «le sens de l'intimité» qui constitue l'originalité de
Delacroix. Comparant le peintre à Victor Hugo, Baudelaire note qu'il possède
«l'intelligence intime du sujet», dont il «arrache les entrailles» (Baudelaire,
Ibid.), alors que l'écrivain n'en
retire que l'enveloppe extérieure et s'attache aux détails. Il s'agit de
comprendre les choses de l'intérieur, d'en saisir l'essence, la face cachée ou
mystérieuse, de les pénétrer avec son âme et sa sensibilité. «Un tableau doit avant
tout repro¬ duire la pensée intime de l'artiste, qui domine le modèle, comme le
créateur la création», remarque encore Baudelaire à propos de Delacroix, dont
il décrit ainsi la «spécialité»: On pourrait dire que, doué d'une plus riche
imagination, il exprime surtout l'intime du cerveau, l'aspect étonnant des
choses, tant son ouvrage garde fidèlement la marque et l'humeur de sa
conception. C'est l'infini dans le fini. C'est le rêve! [...] En un mot, Eugène
Delacroix peint surtout l'âme dans ses belles heures. (Baudelaire, Ibid.).
En considérant les difficiles rapports du monde
occidental avec l’Orient d’une part, les principes romantiques qui orientent
l’art orientaliste d’autre part, on a une des explications de cette
représentation déformée du monde Oriental qu’Edward Saïd qualifie de
« création de l’Occident », considérant qu’elle est dominée par
un sentiment de confrontation. « Benjamin-Constant : mirages et
merveilles de l’orientalisme »[47]
est le titre d’une exposition des œuvres de Joseph Benjamin-Constant qui renseigne
sur sa perception déformée des réalités orientales. A travers le personnage de
Joseph Constant, double fictionnel de Joseph Benjamin-Constant, Carnets d’Orient donne donc finalement à
penser certaines représentations orientalistes de l’Algérie comme relevant plus
de la sublimation que du mimesis et dominées par des affects négatifs de leurs
auteurs. On
peut conclure que Carnets d’Orient
s’inscrit dans une relation hypermédiale induisant un lien de dérivation avec
l’œuvre orientaliste de Joseph Benjamin-Constant et d’Eugène Delacroix, tous
deux considérés comme les pionniers du style Carnets de voyage[48].
De l’avis de certains critiques d’art, Delacroix serait le fondateur du genre
Carnets de voyage[49].
Du point de vue générique, Jacques Ferrandez apparait donc comme un
continuateur de Delacroix et de son disciple Joseph Constant. Mais du point de
vue de l’imaginaire français de l’Algérie, il semble convoquer ses devanciers
dans son œuvre pour mieux les réfuter, pour mieux marquer sa rupture ou distanciation
à travers un mode de représentation de
l’orient qui se veut plus objectif, libéré de ces stéréotypes et
sentiments de supériorité occidentaux qui aveuglèrent autrefois les
orientalistes dans leur représentation du monde oriental.
3.
La problématique du bourreau et
de la victime
« Toute société préfère une histoire plus
fausse que la vraie quand elle est constitutive de ce qui fait qu’elle ne
s’écroule pas » (C2 : 273). Mais en passant sous silence certaine
atrocités de l’histoire, on s’expose à leur répétition. C’est à ce titre qu’il
est nécessaire de ressasser l’histoire dans ses aspects glorieux comme dans ses
aspects fangeux. Ferrandez est soucieux de saisir la réalité coloniale
franco-algérienne dans sa multiplicité et dans sa complexité. En montrant les
atrocités du FLN[50]
et du MNA[51], notamment à l’égard des populations
algériennes, cette œuvre donne aussi à reconsidérer les méthodes de lutte des
combattants du système coloniale. Est-ce que la fin seule justifie les
moyens ? Ce problème est subtilement posé et débattu sans état d’âme au
fil du récit, nous amenant finalement à l’évidence que les victimes de la
guerre d’Algérie ne furent pas que du côté de l’oppressé et que les bourreaux
ne furent pas que du côté de l’oppresseur. De la même manière que le discours
colonial est démenti par les colons eux-mêmes, la nécessaire autocritique du
colonisé que Ferrandez semble appeler de tous ses vœux est activée lorsqu’il
fait de la figure historique d’Abd el-Kader le critique des méthodes de lutte
anticolonialiste (C2 :88), alors même que celui-ci est célébré par les
Algériens comme le héros de l’indépendance de l’Algérie (C2 :89). En
effet, à travers certains de ses leaders, à l’instar de Areski, le FLN apparait
parfois tout aussi nuisible au peuple algérien que le système colonial qu’il
combat. S’en prenant mortellement au bétail des populations qui ne se
soumettent pas lui, tuant les chefs de villages qui contestent son autorité,
arnaquant les populations pour passer du bon temps dans des contrées
lointaines, loin des luttes de libération nationale, transgressant allègrement l’éthique
sociale algérienne, ils sèment partout la terreur (C2 : 174-176). Cette
terreur à laquelle le FLN soumet son propre peuple explique en grande partie,
tel qu’on peut le voir dans le récit, la collaboration de certains algériens
avec le système colonial. En outre, les rivalités d’une part entre les
principaux groupes révolutionnaires que sont le FLN et MNA, d’autre part entre
les principaux groupes ethniques que sont les Arabes et les Kabyles, sont
essentiellement nuisibles au peuple algérien. Tout ceci génère des compromis et
des compromissions avec le système colonial qui rendent complexe la
problématique du bourreau et de la victime, toute chose qui pousse le personnage
d’Ali — un des révolutionnaire du FLN (encore une démarche autocritique) — à
inscrire ces propos de Camus sur le mur de sa cellule avant de se donner la
mort : « Bientôt l’Algérie ne sera peuplée que de meurtriers et de
victimes. Bientôt, les morts seuls y seront innocents » (C2 : 153).
Alors que de chaque côté on prétend lutter pour sa cause, le peuple algérien se
sent pris en sandwich entre les révolutionnaires et le système colonial :
« Tout le monde veut nous tuer », constate Saïd (C2 : 61).
De même, du côté des colons,
on note que certains français étaient animés par de bons sentiments envers les
colonisés. Convaincus de leur mission de civilisateur et soucieux de justice et
de respect envers le colonisé, ils étaient probablement trop aveuglés par les
principes de liberté et de droit de l’homme d’une France mythique pour se
rendre compte de la supercherie coloniale. C’est le cas du Capitaine Brousseaud
qui finit ses jours dans une cabane en Algérie avec pour seule compagnie des
remords liés aux exactions dans lesquelles la machine coloniale l’a engagé en
tant que soldat : « je me suis rendu compte que nous étions en train
de faire aux populations ce que les Prussiens nous avaient fait pendant la
guerre de 1870» (C1 : 259), confesse-t-il. C’est également le cas du chef
de gare Jules à qui le militantisme pour l’éducation des colonisés coûtera une
affectation disciplinaire dans l’arrière-pays afin de le réduire au silence.
Son fils Paul et plus tard son petit-fils Octave se verront eux-aussi persécutés
pour leur remise en cause de l’ordre colonial. A travers cette famille de
pieds-noirs militants de la paix et de la justice sociale en Algérie, Jacques
Ferrandez s’inscrit en faux contre toute lecture manichéisme de la guerre
franco-algérienne. L’auteur nourrit ainsi le rêve d’une fraternité franco-algérienne
post-coloniale, un rêve dont la réalisation exige cependant de transcender les
confrontations et les blessures du passé.
4.
L’invitation à l’Au-delà
De la
mémoire coloniale, la postérité des colonisés a tendance à ne garder que les
blessures. Et pour cause, même si le système colonial lègue quelques
infrastructures aux colonisés, celles-ci ne représentent rien du tout dès lors
qu’il s’agit de les mettre sur la balance avec ce qu’il emporte mais surtout
avec les dégâts psychiques et culturels qu’il laisse. Cependant, il y a lieu de
souligner qu’en période coloniale, par-delà ce système et souvent contre lui, à
l’échelle des individus, de réelles histoires d’amour, de respect mutuels et de
fraternité ont existé entre Français et Algériens. De telles histoires méritent
mieux l’attention de la post-colonie franco-algérienne dans la mesure où c’est
elles qui peuvent fertiliser le présent et l’avenir des deux peuples.
Dans sa
théorisation des relations interculturelles, Homi K. Bhabha[52]
considère que la rencontre des groupes culturels différents génère une
coexistence qui peut variée d’une situation de bipolarité absolue à une
situation de cohabitation harmonieuse en passant par un rapport de confrontation. Dans un contexte
colonial, les stades de la bipolarité et de la confrontation sont inéluctables
du fait de la volonté d’asservissement du colonisé par le colonisateur. Mais le
stade ultime, celui qu’Homi K. Bhabha appelle « l’Au-delà », est le
stade rêvé car il repose sur les principes de reconnaissance et de respect
mutuels ainsi que du « droit à la différence dans l’égalité »
(Bhabha, 2007 :16). C’est
ici le lieu de la communion parfaite entre des sujets différents. Espace
virtuel parce que non identifiable dans la réalité objective, il est une vue de
l’esprit, une manière d’être se caractérisant par l’absence de toute limite, de
toute ambivalence ou de toute discrimination. Pour paraphraser Amin Maalouf[53], c’est ce
stade de l’évolution humaine où, prenant conscience de leur communauté de
destin sur terre, les hommes révisent leur conception de la notion d’identité
pour s’installer dans une logique où, sans pour autant renier leurs multiples
appartenances particulières, leur appartenance à la communauté humaine devient
la caractéristique première de leur identité. Sachant qu’ils sont condamnés à
vivre ensemble, la défense de la paix et de la justice entre les Algériens de
souche et les Algériens d’origine française aurait dû prévaloir sur
l’oppression et la domination quand des Français entreprennent de s’installer
en Algérie en 1800. Quelques personnages de Ferrandez manifestent leur volonté
de sortir de la bipolarité et de la confrontation. Mais « comment, en temps de guerre ou de conflit, dépasser les
frontières que nous assigne notre naissance, comment allez au-delà des clivages
imposés par les appartenances sans pour autant renier les siens ? »,
s’interroge Maïssa Bey dans la préface du dernier chapitre du second cycle de Carnets d’Orient. Le couple
franco-algérien d’Octave et de Samia semble réussir ce pari non sans
sacrifice: « Notre
amour transgresse les règles [bipolaires] de nos communautés. Elles nous le
font payer », observe Octave (C2 :161). Du fond de sa prison où il purge sa peine de déserteur, cet
officier de l’armée française écrit ces mots à Samia: « Mon seul regret
est de ne pas avoir pu faire de l’Algérie une terre où les différentes
communautés puissent vivre en paix » (C2 :293).
« Une guerre est-elle vraiment finie
lorsque se taisent les armes? », s’interroge encore Maïssa Bey (C2 :
259). Dans le cas de l’Algérie la réponse est manifestement non car à la fin de
la guerre de nombreux Algériens se réfugient en France, la vie étant devenue
impossible pour eux en Algérie. Le couple Octave-Samia incarne à cet effet le modèle de
cohabitation franco-algérien de l’ère colonial qui invite la post-colonie
franco-algérienne à ne pas perdre de vue qu’une autre forme de relation
franco-algérienne plus digne d’intérêt a existé, loin du mépris, des prétentions
de supériorité et de la propension à la domination, à l’exploitation, à la
prédation, loin de toute forme de confrontation.
Conclusion
La psychanalyse soutient que l’inconscient
gouverne la plupart des actions humaine tandis que le post-colonialisme
rappelle que le fait colonial a une emprise considérable sur des peuples qui
ont une expérience coloniale. Aussi est-ce naturellement que ces deux appareils
théoriques se sont imposés dans l’analyse de Carnets d’Orient, une œuvre qui
raconte le passé colonial franco-algérien dans une perspective qui rend compte
de la portée du fait colonial dans les
représentations françaises de l’Algérie. Dans cette lecture postcoloniale et psychanalytique
de Carnets d’Orient, deux méthodes
d’analyse ont été mises à contribution : l’imagologie et la transmédialité.
En questionnant la façon dont Carnets
d’Orient nous offre une lecture alternative du passé colonial algérien, il
s’est agi de montrer que ce roman graphique répond aux enjeux d’une fraternité
post-coloniale franco-algérienne.
En effet, sous l’éclairage des outils d’analyse
sus-cités, Carnet d’Orient se dévoile
dans un premier temps comme un roman graphique qui, à travers la technique
intermédiale du graphisme, mobilise le dessin, la calligraphie,
la peinture, la photographie et la presse écrite dans un
projet commun qui consiste en la médiatisation esthétique de l’histoire
coloniale franco-algérienne. Dans un second temps, on note que Carnets d’Orient recourt à des procédés
narratifs semblables au procédé hypnotique consistant à amener ses personnages
dévoiler leurs pensées profondes, ce qui permet à son auteur de renier idéologiquement
ses pères artistiques orientalistes tout en suggérant une lecture alternative
du passé colonial franco-algérien. Par ce procédé narratif, Ferrandez s’inscrit en
en effet en rupture avec un orientalisme aveuglé par les préjugés et les
stéréotypes, récuse le discours colonial et son impérialisme, s’insurge contre
toute perception manichéiste de la guerre franco-algérienne et invite surtout à
une fraternité post-coloniale entre Algériens et Français.
Cet appel à la fraternité postcoloniale entre des
peuples marqués au fer rouge par leur passé colonial est le fondement même des
études postcoloniales. Le dépassement des affres de la colonisation nécessite
cependant des préalables tels que la reconnaissance des crimes coloniaux et la
cessation des pratiques néocoloniales. Sinon, comment tourner le dos à un passé
qui ne finit pas de passer ? Comment absoudre un bourreau qui ne reconnait
pas ses crimes[54]
et qui, à bien des égards, continue d’en commettre? Il y a encore aujourd’hui des
idéologues Français qui trouvent des bienfaits à la colonisation en arguant
quelques écoles ou quelques hôpitaux construits çà et là. Ce qui fait la mauvaise
foi d’un tel raisonnement, c’est qu’il passe sous silence des milliers de
personnes arrachées à la vie par le colonialisme et, pire encore, le viol des
mémoires collectives africaines dont le traumatisme pourrit encore aujourd’hui
l’existence en Afrique. La colonisation est sans aucun doute le plus grand
crime contre l’humanité, après la traite des Noirs, qu’il a fallu attendre l’arrivée
d’Emmanuel Macron au pouvoir pour que la France officielle s’en émeuve. Et si
cette reconnaissance officielle des crimes de la France sur d’autres peuples a
provoqué tant de remous en France, cela témoigne peut-être, comme le relevait
Hamidou Anne dans une tribune de Le Monde[55],
« de l’incapacité française à assumer un pan peu glorieux de son
histoire ». Il faudra pourtant qu’un jour la grande France — celle des
droits de l’Homme : de la liberté, de l’égalité et de la fraternité —
prenne le dessus sur la petite France qui ne sait vivre autrement que sur le
dos des autres peuples qu’elle méprise par ailleurs, notamment parce que dans
cette habitude à ruser avec ses propres valeurs la France empoisonne sa propre
conscience collective et programme sa mort, lente mais certaine, en tant que
puissance mondiale respectée et respectable aux yeux des autres peuples comme
aux yeux de ses propres citoyens. Faute de quoi, sa ruse ne génèrera que
davantage d’adversaires à la liberté, à la fraternité et à l’égalité, y compris
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(2000). « Quelques définitions de
l’intermédialité : définition de Jurgen Ernst Müller, [En ligne], In Centre de
Recherche sur l’Intermédialité (CRI), [En ligne], URL : http://cri.histart.umontreal.ca/cri/sphere1/definitions.htm, page consultée le 4 avril 2010.
DICTIONNAIRE PSYCHOLOGIE / PSYCHANALYSE [En ligne],
URL : http://www.cours-univ.fr/documents/cours020301.pdf)
[1] Modes de
représentation de l’altérité. Bien que traditionnellement la notion
d’imagologie réfère à la façon dont un écrivain représente l’altérité, nous voyons
ici, suivant une lecture
immanentiste du texte, les modes de représentations que les protagonistes
français de Carnet d’Orient ont de
leur altérité algérienne.
[2] Suivant une
transposition du concept de transtextualité de Gérard Genette, il s’agit ici de
l’ensemble des relations secrètes ou manifestes que le média Carnet d’Orient entretient avec un ou
plusieurs autres ; entendu que l’œuvre littéraire est un média à part
entière.
[3] Mouvement pictural et littéraire qui a pour thèmes les paysages,
les scènes et les personnages d'Afrique du Nord et du Proche-Orient.
[4] Suivant la
terminologie de Gérard Genette dans Figures III, cette
notion réfère à « l'univers spatio-temporel désigné par
le récit », c’est l’espace-temps dans lequel se déroule l'histoire
proposée par la fiction d'un récit.
[5] Suivant la terminologie géocritique de Bertrand Westphal, cela signifie que « le lien
est manifeste entre le lieu réel et sa représentation, [qu’] ils ont au moins
le même nom et [que] souvent la représentation s’appuie sur une série de
réalèmes ». (Caroline
Doudet, « Géocritique : théorie, méthodologie, pratique », Acta fabula,
vol. 9, n° 5, Mai 2008, URL : http://www.fabula.org/acta/document4136.php,
page consultée le 20 mai 2018.)
[6] 1954 marque
le tournant de l’histoire franco-algérienne avec la création des mouvements
indépendantistes comme le Front de Libération National (FLN) et le
Mouvement National Algérien (MNA), né des cendres du le
Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD).
[7] Tendance artistique à saisir
et à camper le monde et les hommes
de façon objective, sans idéalisation, en évitant que la représentation du réel
ne se fasse corrompre entre autres par les affects de celui qui
représente.
[8] En
particulier le mode vestimentaire, l’architecture et les croyances des
personnages mis en scène.
[9] cité par Gaëlle Pengloan 2013.« Delacroix,
peintre voyageur : « les carnets du Maroc » de 1832 » In L'invitation aux voyages: L'aquarelle chez les Romantiques,[En ligne], URL : https://aquarelleromantique.wordpress.com/2013/03/25/delacroix-peintre-voyageur-les-carnets-du-maroc-de-1832/, consulté
le 5/5/2018.
[10] Dans on sens
large, un média désigne tout support d’informations. Les arts sont donc une
catégorie de médias si l’on s’en tient à leur dimension communicationnelle. A
cet effet, le lien entre les concepts d’intermédialité
et d’interartialité est un lien
d’hypéronymie, d’inclusion. C’est pour cela que tout au long de cette étude
nous privilégierons le concept d’intermédialité. Toutefois, il convient de
souligner que tous les médias ne sont pas des arts et qu’à ce titre le concept
d’intermédialité n’est pas
substituable par celui d’interartialité.
Il en est de même du concept intertextualité :
Pour remédier à quelques insuffisances dans l’utilisation de ce concept de de
Julia Kristeva, Jurgen Ernst Müller proposa en 1980 celui de
l’intermédialité. Il explique à cet effet : « C'est évident qu'il y a
beaucoup de rapports entre l'intertextualité et l'intermédialité, mais après
son introduction, le premier fut utilisé par beaucoup de chercheurs -en
principe aussi par Kristeva- d'une manière très restrictive pour la description
des processus de production de sens purement textuels. Étant donné ce fait, la
notion de l'intermédialité devient d'une certaine façon nécessaire et
complémentaire dans le sens où elle vise la fonction des interactions
médiatiques pour la production du sens. »
(« Quelques définitions de l’intermédialité : définition de
Jurgen Ernst Müller, In Centre de Recherche
sur l’Intermédialité (CRL), URL : http://cri.histart.umontreal.ca/cri/sphere1/definitions.htm, page consultée
le 4 avril 2018.). En effet, Dans son livre La révolution du langage
poétique Kristeva définit en 1967 l'intertextualité comme "le passage
d'un système de signes à un autre". Un signe peut être verbal ou non
verbal : l’œuvre littéraire est un système de signes verbal, la musique
est un système de signes non verbal, la télévision (audio-vision) est un
système de signes verbal et non verbal, etc. Dans cet ordre d’idées, toutes les
formes médiatiques sont des systèmes de signes et donc, la définition que
Kristeva donne de l’intertextualité englobe en principe la notion de média.
[11] « Quelques
définitions de l’intermédialité : définition de Jurgen Ernst Müller, In Centre de Recherche sur l’Intermédialité
(URL), URL : http://cri.histart.umontreal.ca/cri/sphere1/definitions.htm, page
consultée le 4 avril 2018.
[12] Ibid.
[13] Ibid.
[14]Dictionnaire Sensagent, URL : http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Graphisme/fr-fr/,
page consultée les 24 avril 2018.
[15] Eric Méchoulan, cité par François Harvey,
« Matérialité (des médias) », Centre
de Recherche sur l’Intermédialité (CRL), URL : http://cri.histart.umontreal.ca/cri/fr/cdoc/fiche_concept.asp?id=34, page consultée le 10 août 2010.
[16] « cette capacité propre de représenter et de
communiquer [même implicitement] qu’un média donné possède par
définition » (André Gaudreault et al, cités par François Harvey, « Médiativité », in Centre de Recherche sur l’Intermédialité
(CRI), URL : http://cri.histart.umontreal.ca/cri/fr/cdoc/fiche_concept.asp?id=6, page consultée le 10 août 2010.
[17] Devant un
dessin qui nous renvoie à une réalité donnée, ce qui frappe en premier c’est le
génie créateur de l’artiste. On est plus admiratif de l’effet du réel que
produit le dessin que de la fidélité du dessin au réel.
[18] L’effet ou
l’idée que la familiarité à un média génère à sa perception.
[19]Pour établir
les équivalences dans la terminologie transtextuelle de Gérard Genette, il convient dans ce cas de parler de transmédialité
pour désigner l’ensemble des relations dites transtextuelles, parmi lesquelles
la relation d’hypermédialité (relation de dérivation
qu’un média entretien avec un autre) et la relation de métamédialité (relation critique
qu’un média entretient avec un autre).
[20] Matérialité,
dispositif technique d’un média, entendu qu’un art est aussi un média, un
support d’information.
[21] « La calligraphie est, étymologiquement, la belle
écriture, l'art de bien former les caractères d'écriture manuscrite. La calligraphie correspond au fait d’apporter
du soin à écrire, à travailler un mot, une phrase ou même tout un texte de manière
artistique » (Calligraphoque.com 2019, « la calligraphie, c’est quoi
au juste », [En ligne], URL : https://calligraphique.com/la-calligraphie-cest-quoi-au-juste/, page
consultée le 16 mai 2020).
[22] Voir quatrième
de couverture du second cycle de Carnets
d’Orient.
[23] Par la
transmission des habitus, entendons
avec Bourdieu la « structure mentale sous-jacente » au discours et
aux comportements sociaux. Comme l’explique Bourdieu, l’habitus est la structure génératrice des pratiques conformes à sa
logique et à ses exigences: « systèmes de dispositions durables et
transposables, structures structurées prédisposées à fonctionner comme
structures structurantes, c’est-à-dire en tant que principes générateurs et
organisateurs de pratiques et de représentations [sociaux] » (Bourdieu, 1980 :
88). Il va sans dire qu’un habitus colonial génère des représentations et des
comportements coloniaux.
[24] L’affixe
"post" de postcolonialisme signifie au-delà et suggère un dépassement
des logiques coloniales en tant qu’elles sont nuisibles à la cohabitation des peuples qui ont un
passé colonial commun.
[25] Précisons avec
Aimé Césaire qu’à l’instar du colonisé, le colonisateur ne s’en tire pas
indemne de la colonisation car « nul ne colonise impunément ».
[26] Considéré
comme l’un des pionniers des études postcoloniales.
[27] Edward Saïd (2005). L’orientalisme.
L’Orient créé par l’Occident, Paris, Seuil.
[28] Laurence Flecheux (1999). « Stéréotypes et
préjugés, des filtres qui bloquent les relations interpersonnelles », in dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté
mondiale, URL : http://base.d-p, 1999, h.info/ en/fiches/premierdph/fiche-premierdph-5307.html,
page consultée le 25 octobre 2014.
[29] Le plus
souvent fondés sur une volonté d’auto-valorisation et non sur quel que
expérience que ce soit, préjugés et
stéréotypes sont des facteurs par lesquels chaque groupe social construit
l’assurance et la cohésion nécessaires à sa survie. Afin de cultiver
l’assurance et la cohésion d’un groupe,
ses membres développent des croyances au sujet des membres d’un autre.
C’est pour cela que le constat général atteste que les stéréotypes sont
généralement négatifs lorsqu’ils matérialisent la perception d’un groupe par un
autre. En fait, la négation d’autrui produit le sentiment inverse et rassurant
qu’on est meilleur. En cela, les stéréotypes et les préjugés coloniaux
constituent un corpus éloquent du système colonial et de son idéologie dont le
principe directeur est : « Il n’y a que moi qui vaux. Mais je ne peux
valoir en tant que moi que si les autres, en tant qu’eux, ne valent
rien ». (Castoriadis, cité par Mbembe, Achille (2010). « Qu’est-ce que la pensée postcoloniale ? », Études camerounaises, URL :
http//etudescameroun.canalblog.com/archives/2010/09/11/19034747.html, page
consultée le 25/10/2015).
[30] Un envoyé de Dieu : les
entrepreneurs coloniaux assignaient à leur mission civilisatrice un caractère
divin (Cf. Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Présence
Africaine, Paris, 1955).
[31] « Stéréotype »,
Encyclopédie Wikipédia,. URL :
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=St%C3%A9r%C3%A9otype&oldid=126660984, page
consultée le 7 juin 2016,
[32] La colonisation n’est « Ni évangélisation, ni entreprise
philanthropique, ni la volonté de reculer les frontières de l’ignorance, de la
maladie, de la tyrannie, ni élargissement de Dieu, ni extension du Droit »
(Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Présence Africaine, Paris, 1955, P.8).
[33] « La
colonisation est une aventure de pirates, de marchands, de chercheurs d’or,
avec pour paravent l’ombre maléfique d’une forme de civilisation. Cette ombre
c’est le christianisme, pour avoir posé l’équation : « christianisme=
civilisation et paganisme= sauvagerie », souligne Aimer Césaire (Discours sur le colonialisme, Présence Africaine, Paris, 1955 :
9)
[34] Une
démarche par laquelle le psychanalyste obtient de son patient des aveux ou des
vérités profondes que celui-ci se cache ou ne peut avouer en temps normal.
[35] Processus par lequel un
sujet attribue à autrui ses propres affects méconnus ou ignorés. La projection
désigne l’opération mentale inconsciente par laquelle une personne attribue à
une autre ses propres sentiments qu’elle n’arrive pas à assumer. Ces sentiments
sont perçus à ce point comme négatifs que leur auteur ne peut les reconnaître
comme siens et, par ce mécanisme de défense inconscient, il les transpose hors
de lui en les attribuant à d’autres. Selon Freud, la projection est un
phénomène aussi répandu que normal, voire nécessaire, qui ne devient
problématique que s’il prend des proportions délirantes comme dans la paranoïa.
(Didier de Buisseret, « La projection comme mécanisme de défense », in
Présence à soi, l’art d’être en
conscience, URL : http://presenceasoi.be/la-projection-comme-mecanisme-de-defense,
page consultée le 21 avril 2018).
[36] De la
distinction entre stéréotypes et préjugés, voici ce que dit Laurence Flecheux : « Tous deux sont
les manifestations d’une mentalité collective qui l’emportent sur les analyses.
Ils partagent le caractère d’évaluation d’autrui. Le préjugé est un jugement
(positif ou négatif) qui précède l’expérience, un prêt-à-penser consacré,
dogmatique, qui acquiert une sorte d’évidence tenant lieu de toute
délibération. On peut dire du préjugé qu’il est une position, une attitude, une
tendance globale, pour ou contre, favorable ou défavorable vis-à-vis d’une
catégorie de personnes et partant envers un individu sur la base de son
appartenance réelle ou supposée à ce groupe. Il s’y attache une composante affective.
Certes entre stéréotypes et préjugés, il y a une connexion car les stéréotypes
peuvent exprimer les préjugés, les rationaliser, les justifier. Il arrive aussi
que les stéréotypes engendrent les préjugés, entrent dans la constitution d’une
attitude d’exclusion ou d’acceptation de l’autre. Les préjugés sont
généralement fondés sur des stéréotypes mais tout stéréotype n’est pas
nécessairement un préjugé » (Flecheux (1999).
« Stéréotypes et préjugés, des filtres qui bloquent les relations
interpersonnelles », in dialogues,
propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale, URL : http://base.d-p, 1999,
h.info/ en/fiches/premierdph/fiche-premierdph-5307.html, page consultée le 25
octobre 2014).
[37]
L’imaginaire désigne l’« ensemble
des éléments qui, dans un groupe donné, s'organisent en une unité significative
pour le groupe, à son insu. [Il s’agit
d’] un principe d'ordonnancement, [d’]une force liante, déterminante pour le
fonctionnement groupal car il assure une cohérence suffisante entre les
projets, les objectifs, les volontés d'agir, les conduites
professionnelles. » (Florence
Giust-Desprairies, « L’imaginaire collectif », Pedagopsy, URL : http://pedagopsy.eu/livre_imaginaire_collectif.html, page consultée
le 28 mai 2019).
[38] Frantz
Fanon développe si bien le cas des Antilles dans Peau noire masques blancs (1995), ce qui est tout à fait valable
pour les anciennes colonies françaises d’Afrique.
[39] Croyances
entretenues sur son propre groupe. Chaque représentation dégradante de l’autre a
un corolaire mélioratif que le groupe énonciateur s’attribue.
[40] Né le 8 septembre 1939 à Alger, Louis Gardel est un
romancier et éditeur français.
[41] Dans une étude consacrée aux
Carnets d’Eugène Delacroix au Maroc et en Algérie, Cerise Fedini explique :
« même si Delacroix se montre admiratif envers l’Afrique du Nord, il juge
souvent les marocains avec supériorité et va même parfois jusqu’à utiliser des
mots violents : « leurs horribles ragoûts au safran, au beurre fort, au miel
[…] l’odeur de ces habitations », « Je dois vous avouer que nous n’avons ici ni
le boulevard, ni l’Opéra, ni rien qui y ressemble. » […] » (Cerise
Fedini, « Les carnets de voyage au Maroc d’Eugène Delacroix en 1832 : vers
l’expression artistique à l’épreuve du réel interprété en images et en
écrits », Mémoire de master2 professionnel, sciences humaines et sociales,
cultures de l’écrit et de l’image, sous la direction de Christian Sorrel, Lyon,
Université Lumière Lyon 2, 2016.)
[42] Projection
et défoulement vont de pair car le second est l’aboutissement du premier.
[43]« Psychanalyse »,
in Psychologie
world, URL : http://psychologie-world.blogspot.com/2012_09_01_archive.html, page
consultée le 20 février 2017.
[44] Gilles
Karpel déclare dans la préface du second cycle de Carnets d’Orient (P.7):
« Les « instantanées » de ce Voyage
sont le contraire de l’illustration convenue, d’un cliché orientaliste où
l’autre est mis en scène. Il s’agit de la quête initiatique d’une vérité à
travers le langage propre qui l’exprime ».
[45]
« Benjamin-Constant : mirages et merveilles de l’orientalisme »,
Dossier de presse, Conférence de presse du jeudi 3 juillet 2014 Au Petit
Palais, Musée des beaux-arts de la Ville de Paris, URL : https://www.augustins.org/documents/10180/6316401/Dossier_presse_BC_03_07_2014.pdf, Page
consultée la 29/05/2018.
[46] « Malheureux peut-être l’homme, mais heureux l’artiste que le désir
déchire » (Charles Baudelaire, « La Désire de peindre », In Petits Poèmes en prose : Le Spleen de Paris, Editions Gallimard, 2006).
[47]
« Benjamin-Constant : mirages et merveilles de l’orientalisme »,
Dossier de presse, Conférence de presse du jeudi 3 juillet 2014 Au Petit
Palais, Musée des beaux-arts de la Ville de Paris, URL : https://www.augustins.org/documents/10180/6316401/Dossier_presse_BC_03_07_2014.pdf, Page
consultée la 29/05/2018.
[48]Eugène
Delacroix, Les carnets de voyage au Maroc
en 1832; Joseph Constant, Feuillets d’un carnet de peintre en 1889.
[49] Selon Pascale Argod, « l’oeuvre de Delacroix est paradoxalement une version aboutie du
genre « carnet de voyage » où ni l’image ni le texte ne
priment : ils se combinent dans un parcours spatial ; le déplacement
du voyage est visible dans la composition de la page autant que l’instant saisi
et retranscrit. Delacroix serait le créateur du « carnet de voyage »
qu’il a renouvelé dans une frénésie de découverte, de recherche et d’étude
plastique suscitée par la quête orientaliste des impressions, des sensations et
des émotions dues à l’Ailleurs à travers une démarche ethnographique. (…),» (« De
l’orientalisme : E. Delacroix (1798-1863) et P. Gauguin (1848-1903) tournés
vers l’ethnographie », In Carnet de
voyage – reportage : intermédialité, interculturalité, médiation,
patrimoine, URL : https://cdevoyage.hypotheses.org/223, 09/07/2012, page consultée
le 4 juin 18)
[50] Front de
Libération Algérien.
[51] Mouvement
national algérien.
[52] Les lieux de la culture, Editions Payot &
Rivages, Paris, 2007.
[54] Pour
preuve, cet aveu de Jacques Chirac, l’ancien
président français, au sujet du crime économique de la France en Afrique :
«On oublie seulement une chose, c’est qu’une grande partie de l’argent qui est
dans notre porte vient précisément de l’exploitation de l’Afrique depuis des
siècles. Alors il faut avoir un tout petit peu de bon sens, je ne dis pas de
générosité, de bon sens, de justice, pour rendre aux Africains ce qu’on
leur a pris (…)», Youtube, https://www.youtube.com/watch?v=CP7YJ6KW-UY.
[55]Hamidou Anne
(2017) « Oui, la colonisation est un crime contre l’humanité », In Le Monde Afrique, URL : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/02/17/oui-la-colonisation-est-un-crime-contre-l
humanite_5081481_3212.html, page consultée le 15 juin 2018.
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