mercredi 8 juin 2022 par Meleze
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Abraham Hannibal
L’aïeul noir de Pouchkine
Dieudonné Gnammankou
Présence africaine Paris 1 996
Voilà un livre d’histoire d’actualité au moment de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Signalons en passant qu’il y a une ambiguïté sur sa publication, car si la thèse est de 1996 il est indiqué en dernière page que l’édition n’a été commandée que l’année 2010.
À part cela tous les faits sont connus et parfaitement documentés. Sans aucun doute le poète Pouchkine a un aïeul noir, et sans aucun doute la période communiste qui a revendiqué le poète comme le premier de l’expression nationale russe, a la hauteur du français Victor Hugo, a tout fait pour cacher cette origine.
Quelque chose qui aurait dû être connu de tous a été enfoui comme secrète, voir tabou et le plaisir de M. Gnammankou de nous révéler tous les détails est évident tant ce livre est passionnant. Rien ne vaut une vie aussi aventureuse pour constituer un ouvrage qu’on lit d’un bout à l’autre en une demi-journée.
Une autre chose est intéressante, c’est que selon le reporter du Guardian Luc Harding on est en train, dans la ville d’Odessa de dé-russifier les noms de lieux de la cité en représailles à l’incompréhensible agression des Russes. Or la ville d’Odessa comprend un musée Pouchkine. Doit-il être débaptisé ? Ce n’est pas aisé d’aller au fond d’un tabou de la période stalinienne.
La lecture de ce livre fait incontestablement répondre OUI. On devrait remplacer le nom de Pouchkine symbole de la colonisation de la ville par la Russie. On devrait le remplacer par celui de son aïeul. Entendons-nous, l’aïeul Hannibal n’aurait pas été plus favorable que le poète à l’indépendance de l’Ukraine. Hannibal attaché à la personne du tsar Pierre 1er, officier et même général est un de ces militaires russes colonisateurs de l’Ukraine.
Mais à l’inverse, les Russes sont devenus tellement fascistes dans leur obstination à justifier une agression unilatérale, que le nom d’un noir serait un pied de nez au rachisme (mot formé selon le journal Le Monde par les immigrés ukrainiens, par contraction, pour désigner le « racisme russe »). Le nom d’un noir serait une affirmation de la décolonisation de l’Ukraine, et au diable Pouchkine dont on peut renvoyer des souvenirs aux Moscovites qui l’aiment tellement qu’ils ont aussi leur musée qui abrite la fameuse collection de peinture de l’industriel Morozov, et un café célébré par la chanson de Gilbert Beacaud « Nathalie ». Pouchkine à Odessa était aussi un exilé.
Meleze
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