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Mon garçon - Xavier de Moulins

Flammarion 2021

vendredi 24 juin 2022 par penvins

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C’est bien écrit, comme on dit, il y a même quelques trouvailles, pas forcément bien venues :

Ce jour-là, au-dessus de nos têtes, des traînées blanches peignaient sur un ciel dégagé des itinéraires à choix multiples.

Laissant de côté ces images un peu bancales, on a envie de dire ça mérite un 18/20, et puis c’est tout. Un texte qui répond bien aux critères linguistiques tels que les conçoit le ministère de l’éducation nationale, une langue d’autant mieux appréciée qu’elle ne fait pas de vagues et qu’elle prétend être le domaine réservé de professionnels.

Xavier de Moulins raconte l’inconfort d’être père quand les parents se séparent, le besoin inassouvi de transmettre avec pour postulat que l’expérience des anciennes générations doit profiter aux nouvelles. Pour cela il faudrait que le Père laisse entrer le fils (ici Marcus) dans l’intimité de son premier chagrin d’amour.
Mon garçon, je dois te parler de Clara.
mais aussi qu’il partage avec lui la difficulté de son divorce : Je ne suis pas revenu sur le divorce de ses parents et je n’ai tout simplement pas su m’unir à lui !

Le ton est donné, celui de la transparence, celui d’une écriture sans mystère, celui du rejet de toute frustration. Ni regret, ni culpabilité, au contraire un monde où le Père et le Fils ne feraient qu’un et où bien sûr l’un et l’autre sont censés avoir vécu le même premier chagrin d’amour. Aussi la langue est-elle infiniment prosaïque elle n’est là que pour illustrer le propos prédéfini « Je n’ai pas su transmettre à mon fils mon propre vécu, lui faire part de mon expérience, il faut que je rattrape le temps perdu. »
Suite à un séjour de Marcus à l’hôpital, sa mère propose à son ex-mari qu’il l’emmène quelques jours se reposer en Camargue. Commence alors une sorte de road-movie où le père revient non seulement sur son premier chagrin d’amour mais également, comme pour insister sur la nécessaire transmission de l’expérience amoureuse, sur celui de son propre père.

C’est là sans doute que se cache, derrière ce désir de transparence, la vérité du roman qu’une première lecture ne permet pas de voir :
Parle-lui, toi Papa. Explique à Marcus ! Il est temps de faire pour lui ce que tu n’as pas su faire pour moi. La transmission dont il est ici question n’est pas celle du narrateur à son fils, mais celle du père du narrateur au narrateur. Si ce dernier insiste sur la nécessaire estime de soi et l’importance de briser le silence, - un amour sans amour de soi ne fonctionne pas - ce n’est pas pour rétablir le dialogue avec Marcus, mais pour sortir d’une spirale du silence mensonger, le premier chagrin d’amour n’est ni celui de Marcus, ni celui du narrateur (Vincent) c’est celui que ne donne pas à voir le père du narrateur incapable d’affronter sa douleur et qui organise un anniversaire surprise pour sa femme infidèle comme si tout allait bien.
Xavier de Moulins a cette formule pour parler du père de Vincent :
Chien fidèle de l’infidélité, je te présente ton petit-fils.

La question de la paternité qui traverse l’œuvre de de Moulins et que l’on pouvait prendre pour une banale interrogation sur la difficulté d’être père trouve ainsi un tout autre sens qu’une lecture un peu rapide nous avait occulté.

Un roman à lire attentivement !



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