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La mort n’est jamais comme - Claude Ber

Prix international de la poésie francophone Yvan Goll, ouvrage paru aux Editions de l’Amandier

vendredi 8 juin 2012 par Françoise Urban-Menninger

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D’emblée le titre du recueil poétique de Claude Ber nous signifie le manque. Le couperet tombe sur le titre "La mort n’est jamais comme" tel le tranchant d’une guillotine mais c’est le vide qui tombe dans le panier percé du vide. Ce manque, c’est celui de la disparition de l’être cher, de ceux qui ne sont plus et que nous ne cessons de porter dans les mots qui nous font et nous défont mais c’est également l’appréhension de notre propre mort qui signe, paradoxalement, celle de notre existence.

Et c’est bien "en grattant la langue jusqu’au sang" que Claude Ber va se mettre à l’écoute de ce qui parle en elle :"écoutant ta mort dans les mots" et de préciser :"Ce qui reste une fois que cesse la tyrannie de la parole/ je l’appelle poème". Et l’auteur de labourer le langage telle une terre dont elle exhume, mot à mot, la chair qui se fait verbe.

"Un jour la chair quitte les os/ les mots les emmaillotent/ et berce leur momie au psaume du poème", déclare-t-elle.

Nul doute que Claude Ber possède le don indéniable d’éclairer l’obscur, d’appréhender l’indicible, d’ouvrir une brèche sur l’invisible qui nous engloutit jour après jour. Naît alors sous sa plume un déferlement d’images éblouissantes de splendeur dont la puissance et la beauté nous laissent sans voix :" Je guette au fond d’une bassine de pluie le marc de la pluie qui s’y dépose pour que le jour ramène à ma porte un avenir glissé derrière moi" (Découpe 14).

Chaque découpe apparaît tel un fragment de lumière, parfois aveuglante, car à l’instar d’ Icare, Claude Ber se brûle les ailes en écrivant sur cette lisière où il suffit d’un mot pour basculer de l’autre côté de la raison. "Le momort" nous entraîne dans une création langagière qui nous invite à sauter le pas vers "ces corps froids que nous a faits la mort/ ces mots morts que nous a faits la vie".

Dans "la mort jamais comme" Claude Ber transmute ses émotions dans l’instant même où elle semble les ressentir pour nous octroyer la part vive et l’immédiateté de son vécu.

Ainsi dans la "Découpe 45" un morceau de pain, une mie qui roule sous l’index deviennent-ils le vecteur de la pensée de l’auteur, le dos d’une cuillère est-il élevé au rang d’une "psyché pensive". Les objets les plus infimes participent tous de cette mise en scène de l’être dont le coeur battant n’est autre que le poème qui se charge et se recharge à chaque lecture.

Et c’est bien le poème, au bord de l’être et des mots qui le débordent, qui dit le manque, l’absence, cette "mort jamais comme" qui investit chaque instant de notre vie dans ce qu’elle a d’anecdotique ou d’essentiel dans ce quotidien qui nous condamne à mort dès la naissance.
Implacable de lucidité, Claude Ber déclare :"voilà ce qui reste dans ma mémoire/ dont il ne restera rien".

Et pourtant "Des poèmes aussi/ restent de toi" ou encore d’ajouter "Une fois fait le ménage des morts/ le poème c’est ce qui reste à ceux qui restent".

Les bribes de textes sont alors "des restes mortuaires" qui sont autant de reliques...mais combien somptueuses ! Ces" restes mortuaires" éclairent paradoxalement ceux qui font encore partie des vivants car ils nous aident au plus profond de nos angoisses à appréhender notre propre mort et à nous écrier comme Claude Ber dans la Découpe 50 :" Mais avant ces débris "A la vie !".

Françoise Urban-Menninger



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