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Muma Galata, - Laurence Courto
mercredi 23 janvier 2013 par Jean-Paul Gavard-Perret

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PORTRAIT DU POETE

LAURENCE COURTO LA RUPESTRE  : FROTTAGES ET DEPOTS
« Laurence Courto », Muma Galata, Musée de la Mer, Gênes (Italie) du 10 au 31 janvier 2013.

 

L’œuvre de Laurence Courto est  une forme d’inversion de la peinture au sein d’un refus de programmer toute idée dans la réalisation de son travail. Cela n'empêche pas - bien au contraire - un long temps de mûrissement, de réflexion et de connaissance. L'artiste sait ce qu'il en est des arts mais le moment de la création brise le carcan de l'idée.

Après avoir cherché, voire théorisé l'artiste se laisse aller à ce "long et lent exercice d'imbécillité" dont parle Novarina à propos de tout type de création. Laurence Courto s'engage dans cette "bêtise" signe suprême d'intelligence : elle sait que la peinture  fait ce que les mots ne font pas. L'artiste ne le souligne-t-elle pas elle-même en jouant parfois des graphismes, des écritures et de leurs mises en abîme comme par exemple dans sa toile « Lettre à mon père »  ?

Plus qu'une surface à recouvrir le support devient une peau à gratter. Il s’agit de faire suinter  de ses "rougeurs" et ses "bleus" une pathologie de l'être, du monde et de l'image elle-même. Laurence Courto semble donc renverser le principe même de la peinture. Celle-ci ne se plaque plus : elle surgit  à travers un lieu redevenu élémentaire. C’est une affaire très complexe, expérimentale et nécessairement évolutive qui joue sur le contraste entre les lacérations (traits et courbes) et les plages de couleurs afin qu’émane une mouvance et un rayonnement.

Se créent des moments nucléaires en suspension. Des traits en renforcent d'autres, les plages de couleurs renversent le fond. Soudain il est en tension. L’unité de chaque œuvre est celle d’un noyau d'énergie et d’un foyer de dissipation afin que l’invisible devienne un visible sur lequel on peut mettre divers noms ou titres Ce qu’elle nomme « Astre » on peut l’appeler « être hurleur », et ce qu’elle intitule « jeux célestes » est tout autant un « mystère du féminin ».

Tout est articulé de manière rythmique. Un jaune dense n’existe  que par ce qui le zèbre. L'image se crée dans l’action réciproque entre les pans de couleurs et les lignes. Les stries attirent en elles les pans de couleurs et forment avec eux les tenseurs de l’espace. Attraction et rejet jouent donc de concert.

Chaque œuvre ramène l’enfoui à la surface. Celle-ci n’est ni contenant, ni contenu : des formes s’y produisent comme si elle en devenait la source, l'ouverture. Ellipses et laps apparaissent et disparaissent dans le souvenir du geste qui les a construits par différents degrés de lumière en un lieu où la genèse de la forme devient indissociable de celle de son espace en formation.

A travers ses “ relevés ” Laurence Courto crée un état d'union entre le fond et ses "biffures" en rappel d'un âge d'or qui anime toujours dans l'art l'acte de saisir, de percevoir, de restituer la perception. Cet âge d’or est celui de la peinture rupestre. Chaque toile ou dessin de l’artiste permet de découvrir de nouvelles précisions, des avancées de couleurs et de lignes qui ne sont jamais rectilignes..

L'artiste ne donne à voir que des commencements, des naissances. A celui qui regarde de faire le “ reste ”. La peinture n'élucide donc pas l'énigme de l'être. Elle fait plus : profondeur, couleurs, biffures, signes, contours, physionomies sont bien là afin que le regardeur en fasse son miel et son errance.

 

Jean-Paul Gavard-Perret




L'INTERVIEW INTEMPESTIVE DE LAURENCE COURTO
par Jean-Paul Gavarrd-Perret.

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le besoin de lumière

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
L'indépendance, la liberté, je les ai gagnées.

A quoi avez-vous renoncé ?
A connaître la vérité de mon enfance, je ne peux pas savoir, jamais.

D’où venez-vous ?
ah! si je le savais!

Pourquoi avez-vous quitté l'architecture pour la peinture ?
C'est mon premier rêve et, le dernier que j'ai réalisé.

Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Je n'ai pas la prétention de me distinguer... peut-être, quand je me présente comme peintre et qu'on me dit peintre en bâtiment.

Où travaillez-vous et comment?
Je déambule dans la ville, une marche solitaire qui m'aide à laisser venir le moment où je libérerai dans mon atelier l'énergie accumulée. Un temps de vagabondage de l’esprit  où il est possible de rendre présent  ce qui est absent.

Quelles musiques écoutez-vous en travaillant ?
Je travaille en musique, toujours, en fait, je prends le rythme  et j'effectue des figures autour de ma toile. J'écoute les derniers groupes qui sortent (métal, rock...) C'est ce qui me relie au monde, mais aussi dans des phases plus calmes, j'écoute du classique, initiée par une grand-mère cantatrice dont je maroufle les partitions.

Quel est le livre que vous aimez relire ?
Je relis peu. J'aime tellement lire, découvrir un auteur et qu’à ce moment, je lis tout de lui. Ceci dit, je peux relire quelques "passages" d'Yves Michaud et Virginie Woolf.

Quelles tâches ménagères vous rebutent le plus ?
Seul le repassage me rebute car je suis totalement incompétente.

Quels sont les artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
Twombly, Gerhard Richter, Joan Mitchell et Judith Reigl

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Quel anniversaire? celui de mon arrivée au monde, il y a un demi-siècle ou celui où je suis née à moi-même il y a une douzaine d'années. Pour ce dernier, un sourire serait parfait.

Que défendez-vous ? L'indépendance et la sincérité.





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