vendredi 7 juin 2013 par Abdelali Najah
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Eva YERBABUENA présente son spectacle «Pluie » au Maroc.
Initiée par la
fondation de l’Institut international du théâtre
méditerranéen et en collaboration avec le Théâtre
national Mohammed V, la troisième édition du Festival
des deux rives a été organisée dans des villes
marocaines du 21 au 29 janvier2010. Cette manifestation culturelle
s’inscrit dans le cadre du programme de coopération
hispano-marocain Al-Moutamid. Le festival a commencé sa marche
au Maroc en 2007 avant de célébrer sa 2ème
édition en décembre 2008 en Espagne.
La 3ème édition s’est déroulée à Rabat et Casablanca, avec des extensions à Tanger, Marrakech et El Jadida. Selon les organisateurs, plus de 150 artistes du Maroc et d’Espagne ont offert 23 spectacles dans des théâtres, d’anciens palais, des Ryads, des places publiques et des écoles. Les spectacles sont destinés aux enfants, aux jeunes, aux personnes aux besoins spécifiques, aux universitaires, aux académiciens et à la société civile. Le programme de la troisième édition du Festival a mis en relief «le sens de l’hospitalité» légendaire des Marocains ainsi que l’esprit des rencontres et d’interaction entre les créateurs marocains et leurs homologues espagnols. Le festival des deux rives a proposé «une programmation variée et multidisciplinaire alliant théâtre, danse, cirque, cinéma, musique et opéra» et offre un espace de rencontres, de coexistence et de dialogue.
Nous avons rencontré la grande danseuse espagnole de ballet flamenco E. YERBABUENA pour une interview exclusive.
Vous avez participé à l’IIIème édition du festival des deux Rives qui coïncide avec la présidence espagnole de l’U.E. et qui s’est déroulé du 21 au 29 janvier 2010, à Rabat et Casablanca avec des extensions à Tanger, Tétouan, Marrakech et El Jadida. Vos impressions ?
E. YERBABUENA : Le monde a maintenant besoin d'une intégration culturelle et de nous fournir la coexistence des êtres humains partout dans le monde. Le fait que le festival a coïncidé avec la présidence espagnole de l'Union européenne, n´a pas été une motivation majeure pour ma participation à ce festival. Pourtant, c'est un plaisir de collaborer à un événement qui contribue à répandre la culture espagnole.
Cette IIIème édition du festival se veut une manifestation destinée à projeter les valeurs de la coopération et la culture en tant qu’espaces de respect de la diversité. Votre commentaire ?
E. YERBABUENA : A mon avis, l’idée d´unifier et de partager grâce à la culture est une décision et un geste très intelligent, en outre c´est une formule magique et merveilleuse pour faire de la réflexion.
S.E. L’Ambassadeur d’Espagne au Maroc, Mr. Luis Planas Puchades a signalé dans son mot de bienvenue que le festival des Deux Rives symbolise, en plus, l’extraordinaire relation bilatérale qui unit l’Espagne et le Maroc au niveau de la coopération culturelle : une relation basée sur les valeurs de collaboration, coopération et cohabitation dans la diversité…
E. YERBABUENA : J´espère que ce symbolisme n’est pas une fin dans une fable sans vérité, comme dit Luigi Pirandello.
Pouvez-vous présenter votre Cie ballet Flamenco aux lecteurs ?
E. YERBABUENA : Artistiquement, je ne peux pas dire autre chose qu´une très bonne qualité tant en chant, guitares, percussions et danse. Et si cela arrive, c´est parce qu´il y a un fond très humain.
Voulez-vous nous parler de votre nouveau spectacle « Pluie » que vous avez présenté à rabat et Casablanca les 21 et 22 janvier 2010?
E. YERBABUENA : Il s´agit d'un spectacle très intéressant qui excite et qui se déplace avec la danse et la musique. Je pense à une grande charge émotionnelle parce qu’il y a des moments de reconnaissance de la mélancolie et d´autres où l’on rit de nos propres malheurs.
Comment avez-vous trouvé le public marocain ?
E. YERBABUENA : Quand le rideau s´ouvre il n´y a pas de race, de couleur ou de langue. Il y a une forte corrélation entre l´interprète et le spectateur.
Vous concevez votre spectacle « Pluie » comme un hommage à la mélancolie, à l’indifférence en matière d’amour, au fait même d’être vivant et à l’éternité de la vie. Pouvez-vous nous expliquer davantage ?
E. YERBABUENA : Je pense que quand une création est montée, c´est le public qui a pleinement le droit et la liberté de juger ce qu´il a vu. C´est quelque chose qui naît … A partir de là, quelque chose que je laisse échapper à mes mains.
Et pour cela, il n’y a rien de mieux que la voix intérieure d’une guitare solitaire accompagnée par une présentation nœud et dénouement, et à partir de laquelle trois voix interpellent des chants d’autres époques…
E. YERBABUENA : Je suis contente de votre vision de l´importance d´un solo de guitare. Tout est dû à un besoin de partager des préoccupations, où les voix, les guitares et la danse sont unifiés pour transmettre une seule langue.
Et ce qui me plaisait le plus, c´est qu’au même moment nous donnons de l´importance à chacun d´eux séparément dans un spectacle où tout est unifié. C´est l´une de mes missions dans cette vie.
Eva
Yerbabuena impressionne, au plus haut niveau, par son regard fier,
son allure orgueilleuse, son geste et son talon précis.
Comment expliquez-vous votre attitude sur scène ?
E. YERBABUENA : Je ne sais pas ce qui se passe lorsque la lumière apparaît sur la scène parce qu’il y a beaucoup de fois où je ne me reconnais pas. Seule ayant un regard mélancolique, calme, je n’atteins pas de l’altitude … Cela oui, je veux continuer de grandir comme j´y suis.
Votre dernier mot…
E. YERBABUENA : J´espère revenir au Maroc afin de continuer de partager mes préoccupations avec vous.
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E. YERBABUENA :
Eva Yerbabuena est née à Grenade, en Espagne. Un simple mouvement de jupe et les pans d'une infinie solitude se soulèvent. Tels sont la force d'évocation, le pouvoir de fascination d'Eva Yerbabuena.
Dès son plus jeune
âge, cette artiste a fait de la danse sa raison d'être à
force de ténacité, de conviction et de passion. Elle a
suivi les cours du maître Mario Maya et a dansé très
jeune (12 ans !) dans la compagnie de Rafael Aguilar. Puis elle danse
également dans la compagnie de Paco Moyano, et avec des
danseurs célèbres comme Javier Latorre et Javier Barón.
Elle est désormais l'une des plus brillantes danseuses de
flamenco, car sa danse sait toucher à l'émotion dans ce
qu'elle a de plus vibrant, aux sentiments les plus profonds.
C'est
son passage aux Abesses (Paris) en 2000 qui révèle son
talent au public français. Elle a reçu le Prix national
de la danse 2001 et le Prix flamenco Hoy 2001 : meilleure Danseuse de
l'année. Mais elle est également reconnue à la
Biennale de flamenco de Séville (en 2002), avec un Prix
national de danse, pour "Flamenco de la Cava". Depuis elle
continue de sillonner l'Europe, avec des spectacles comme "5
Mujeres 5"
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