mardi 17 décembre 2013 par Jean-Paul Gavard-Perret
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Celine Guichard, « Too Much », Editions Dessiner c’est gagner 2013, « Portfolio », 2013, "Dessin de salon" 2013, "Précieuses" 2011, les trois ouvrages aux Editions de la Salle de bains
Malaxer, engorger, gêner la fluidité faciale ou corporelle, en déréaliser le sens et le genre ( et éventuellement dans "Too Much" en l’exhibant par l’adjonction de photos de phallus au dessin) est l’objectif de Céline Guichard. Ses dessins interrogent la question du visage et de l’identité. Celle-ci est considérée parfois dans l’œuvre comme une erreur de nature. Face à la fermeture stabilisée des images admises, les dessins deviennent les indicateurs anticoagulants. Une suite de glissements et d’incartades oblige un questionnement. L’image n’a plus rien d’un simple miroir. Une certaine « laideur » y est même convoquée parfois pour réveiller le lecteur. Le caractère sexy des « précieuses » est éloigné des standards de la mode. Il renvoie à des Aborigènes bien en chair afin de rompre avec l’esthétique anorexique. Preuve que la beauté est plurielle, peu importe le style.
Contre une sexualisation archétypale montée selon des modèles construits, Céline Guichard propose un travail à rebours tout sauf déceptif. L’idéal admis est tordu selon toutefois des principes simples, classiques presque ascétiques mais efficaces. Le dessin impose un sens impur, désaccordé mais poétique. Contrairement à ce qu’on pense et comme disait Lacan « ça parle, ça jouit ». Le fond de l’être est ouvert par effet de « visagéité » sur la rumeur de l’inconscient pulvérisé par la « débâcle » de tels corps et leur dynamisme particulier. L’artiste propose par ce biais un hédonisme contre une vision masochiste et puritaine du corps. Le dessin accorde un gai savoir. Il fait tomber bien des illusions perceptives et culturelles.
JPGP
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