jeudi 13 février 2014 par Meleze
Pour imprimer
Actes sud, Arles en sept 2013.
Un nouvel auteur est entré dans notre maison, « Svetlana Alexievitch » la « fin de l’homme rouge » paru chez Actes sud à Arles en sept 2013. C’est un livre à la mode sur les présentoirs de la Fnac. C’est un auteur qui fut invité dès sa parution dans la Grande Table l’émission de Catherine Broué à midi sur France Culture.
C’est un livre qui fut critiqué sans exigence. On en a fait des louanges sans jamais en dire rien de sérieux. C’est pourquoi nous avons l’avantage d’une critique libre. Et cette fois foin de littérature, c’est de politique dont il s’agit car ce que l’auteur nous explique bien c’est la formation d’une société fasciste. En effet en Russie après la déglaciation (on nous pardonnera cette traduction libre de Perestroika) il n’y a jamais eu le moindre procès. Ce que Mme Alexievitch nous montre c’est que les victimes et les bourreaux vivent ensemble.
C’est très important mais ça rend le livre difficile à lire. Replacez-vous dans les années 70 quand Soljenytsine fait des révélations sur le Goulag et constatez qu’en 2014 ce furent des révélations sans suite. Un immense no man’s land d’indifférence s’est accumulé sur la façon dont les choses se sont produites en Russie et sur les souffrances qui ont été engendrées.
Donc soyons nets les témoignages qui constituent ce livre, une vingtaine, sont ennuyeux a lire et très difficile à supporter car de nombreuses atrocités y sont reportées. Vous l’ouvrirez mais ce ne sera pas un départ vers une partie de plaisir. Vous ne trouverez pas là « la littérature de l’imagination » qui enchante le lecteur français et fait de la lecture une activité d’évasion. Pour l’évasion s’est raté.
Vous allez au contraire pénétrer un univers de la révélation et vous lirez des choses qui n’ont jamais été dites ailleurs car se sont des interviews oraux et enregistrés qui sont reportés. Au travers de ces histoires, le stalinisme avait encore beaucoup de choses à nous révéler. Les gens n’avaient pas encore été assez au fond des choses. Il y avait eu trop de torsions dans les témoignages. Les kremlinologies n’avaient servi à rien. D’ailleurs écouter aujourd’hui où l’Ukraine est à feu et à sang ils n’ont rien à dire. Les kremlinologues avec leurs 100 millions de morts n’ont pas su faire le diagnostic d’une société qui n’a pas de justice.
Aujourd’hui où commencent les jeux olympiques de Sotchi cette note de relation sur la fin de l’homme rouge est le seul moyen de défense existant contre le système autocratique que construit Poutine et qui va forcement s’étendre dans le monde. Le monde s’éloigne sans peur de l’élan démocratique qu’il a connu à la fin du 20° siècle. La démocratie n’a pas été triomphante et même plutôt décevante. Les électeurs sont lassés de bulletins de vote inutiles et préfèrent souvent se détourner du système autocratique qui se met en place.
Avec Vladimir Poutine on assiste à un retour du stalinisme. Les kremlinologues croyaient que c’était le nombre de morts qui comptait, et qu’on allait se quereller sur le montant macabre du décompte. Pas une seconde ils n’ont pensé à Khrouchtchev qui avait ouvert le premier les archives après avoir été le massacreur de l’Ukraine. Alors qu’en vérité ce sont les relations du Komintern avec tous les pays dans lesquels il a travaillé qui ont apporté au pouvoir russe un savoir immense dans ses relations avec les démocraties européennes comme dans ses relations avec les pays arabes. Peu importe la richesse nous dit Mme Alexievitch, seule compte la grandeur. Avec Staline ils étaient grands et ils trouvent le moyen de continuer à l’être ( seulement au prix de quelques petits mensonges ). Les bourreaux ont oublié leurs actes comme par exemple les tortures qu’ils ont pratiquées. Les témoins n’existent plus, sont sous pression ou bien n’ont pas de preuves.
Meleze
Livres du même auteur
et autres lectures...
Copyright e-litterature.net
toute reproduction ne peut se faire sans l'autorisation de l'auteur de la Note ET lien avec Exigence: Littérature