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Confiteor - Jaume Cabré
mercredi 19 septembre 2018 par Meleze

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C’est un roman qui nous plonge dans une atmosphère très spéciale, celle des objets anciens. Le sujet du livre est un violon d’une très grande valeur, unique, fabriqué à Crémone comme les violons de Stradivarius. Le héros est un lâche qui s’enfonce dans une confession. La lâcheté n’apparaît pas au premier regard. Au contraire dans la première phase de l’histoire le héros affronte son père et paraît donc plutôt courageux. La lâcheté provient de la tonalité générale de la confession qui s’enfonce progressivement dans un cercle qui se transforme en tourbillon puis nous entraîne dans le fond. Vous ne lirez sûrement pas ici ce qu’écrit Télérama "on aime passionnément". La critique littéraire ne consiste pas dans la complaisance.

Ce livre n’est pas très agréable. Il est parfois violent et aussi vulgaire. Les personnages de l’histoire rentrent en scène les uns après les autres sans qu’ils ne soient jamais annoncés. Parfois c’est juste au détour d’une phrase qu’on peut se retrouver à changer d’époque ce qui vous oblige à reprendre la lecture en arrière d’une à plusieurs pages.

Mais on fera abstraction de ces défauts d’écriture et on suivra deux filières intellectuelles qui se distinguent dans ce livre qui est aussi une "histoire européenne des idées politiques".

1) Confiteor qui signifie "j’avoue" en latin attribue au catholicisme le fascisme hitlérien. C’est une thèse inédite en France où on a plutôt tendance à rattacher le fascisme au protestantisme. A la question de savoir si Hitler avait une religion il est souvent répondu que "non" puis qu’il s’est efforcé de séduire les haut gradés protestants de l’armée impériale dont il n’avait que le grade de caporal. Néanmoins ses parents sont incontestablement des Autrichiens catholiques. L’organisation de la fuite des nazis vers l’Amérique Latine, voir la compromission du pape lui-même ont mis l’accent sur cette paternité catholique du nazisme.

2) Puis Confiteor attribue à la Catalogne l’honneur d’avoir conservé l’esprit de l’inquisition pour le transmettre au nazisme de telle sorte que les catholiques fascistes ont trouvé naturellement dans leur foi l’art de torturer leurs prisonniers juifs. La Catalogne, par la bouche de J.Cabré avoue. Reconnaissez qu’il n’y a pas de quoi lui attribuer son indépendance à la suite d’un tel aveu. On a affaire à un livre nationaliste qui plaide la cause du nationalisme par son principal échec celui d’avoir engendré une doctrine totalitaire.

C’est complexe. Peu d’entre vous bien que lecteurs exigeants finiront le livre. Et pourtant il y a aussi une interrogation sur la formation donnée par les familles aux enfants qui se dégage de l’ensemble. Des familles impliquées dans le nazisme peuvent avoir des enfants rebelles à la doctrine de leurs pères, de la même façon que des familles qui ont été résistantes ou hostiles à la vague nazie engendrent à leur tour des nationalistes convaincus prêts à collaborer avec la pègre pour le succès d’une dictature. La rotation des générations provoque des changements d’idées sur lesquels Confiteor met violemment le lecteur en cause.

Mélèze



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