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Neige à tout faire, roman de Guy Heitz

Sous-titré "Un bel hiver", ce livre est publié à titre posthume chez L’Harmattan dans la collection Ecritures

samedi 8 octobre 2022 par Françoise Urban-Menninger

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Fondateur du Conseil des Ecrivains d’Alsace, Guy Heitz (1932-1992) est une figure majeure de la littérature alsacienne, il est l’auteur de plusieurs romans et recueils de poèmes. "Neige à tout faire", son deuxième roman dont l’écriture a débuté en 1957 et s’est achevée en 1959 aurait pu être écrit en 2022 tant la fiction rejoint aujourd’hui notre réalité !

Le monde bascule dans une ère glaciaire qui amène quelques survivants à s’organiser et à s’installer dans les caves d’un immeuble. La mort est omniprésente, elle s’invite dans un quotidien où la survie passe par son acceptation...Ainsi, on jette les cadavres par les fenêtres, ils sont engloutis par la neige...L’ironie mordante de Guy Heitz nous revient en boomerang dans ce "bel hiver" où la température ne cesse de descendre ! Aucun pays n’est épargné par ce phénomène qui défie la raison, la neige ne cesse de tomber jusqu’à faire disparaître les derniers édifices.
La compagne du narrateur, Flore, meurt dès les premières page du roman. Très vite, il ne reste qu’un petit groupe de survivants qui s’organisent en récupérant dans d’autres caves ce qui leur permet de se chauffer et de se nourrir. Le temps semble figé dans un huis-clos dont le coeur battant est tout entier dédié à un poème baroque irradiant de beauté.
Les fêtes se succèdent et Guy Heitz de laisser libre-court à l’écriture lumineuse du poète "...et les grands abat-jours tricolores, teints d’orange, d’ocre et de carmin, offraient à nos corps une lueur fauve..." ou encore "les cadences de la musique peu à peu épousant celles des vins/ nous donnèrent l’assurance des magiciennes et des sorciers..." Les corps, les âmes sont ballotés jusqu’à ce non retour que l’auteur appréhende de l’autre côté des mots. L’horreur devient la norme quand les survivants dévorent des rats et se mettent à les élever.
Vivre pour vivre, c’est peut-être là la question essentielle de ce roman qui nous invite à nous interroger sur le sens même de l’existence. Et quand arrive l’inéluctable dénouement, on ne peut que conclure "Tout cela pour ça"...
Mais Guy Heitz en se confiant au Magazine littéraire avait affirmé en 1967 : "J’écris dans l’espoir d’une époque qu’aucun dieu jaloux de nos douleurs ne viendra corrompre".
Bien évidemment, ce roman propose plusieurs lectures dont celle qui concerne notre actualité immédiate et cette fameuse sobriété énergétique dont on nous vante les vertus. Ecopoétique, ce roman l’est certainement ! En refermant la dernière page, nous savons que nous faisons encore partie des vivants mais pour combien de temps ?

Françoise Urban-Menninger

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