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Petit lexique amoureux - Prose et rimes de l’amour menti - Jacques Reda
samedi 28 septembre 2013 par Jean-Paul Gavard-Perret

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De l’Amour

Jacques Réda, « Petit lexique amoureux », Fata Morgana, Fontfroide le Haut, 2013, 40 pages, 9 euros
Jacques Réda, « Prose et rimes de l’amour menti », Même éditeur, 64 pages, 12 euros

Plus que jamais proche des interrogations existentielles Jacques Réda propose deux corpus sur le sentiment amoureux. Ce dernier échappe ici à une visée platonicienne : la dimension physique n’est pas absente, pour aborder la question du désir, du manque et de l’oubli ce serait d’ailleurs tomber dans une impasse. Toutefois Réda ne se veut ni clinicien, ni spécialiste de la question : d’où les multiples entrées stylistiques qu’il propose : la prose, le vers et aussi l’abécédaire. Ce dernier de A à Z collationne vingt-six prénoms de femmes qui ont été croisées, aimées ou manquées dans le parcours affectif de l’auteur.

Celui-ci incarne sous divers aspects l’espace de la rencontre amoureuse et les blessures qu’elle induit. Le physique y rejoint la métaphysique par sauts et gambades, envolées et placages. Le poète ne veut surtout pas qu’on le prenne pour un Casanova : «  c’est à peu de chose près le contraire » écrit celui qui à l’inverse du Vénitien ne prétend rien maîtriser dans la question féminine puisque seul son intérêt était son plaisir : «  j’appartiens plutôt à la catégorie de ceux pour lesquels la promesse parfois délusoire de ce résultat n’est qu’un aiguillon, peut-être essentiel, dans le mode opératoire d’une quête au dessein plus fondamental » ajoute Reda. Au besoin il s’appuie sur l’absence de la femme pour comprendre les vagues et les affres du plaisir. Ce dernier reste plus ou moins « déceptif » sur un plan fonctionnel, mais il ouvre néanmoins sur des propensions plus profondes.

Venues de lieux et de rencontres bien différentes les femmes de son abécédaire permettent à la fois de pousser la réflexion et de poursuivre un rêve que le poète continue seul, mais pour deux. L’amour devient donc un temps volé où se forme un songe. Replonger en lui donne une satisfaction plus longue, mais accorde - le temps venant - une lucidité. Réda montre ainsi comment l’absence n’attire pas, mais pourtant se prend. L’homme regarde celle de la femme dans la sienne. Et c’est ainsi qu’elle l’empêche de vieillir.

A n’en pas douter si Réda devais recommencer à écrire il commencerait par ce qu’il écrit aujourd’hui. Mais hélas « de l’amour » ne s’acquiert et ne s’écrit non à l’entrée de l’éducation sentimentale mais vers sa fin. La lumière se réfléchit un peu mieux lorsqu’il ne reste de ses flammes que l’épure. Le rouge du désir en sa grande marée dans la houle du sang ne peut en effet se targuer de conscience. La mâle assurance fait une croix dessus. Mais il faut bien en effet qu’un jour la conscience commence…

Jean-Paul Gavard-Perret

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