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Né d’aucune femme - Franck Bouysse
mercredi 6 février 2019 par penvins

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Il y a dans ce roman la grande violence de l’oppression sociale. Avec une économie de moyen Franck Bouysse ne permet pas un instant que l’on doute de la toute-puissance du maître des forges ni de l’usage qu’il peut faire de sa position de possédant sur ceux que son argent achète. L’action se situe en France en un temps qui pourrait être le XIXe siècle mais pourrait tout aussi bien se situer dans une Amérique esclavagiste. Le marquage au fer rouge comme l’enchaînement des pieds font partie des moyens d’affirmer que l’on ne cédera pas aux caprices de l’esclave pas plus que l’on ne cède à ceux du manant dont on a acheté la fille s’arrogeant sur elle tous les droits.

Bien entendu tout rapprochement avec certaines situations contemporaines ne pourrait qu’être le fait de la mauvaise foi du lecteur. Franck Bouysse fait naître un enfant non d’une mère porteuse mais d’une adolescente violée. Sauf que ces viols sur une fille sans défense sont perpétrés précisément pour que le maître ait un héritier et que cette fille a été achetée pour cela.

À la fois roman policier avant tout efficace et conte universel Né d’aucune femme met en scène la famille patrimoniale dans ce qu’elle a de plus cruel, l’injonction d’avoir un héritier se révélant tellement forte qu’elle justifie les crimes les plus abominables.

Je me suis battue toute ma vie pour que la famille ne s’arrête pas... la famille... c’est cela le plus important. Préserver la famille coûte que coûte, préserver le nom que l’on porte, c’est le nom qui demeure.

La mère de Rose, elle, n’a mis au monde que des filles et le malheur de ces fermiers vient aussi de là

leurs malheurs prenaient naissance là, dans son incapacité renouvelée à mettre au monde un fils

Il faut s’attarder sur le personnage d’Edmond
Toute ma vie j’ai failli être un homme :
Le roman doit sans doute être compris à partir des couples Edmond/Charles, Rose/Rose, Le fils malade de la première Rose/Le fils de la seconde Rose qui est présenté lui aussi comme chétif.

D’un côté le maître des forges, de l’autre son frère (Edmond) celui qui n’a jamais agi, celui à cause duquel la première Rose n’en pouvant plus de s’occuper de son fils l’a tué.

elle avait tué son fils pour le délivrer de son mal

D’un côté une Rose abandonnée : alors qu’elle est enfermée Edmond ne va plus la voir, de l’autre une Rose dont il est amoureux et qu’il viendra délivrer.

du souterrain déblayé par Charles et Edmond afin de délivrer Rose, et condamné depuis.
Je sais qu’ils y sont parvenus.

Edmond, le demi-frère, le palefrenier qui initie Rose à l’équitation faute de l’avoir convaincue de la dangerosité du maître, Edmond qui se reproche son manque de courage, Edmond qui a laissé sa femme tuer son fils trouve à travers la jeune Rose le chemin de la rédemption.

Ce n’est bien sûr qu’une piste de lecture de ce roman qui mérite d’être lu en oubliant l’étiquette de polar, genre auquel il appartient mais qu’il dépasse si le lecteur accepte de ne pas s’en tenir à la fascination de l’écriture et d’une intrigue terriblement efficace.

Derrière chaque texte et particulièrement celui-là, il y a un auteur, je veux dire une destinée humaine.



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