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Injures précédant un amour légendaire, Valéry Zabdyr

Nouvelles publiées aux éditions Unicités

vendredi 12 janvier 2024 par Françoise Urban-Menninger

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D’emblée, il est évident que dans la première nouvelle Valéry Zabdyr ne fait pas dans la dentelle ! Pour désinhiber sa parole, cet auteur, haut fonctionnaire, a choisi un pseudo Zabdyr qui pourrait être l’anagramme de Byzard...Or l’injure en littérature française a ses lettres même si elles ne sont pas de haute noblesse, elles ont toujours procédé d’un jeu langagier transgressant ouvertement la bienséance et la civilité. De nombreux dictionnaires, dédiés aux "gros mots", témoignent d’une grossièreté quasi institutionnelle en lien avec le langage qualifié d’ordurier.


Mais quand l’on songe que l’origine de bien de nos vocables ne proviennent pas du latin classique mais bien de la langue populaire, voire argotique tel testa qui renvoyait à une cruche alors que caput nous est parvenu dans ce couvre-chef dont il ne reste que le chef qui se doit d’être une tête, on ne peut que se délecter de perles pêchées dans la lie d’une soi-disant inculture. La linguistique ne se pose pas la question d’une hiérarchie entre les niveaux de langage, c’est la société bien-pensante qui les impose dans un entre-soi dont Valéry Zabdyr se plait à en casser les codes. Le déferlement de grossièretés, que l’on découvre dans la première nouvelle baignant dans la scatologie, génère, après l’étonnement, un fou rire libérateur car voilà exposées, sur la page blanche, nos pensées les plus noires, refoulées par ce fameux surmoi freudien.
Lorsque le narrateur descend dans le métro, il déclare "Ce n’est pas un transport public, c’est une bétaillère et une maison close où le boudinement tiendrait lieu d’enseigne". Dans ce même esprit, Raymond Queneau écrivait dans son essai Exercice de style "...je finis par monter dans un autobus immonde où se serrait une bande de cons"...Le ton est donné et l’on se surprend à apprécier les délires inventifs du narrateur "Mais bordel de tonnerre de trou de fion lyophilisé , regardez cette silhouette qui se pavane sur les pavés", j’en passe et des meilleures que je laisse découvrir aux lecteurs !
La clé de cette haine envers l’humanité n’est autre que la détresse et le malheureux héros de ce récit de nous confier : "La détresse est toujours une honte, une manière d’arrangement entre soi", et d’ajouter "Devant ces clowns à bandoulières, j’ai honte d’appartenir à l’humanité, d’être avec eux". La seule arme du narrateur désabusé pour lutter contre la haine de soi, devient la grossièreté langagière dont il use et abuse et qu’il pratique sur le ton de l’autodérision. Valéry Zabdyr renoue avec la verve des auteurs comme Céline, Claudel, Camus et bien d’autres qui pratiquaient l’injure avec talent car l’insulte est un art.
Dans la deuxième nouvelle intitulée "Un amour de légende", l’horizon s’éclaircit, le narrateur évoque la beauté de Nathalie, la femme aimée en ces termes "Elle était l’écho bronzé du vent, une sorte d’ajout d’émeraude". Entre les allusions à Marcel Moreau, Renan ou Mallarmé dont Jules Renard déclarait qu’il était "intraduisible même en français", l’auteur nous avoue " Pourtant, si je n’avais pas rencontré l’amour, j’aurais été corrompu, corrodé, incomplet" et cependant d’avoir annoncé auparavant "En littérature, tout paraît sur-écrit sur ce sujet"...La dernière nouvelle prolonge l’émerveillement du narrateur qui renaît au monde "dans le sillage de Nathalie", il conclut en affirmant "Elle était la femme de ma vie"...Aragon l’avait prédit "La femme est l’avenir de l’homme"...

Françoise Urban-Menninger



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