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Ecrire et dire - Jérôme Garcin

Editions Equateurs France Culture

lundi 18 mars 2024 par Alice Granger

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Dans cette série d’Entretiens avec Caroline Broué, au moment où il quitte « Le Masque et la Plume », Jérôme Garcin se « rassemble », au sens, dit-il, du « rassembler » qui « est l’attitude du cheval qui lui permet d’effectuer, en dressage, des exercices de haute école ».
Comme si lui, au moment de partir, s’assurait de laisser des traces, pour tenter de cicatriser à travers celles-ci les doubles pertes brutales comme sans restes dont il ne s’était jamais remis, celle de son frère Jumeau Olivier à l’âge de 6 ans renversé par une voiture, celle de son père dix ans après d’une chute à cheval, dont il n’avait rien pu retenir, garder, ces vies chères étant parties sans qu’il puisse leur dire adieu. Lui, il enlève le masque et prend la plume en même temps qu’à voix nue, il raconte. Il se fait le témoin d’êtres humains chers qu’il nous présente dans leur paysage, où ils deviennent des paysages humains, et lui-même le devient aussi, nourri de leurs leçons de vie transmises. Les sentant comme lui-même de manière gémellaire, on dirait qu’il s’acquitte aussi en leur nom d’un devoir de mémoire, dans lequel chacun s’incarne, compte, est singulier. Ceci aussi, dans son activité littéraire, en faisant connaître aux auditeurs et lecteurs des auteurs oubliés, peu connus, négligés. Si des traces restent de chacun d’eux, par l’écrire et le dire, leurs récits de vie peuvent venir résonner avec d’autres vies, peut-être les ensemencer d’une flamme vivante, prendre ainsi du sens, si la bibliothèque les garde à disposition. Laisser des traces, transmettre, ne serait-ce pas sentir l’autre qui reste ou qui va naître dans le futur comme soi-même en lui laissant des témoignages de vie, et qui qualifie le lien humain, dans une vie qui devient plus grande qu’elle-même, de gémellaire ?
Dans ces « Entretiens », Jérôme Garcin s’étonne en effet d’avoir eu ce besoin de « raconter ce qui en vérité ne regarde personne », alors même que son éducation, le goût du secret, la détestation de l’épanchement, auraient dû l’en empêcher. Par ce impératif qui l’habite d’offrir des traces, cet être profondément humain qu’est Jérôme Garcin, qui a fait vibrer cette humanité aussi dans sa longue activité littéraire, s’il se présente en homme étrangement du passé, nous sentons que c’est parce qu’il veut que de ce passé quelque chose ne passe jamais : pour que résonne le chapitre singulier que chaque humain laisse dans la longue histoire de l’aventure humaine comme traces offertes aux vies d’après. Il veut aussi faire sentir la vulnérabilité de la vie. Baisser le masque, se mettre à nu en prenant la plume, se faisant voix nue, très humaine, touchant au cœur.
Le premier personnage qui vient s’incarner en une présence très humaine est ce grand-père paternel, dont il est question dans « Le syndrome des Garcin », qui a fait des découvertes fondamentales en neurologie. Mais ce qu’en retient surtout son petit-fils, c’est son exercice très humain de la médecine, qu’il enseignait à ses internes de la Salpêtrière, leur disant que leurs seuls maîtres, c’étaient leurs patients. Savoir prendre la main du patient, on pourrait dire littéralement le sentir comme soi-même de manière gémellaire, toujours faire précéder les examens complémentaires du geste clinique simple et ancestral. Témoignage sans prix d’une médecine humaine, proche du corps, dont s’éloigne tant la médecine actuelle en 3D, qui est une médecine sans le corps. Le grand-père Garcin de Jérôme Garcin, Raymond Garcin, était donc un scientifique humaniste. De même que le grand-père maternel également médecin, il s’était nourri autant de traités de littérature que de traités médicaux, et ces deux grands-pères lui ont transmis le goût de la littérature, donc le goût d’humains qui en écrivant laissent des traces verbales dans la bibliothèque, les mots, le verbe, ayant aussi le pouvoir de ressusciter la vie en souffrance, orpheline, mélancolique. Voilà la première transmission de « Ecrire et dire ». Cet humanisme en médecine, qui s’est perdu, et sent l’humain qui est malade, vulnérable, comme soi-même, dans un lien qui est, même si Jérôme Garcin ne le nomme pas, de nature gémellaire, comme lorsque l’on met l’humain au cœur des choses, ainsi que la commune vulnérabilité, mortalité. Ce grand-père paternel médecin, les leçons de vie à son petit-fils, qu’il voyait finalement peu, étaient celles d’un sacerdoce, il se dédiait à ses patients, à sauver des vies, il lui disait ainsi que chacune des vies est sans prix. Pour lui, la base de la médecine, c’était l’amour, et sans doute un amour qui vibrait par la mortalité de la vie, où la chaleur humaine était vitale en sentant aussi le froid de cette mortalité, et donc Olivier était présent sans fin dans l’humanisme de ce médecin, silencieusement. Mais, pendant les étés en Normandie, l’après-midi s’il faisait beau, et sans jamais quitter son costume trois-pièces, il emmenait son petit-fils en voiture jusqu’au haut de la falaise que les rangers américains avaient escaladée en 1944, et là, il se mettait à peindre. Sur sa toile apparaissait la plus rieuse et la plus accueillantes des mers, celle qui lui rappelait sa Martinique natale, il lui ouvrait son espace d’artiste goûtant une liberté absolue, il lui donnait accès à l’être poétique qu’il était et dont la mémoire poétique de paix d’une enfance heureuse restait en lui vivante, comme s’il se présentait en être poétique universel, et donc faisant vibrer une proximité gémellaire. Alors-même que sa propre enfance poétique heureuse, Jérôme Garçon en avait vécu la destruction brutale avec la mort de son jumeau. Ce grand-père, en peignant, faisait ressusciter pour son petit-fils un peu de cette enfance gémellaire heureuse, en lui faisant entendre que par-delà la mort, il en reste toujours quelque chose, miraculeusement indemne.
Ces deux grands-pères médecins incarnent littéralement la transmission (et donc, ils s’avèrent aussi des « soignants » de l’âme brisée pour leur petit-fils doublement orphelin, de son jumeau, de son père) : celle de la passion de la médecine, ainsi que le catholicisme. Mais si, chez les Garcin, on était médecin de père en fils, du côté maternel, la médecine se transmettait de beau-père à gendre, donc à travers l’épouse. C’est ce grand-père maternel, pédiatre, qui a été le protecteur et le réconfort du jumeau sans jumeau que Jérôme est resté après la mort de son frère Olivier, puis après la mort de son père. Surtout, c’est lui, avec la grand-mère maternelle, qui lui a parlé de son frère et donc l’a fait revivre. Qui évoquait leur vie de jumeaux d’avant l’accident. Qui, par le verbe, l’a réarrimé à ce temps de la gémellité, à ce temps où ils étaient deux et qu’il sentait son jumeau exactement comme lui-même. Qui l’a baigné par les récits dans la source de cette qualité de lien humain différente, souvent, de manière chaleureuse, alors-même qu’avec sa mort brutale lui le survivant avait l’impression d’avoir perdu son âme. Ces paroles avaient le pouvoir de la lui rendre. Ce grand-père lui ayant transmis que la parole avait un pouvoir sur la douleur en redonnant de la vie à l’absence. Même si Jérôme Garcin a mis longtemps à mettre en pratique ce pouvoir de la parole en offrant lui-même son récit singulier de vie. Le récit d’une vie de qualité, s’étant transmise dans la famille, ayant le pouvoir d’inspirer d’autres vies, de passer un flambeau humaniste. Le goût de l’humain, à travers la médecine mais aussi des témoignages de vie que transmet la littérature. Le goût de l’humain qui fait tomber, dans ces « Entretiens », le masque, met à nu la douleur, la vulnérabilité, les deuils impossibles, des fragilités familiales, mais aussi la vie qui trouve des occurrences miraculeuses pour réussir à vivre. Comme Jérôme Garcin retrouve un jumeau dans Bartabas le nomade, qui est un artiste des chevaux, vit dans sa roulotte, comme s’il avait fait le choix de vivre ailleurs, visibilisant l’ailleurs où avait disparu Olivier le jumeau, peignant un paysage tandis que celui où le frère avait disparu n’avait pas d’image.
Ce sont les parents de Jérôme Garcin qui ont rompu la transmission de la médecine, qui ont mis un terme à la double dynastie médicale. Son père a fait le choix de la littérature. Sa mère celui des Beaux-Arts, de la peinture, de la restauration de tableaux anciens (question de la transmission, là aussi, Jérôme Garcin voyant sa mère guérir les toiles malades, faisant des miracles, de même que son père éditeur soignait les manuscrits « patraques » de certains de ses auteurs, pour leur donner le jour en obstétricien). Jérôme Garcin s’est dit que ses parents, tout en rajoutant leur chapitre très singulier, n’avaient donc pas vraiment rompu avec la lignée médicale de leurs aïeux, au contraire ils avaient été accueillis et nourris par les récits vivants qu’ils avaient transmis, pour inventer leurs propres vies, tout en restant fidèles aux leçons humanistes. Jérôme Garcin lui-même voulait s’inscrire dans cette transmission, devenir médecin comme les Garcin, peut-être en rêvant qu’ainsi il sauverait encore son frère jumeau. Sauf que la mort de son père brisa l’élan, et que c’est du flambeau de la transmission littéraire qu’il se saisit, en double orphelin, de son jumeau et de son père, en allant dans les traces de son père étudier en khâgne, dans la même Ecole préparatoire que son père, oubliant la médecine pour épouser la littérature et la philosophie, devenant pleinement « le fils de mon père, le jumeau rescapé qui lui survivrait et le prolongerait ». C’est-à-dire en étant lui de manière gémellaire afin d’aller en reprenant le flambeau écrire son propre chapitre singulier. En reprenant aussi le flambeau des mains de ses deux grands-pères, puisque, grâce à eux-aussi, il avait eu « la chance inouïe de naître dans un berceau de papier », puisqu’il y avait les riches bibliothèques de ces deux aïeuls si cultivés et celle de son père. Jérôme Garcin a toujours respiré « le merveilleux parfum du papier », sans lequel il ne saurait vivre. Dans le récit qui se fait par ces Entretiens, cet « Ecrire et dire », il témoigne d’une transmission qu’il remet dans une dynastie paternelle et maternelle par la littérature, et qui garde la fidélité à la médecine en ce sens qu’il fait résonner à quel point la parole et les récits sont miraculeux pour la vie qui se poursuit par-delà sa mortalité, à quel point ce qui est transmis est nourricier, inspire, est flamme qui s’ensemence dans la vie qui reste orpheline (d’un jumeau, d’un père). Alors, dans le sillage du traumatisme terrible de la mort accidentelle du père qui ravive celle du jumeau dix après, Jérôme Garcin s’apprête déjà à déroger au devoir de réserve familial, à cette loi impérative de ne jamais rien dire de soi, des blessures familiales. Lui, avec longtemps une infinie résistance, allait briser cette loi du silence. Il n’allait pas partir – et ici du « Le Masque et la plume » - sans enlever le masque, justement, sans laisser de traces, sans se rassembler afin d’ensemencer. Sans sentir les « autres » qui se nourriront de ses leçons de vies si riches en humanisme comme « lui-même », de manière gémellaire. C’est-à-dire répondre par ces paroles, par ce « Ecrire et dire », à leur soif et désir que des prédécesseurs-compagnons-passeurs viennent au-devant d’eux pour leur transmettre par leurs témoignages le flambeau de leurs vies à inventer en ayant les leurs comme paradigmes, comme lui-même en avait manqué par la mort brutale de son jumeau et de son père, dont lui est allé chercher les traces, en y ajoutant les siennes.
Dans son livre, « Mes fragiles », il ose alors témoigner d’une fragilité humaine, qui dans sa famille s’est imposée brutalement par une anomalie génétique frappant le chromosome X fragile et qui, lorsqu’elle se manifeste (il y a des porteurs asymptomatiques, comme Jérôme Garcin lui-même qui l’a transmise à sa fille et à sa petite-fille), a des symptômes proches de l’autisme (son frère Laurent). C’est alors que sa vie avec Anne-Marie, son épouse (fille de Gérard Philipe) et ses enfants, semble très belle, à la fois professionnelle et familiale, lui faisant croire qu’il avait rangé dans un tiroir toutes ses blessures et souffrances, comme dans l’obéissance à la loi impérative du silence, que la découverte de la terrible anomalie génétique frappant sa famille du côté de la lignée maternelle s’abat sur lui. Cette belle vie, si réussie de tous points de vue, se met à résonner avec le silence et l’écart dans lesquels toute la famille l’avait tenu après la mort de son jumeau. La famille avait même effacé toutes les traces de ce jumeau. De sorte que, les absents restant en lui de manière obsédante, longtemps il ne put tellement rien en dire qu’il avait des problèmes immenses à parler, n’arrivait pas au bout de ses phrases, fondait en larmes. Or, avec « Le Masque et la Plume », c’est cette parole-même qui s’est entraînée, qui s’est lancée, qui a réussi à s’envoler, en faisant connaître aux lecteurs des auteurs oubliés, inconnus, à donner à la lumière.
Au rythme de ces « Entretiens » avec Caroline Broué, sa parole est capable de dire ce qu’elle ne pouvait pas dire à cause de l’écart dans lequel, pour le protéger, sa famille l’avait tenu de la mort de son frère, et faisant qu’il n’avait pas pu lui dire adieu. Mais aussi que ce jumeau n’avait pas pu lui tendre des traces vivantes pour toujours, partant lui-même en paix. Il fait le récit de l’accident fatal. C’était une belle journée, une douce fin d’après-midi, les jumeaux étaient à l’arrière de la voiture, le père conduisait, la mère était à côté de lui, c’était une route de campagne en Seine-et-Marne. Soudain Olivier demanda à son père de s’arrêter, parce qu’il voulait voir les vaches dans un champ, de l’autre côté de la route bordée par des peupliers. La description est précise. Olivier ouvrit la portière et fut fauché par une voiture, arrivant très vite, qui ne s’arrêta pas. Deux traumatismes, Olivier par terre, dans le coma, et cette voiture qui ne s’arrêta pas. Olivier n’est pas mort tout de suite, est resté quelques jours à l’hôpital, dans le coma, mais son jumeau Jérôme n’a pas pu vivre avec lui cette antichambre de la mort, cette agonie, et cela lui manque encore aujourd’hui de ne pas avoir pu l’accompagner. (A son père non plus il n’a pas pu dire adieu). Or, dans ce récit que Jérôme Garcin fait, c’est autre chose qui frappe. Si Olivier a demandé à son père de s’arrêter, c’était parce que, en enfant poète, il était irrésistiblement attiré par la beauté du paysage de campagne, par ces vaches dans le champ, par les choses terrestres sans prix, c’était parce qu’il voulait les rejoindre, en sortant de cette voiture qui, peut-être en avait-il l’impression », l’en séparait, roulant vers ailleurs alors que lui voulait arrêter le temps à ce paradis sensible ? Ce récit de Jérôme Garcin tend un travail de reconstruction, d’invention, en imposant une version nouvelle, comme les traces à lui laissées par son jumeau, ce récit d’un enfant poète qui avait réellement désiré vivre cette expérience de la beauté sensible, du paysage sublime, qui avait comme décidé de ne jamais sacrifier cette vie poétique au contact direct des choses si belles qu’elles appelaient à elles. Récit nouveau, traces jamais encore comprises ainsi qui sont destinées à toucher en son jumeau survivant le même être poétique en vérité universel en l’humain qu’il est. Alors, dans sa vie au service de la littérature, comme en amitié, Jérôme Garcin sera toujours si étrangement soucieux de replacer un écrivain, ou un ami, dans son paysage, les lieux où ils ont vécu ou bien où ils vivent, qu’ils ont aimés comme si en y allant ils s’évadaient de la vie ordinaire, y retrouvaient la poésie, la beauté. Cet impératif, en lui comme du sacré, de replacer l’humain au contact direct des choses, comme Olivier avait voulu sortir de la voiture pour larguer les amarres vers le champ, les vaches. En faisant dans les Entretiens le récit de l’accident, les traces laissées par Olivier arrivent enfin à son jumeau Jérôme, amenées par ses propres paroles comme si elles étaient celles de son jumeau, puisque ce sont les paroles de l’être poétique universel en l’humain, qui fait résonner ce que met en jeu le lien gémellaire. Qui met au cœur de l’humanité le poète, et son goût non renonçable pour la beauté des choses qui, sur le bord de la route de la vie, donnent de la joie à l’être humain, de manière miraculeuse. L’insupportable scène, qui empêchait Jérôme Garcin d’en parler, se change, en en parlant, en quelque chose de merveilleux, puisque le jumeau est là, en soi, c’est le poète universel, il ne l’a pas vraiment perdu par-delà la mortalité de la vie, puisque chaque autre rencontré peut être senti comme soi-même, en poète sensible à de la beauté, à chaque fois différente pour chaque humain.
Dans ces Entretiens, Jérôme Garcin nous offre aussi le témoignage de comment il s’est débrouillé pour pallier le fait qu’il n’a pas pu dire adieu non plus à son père, après sa mort accidentelle à la suite d’une chute à cheval (son récit nous disant que cette mort, de même que celle d’Olivier était le fait de l’irresponsabilité d’un chauffard, était de la responsabilité d’un homme, au centre équestre, qui lui avait donné à monter un cheval dangereux, sauvage, qui s’était emballé) : il avait écrit à Anne, épouse de Gérard Philippe, qui avait donc, elle-aussi, perdu un être cher, mais elle, elle avait pu l’accompagner. Il alla la voir souvent, elle lui raconta les derniers mois de l’acteur génial qu’il admirait tant, elle lui dit qu’elle l’avait laissé dans l’ignorance qu’il allait mourir. Mais Jérôme Garcin arrive à son propre jugement, Gérard Philippe avait sûrement compris qu’il était perdu, et c’est au contraire lui-même qui avait voulu protéger son épouse en ne lui en parlant pas. C’est là qu’il rencontre la fille d’Anne et Gérard Philippe, en tombe follement amoureux, et l’épouse. Et ainsi, il peut aller dans le paysage, la maison d’été, où a vécu Gérard Philippe, l’imaginant vivant, humain, artiste. Rejoignant l’artiste, l’acteur, le poète, le double gémellaire universel, dans son propre paysage. Dessinant l’humain en paysage humain. Ce sera la base pour son intérêt pour les écrivains, pour en parler dans le métier de critique littéraire qu’il réinvente, toujours dans le sens d’une transmission de paysages humains inspirateurs pour les vies nouvelles afin de s’inventer en paysages humains nouveaux.
Jérôme Garcin témoigne à quel point il est en paix, d’avoir rendu par la parole et l’écriture, ses absents vivants. Et, dans « Mes fragiles », c’est son frère Laurent, porteur du X fragile, qui vivait comme un autiste sur lequel veillait sa mère afin qu’il soit vivant par-delà son handicap, qui nous apparaît lui-aussi en artiste aimant la beauté, en peintre, qui a donc, sans doute avec cette mère elle-aussi peintre, pu vivre en s’évadant dans le monde sensible, les paysages. Réussissant à faire quelque chose de beau, de riche en sensations, d’une vulnérabilité humaine portée à son paroxysme par l’anomalie génétique.
Par « Ecrire et dire », Jérôme Garcin témoigne d’une vie dédiée à mettre l’humain au cœur des choses, d’une écoute humaniste de ceux qui, par leurs œuvres, transmettent, laissent des traces. Il reste, en quittant « Le Masque et la Plume », un critique littéraire véritablement transmetteur des traces vitales qu’offrent les œuvres laissées dans la bibliothèque, et, comme il le dit, on ne lit plus comme cela aujourd’hui les livres.
Alice Granger



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